26.

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Kettering, the Antlers.

Deux mains se posent sur mes épaules, la voix du coach résonne dans mes oreilles comme un chuchotement mais je n'en comprend pas un mot. Je continue de fixer les portes battantes face à moi, à genoux en plein milieu du couloir. Tout s'écroule autour de moi, mon monde est mort à l'entente de ses trois petits mots quand les portes se sont fermés. "On le perd" ils tournent en boucle dans ma mémoire sans que j'en comprenne le sens, ça ne peut pas être vrai, ce n'est pas de lui dont ils parlaient, ce n'est pas possible, il n'a pas le droit.

Le monde est flou autour de ses portes, tout passe au ralentit. Je me sens bouger, je crois qu'on me secoue jusqu'à ce que je ne vois plus les portes devant moi. Ma joue me brûle et je reviens à moi brutalement. Les murs se redessinent, les bruits habituels des hôpitaux resurgissent et je vois Franck me regarder étrangement. Il m'a mit une claque, tout mon sang pulse sous ma main, je sens des picotements désagréable mais bizarrement ça ne fait pas mal, pas autant que ce que je ressens en ce moment. Il se redresse et m'entraîne avec lui, je me retrouve assis à côté de lui dans un silence pesant mais je ne veux pas parler. Lui aussi est bouleversé mais ne le montre pas, il reste fort.

Je regarde les gens autour de moi, il y a un petit garçon dans un fauteuil avec une femme qui paraît être sa mère, un homme d'une quarantaine d'années avec un œil au beurre noir et une dame âgée qui regarde également les personnes autour d'elle. Ses yeux se posent sur moi et elle me sourit tristement avant de tourner la tête à l'entente d'un homme qui entre dans la salle, il est de dos en débardeur, il porte un bandage sur sa main droite qui remonte jusque sur son avant bras. Je regarde cette bande, je regarde cet homme de dos avec les cheveux châtain clairs et un tatouage sur l'épaule droite, je le regarde et Louis me revient en mémoire. Louis et ses cheveux mi-long, son skinny noir retroussé aux chevilles et ses tatouages. Louis et ses bandes sur les poignets, Louis en sous vêtements remplis de sang et d'ecchymoses. Je revois les scènes précédentes se jouer en boucle dans ma tête, je revois son teint pâle et son corps qui n'a jamais été aussi lourd que quand il a arrêté de respirer, il a arrêté de respirer et puis je comprend, je comprend le sens de ses trois petits mots, je comprend la batterie de médecin qui s'est jeté sur moi. Je comprend tout et je cours jusque devant les portes battantes par lesquelles il est passé et les franchis toujours en courant. Franck me suit et cri mon nom mais j'accélère, je regarde par chaque hublots de portes pour l'apercevoir.

"Monsieur vous n'avez pas le droit d'être là!"

Une infirmière me saisit le bras mais je me dégage et continue ma course, je me poste devant la porte 21, je regarde les médecins s'activer autour d'un lit et j'aperçois son visage, son visage d'ange nettoyé du sang. Il y a plein de médecins dans la salle qui le touchent, qui touchent Mon Louis. Ils n'ont pas le droit de le toucher, il n'aime pas être touché, ils n'ont pas le droit. Je me sens tiré en arrière par deux paires de bras.

"Lâchez moi! Non lâchez moi, ils n'ont pas le droit, lâchez moi! Laissez moi le voir, LÂCHEZ MOI!"

Plusieurs médecins arrivent et me disent de me calmer mais je cris encore plus fort, il n'aime pas être touché, il faut que je les en empêche, il a besoin de moi. L'air de décembre me frappe le visage, et les médecins retourne dans le bâtiment. Franck se poste devant moi et me maintient contre le mur, je lutte un long moment et lui hurle de me lâcher, qu'il a besoin de moi, je hurle des choses incompréhensibles jusqu'à atterrir au sol. Il me prend dans ses bras pour la première fois depuis que je le connais et je laisse aller mes larmes, je murmure tout ce qui passe dans ma tête et lui m'écoute et me dit de me calmer. On reste comme ça pendant longtemps, mon mal de ventre est encore pire qu'avant, j'essaie de me lever mais mes jambes tremblent et ne me tiennent plus, je retombe durement à terre et vomis tout ce que j'ai dans l'estomac. J'ai des spasmes insupportables qui n'en finissent plus pendant de longues minutes, je vomis toute la colère et la tristesse qui me tord les tripes depuis la première fois que l'ai vu amoché.

Suffering || Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant