Je me souviens de toute cette histoire comme si c'était hier. Je me rappelle que je pleure toutes les larmes de mon corps après que Maître Gaïjong m'ai dit pour mes parents. Je suis assise par terre et j'ai le coeur en mille miettes. La seule question que je me pose c'est "POURQUOI?". Mes parents étaient tous pour moi. La seule famille que je connaissais. Aujourd'hui je ne me souviens que de leur visage. Un peu flou mais je les ai en mémoire. Et je pleure encore leur mort.
Je retourne plusieurs années en arrières avec mes souvenirs des années passées au MANOIR.
Assise par terre je n'ai plus la notion du temps. Je ne suis qu'une petite fille mais cette perte va me suivre jusqu'à la fin de mes jours.
- Relève-toi Odonate, tu dois être plus forte que cela mon enfant. Tes parents n'auraient pas voulu que tu te laisse aller aux pleurs et jérémiades. Tu es une libellule et en tant que tel, tu as le devoir de grandir et te transformer tout le restant de tes jours.
Je lève mon regard vers lui et le vois me pointer la porte. Je tourne mon visage vers l'objet de son attention et je constate qu'il y a quelqu'un qui est dans l'embrasure à m'attendre. Une femme très belle me fait signe de la suivre. Je regarde Maître Gaïjong et il me fait un signe d'assentiment. Je me lève de peine et de misère pour suivre la jolie dame.
- Tu n'oublies pas quelque chose jeune fille? Me dit-il.
Dans mes yeux pleins de toute la peine du monde, apparaît un questionnement sur la procédure à suivre. Je suis novice ici et je ne vois pas qu'est-ce que j'aurais pu oublier. Je n'ai pas le goût de faire plus de cérémonie mais j'ai quand même peur de ce qui peut m'arriver si je n'obéis pas comme il se doit.
- Tu dois toujours remercier ton Maître et ton mentor par une salutation du corps penché par en avant et dire "Merci" avec le nom approprié de celle ou celui qui a donné son temps pour toi. Et tu dois le faire en tout temps même si tu es en colère ou bien réfractaire aux enseignements prescrits. Tu comprends?
Je fais un signe de la tête pour dire "oui" et je vois au même moment que ses yeux se plissent. Je me reprends en faisant la révérence et en disant:" Oui et merci Maître Gaïjong."
- Voilà qui est mieux. Va maintenant avec ta servante, elle t'apprendra la marche à suivre dans le MANOIR.
Je pars avec ma gouvernante qui me regarde avec une infinie tendresse. Elle me guide avec sa main sur mon épaule pour me ramener à ma chambre. Sans un mot, nous avançons sur un terrain boueux et parsemé d'équipements plus bizarres les uns que les autres. Je voudrais m'attarder mais une légère poussée dans mon dos m'indique que je dois continuer mon chemin. Je monte les escaliers pour le deuxième étage et la troisième porte est la mienne. Celle de ma prison. J'ouvre la porte et ma servante me fait signe de m'asseoir sur mon lit et d'attendre. Elle referme la porte et je suis dans le noir. Je n'ai pas de fenêtre et la lumière ne passe pas au travers de la porte. Je n'ai pas d'éclairage mais je sens le froid qui entre par tous les recoins de mon humble cellule. J'ai froid. Très froid. Et ce n'est pas seulement à cause du vent glaciale mais la peur me tiraille et me donne la chaire de poule.
Trois petits coups à ma porte m'indique que quelqu'un est là et je frémis à l'idée que ce soit l'homme à la barbe blanche. La personne n'attend pas de réponse et entre. Je ne vois qu'une silhouette mais je reconnais la dame qui est venue me chercher chez Maître Gaïjong.
- Anna? C'est comme ça que tu veux que je t'appelle ou bien Odonate? me demande t-elle avec douceur.
- Anna. C'est le nom que mes parents m'ont donné. Dis-je sur la défensive.
- Je sais ma belle enfant. Alors se sera Anna entre toi et moi.
Elle allume une lampe à l'huile et la dépose sur une petite table à côté de mon lit. Je peux enfin voir toute ma chambre avec ses accommodements. Mon lit est au fond de la pièce avec une table basse. J'ai une commode avec un bol assez grand pour faire mes ablutions le matin et le soir. Un pot de chambre est au pied de mon lit et j'ai une mini penderie avec trois kimonos, pantalons et sous vêtements pour meubler le tout. Ah! oui, j'oubliais les trois paires de mocassins en peau de je-ne-sais-quoi qui sont placés en dessous de ma très simple garde-robe.
Je me tourne vers ma servante et je vois qu'elle sourit à me voir tout explorer. Je fais la même chose avec elle. Je la détaille de la tête aux pieds et je remarque avec stupeur qu'elle ressemble à ma mère mais en plus jeune. Mais ce n'est pas la même dame qui est venue me chercher tout à l'heure... Je fronce les sourcils et elle éclate de rire. Je ne comprend pas pourquoi elle rit de moi et je commence à douter de son ton doucereux.
- Tu sais que c'est très impoli de dévisager une personne comme tu viens de le faire jeune fille? me dit-elle avec un grand sourire.
- Je suis tout-à-fait désolée, madame, mais vous ressemblez à ma maman. dis-je avec les yeux pleins d'eau.
- Pauvre petite, je sais que ce sont des moments très dures et je vais faire en sorte que le reste de ton cheminement soient le moins dure possible.
Elle me prends dans ses bras tendrement en me disant cela et je me sens à l'abris pour l'instant. Je sais que se sera de courte durée mais je veux en profiter le plus possible. Je veux me laisser aller car j'ai un trop plein d'émotion qui m'étouffe. Je me mets à pleurer car je ne veux pas perdre le confort de ses bras. Ma mère me manque énormément présentement mais je sais que je n'aurai plus jamais l'opportunité de me blottir contre elle. Je ressers mes bras autour du cou du sosie de ma mère et je pleurs de plus bel. De gros sanglots d'enfant. Je ne peux plus arrêter. C'est plus fort que moi...
- La, la petite fleur, pleure tant que tu veux. Je sais que ça fait mal. Je suis là. La la... je suis là mon petit ange. Elle me caresse les cheveux en même temps qu'elle me parle et je me détend.
Je l'écoute me murmurer des paroles douces pour me réconforter mais mon âme est brisée. Ma vie douce et paisible et derrière moi. Je dois grandir. Je ne suis pas prête par contre mais ai-je le choix?
La tendre inconnue me repousse doucement et me dit:
" Je serai toujours là si tu as besoin de pleurer. Je m'appelle Maï. La personne qui est venue te chercher chez Maître Gaïjong est Sonja. Elle est très gentille mais muette. Alors moi et toi nous seront amies mais il faut que tu garde le secret d'accord?
- Pourquoi ça doit être un secret Maï?
- Parce qu'il ne doit y avoir qu'une servante par nymphe. Je sais que tu as besoin de te confier et de parler de tes parents alors Sonja et moi on se partage la tâche pour s'occuper de toi. Sonja ne peux te répondre mais moi oui. On va jouer à un jeu d'accord? Tu connais le jeu des secrets perdu? Tu dis un secret à une personne de confiance et la personne qui reçoit le secret le met dans son coeur et elle doit le caché profondément pour le perdre mais jamais l'oublier.
J'essuie mon nez qui coule avec la manche de mon kimono et je lui fait signe que je connais ce jeu.
- J'y jouais avec ma maman. dis-je en reniflant.
- Parfait ma beauté alors le secret c'est que personne ne doit savoir que je viens m'occuper de toi. Personne ne doit savoir que nous sommes deux. Sonja est la seule qui est autorisée à venir te voir. Alors le secret c'est moi et mon nom. Tu mets ça dans ton coeur et tu le perds sans l'oublier d'accord?
- D'accord. Je vais faire de mon mieux.
- Je sais mon ange, je sais.
Elle me prends dans ses bras et me serre fort. Je la sens émotive car elle renifle en me disant:
" Je te fais la promesse d'être toujours là mon coeur."
Elle se leva et partie avant que je sache pourquoi elle pleurait.
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La Libellule (terminé)
Mystery / ThrillerUne jeune femme est mandatée par un des membres du gouvernement d'une grande nation pour s'infiltrer et découvrir qui corrompt le pays sans que ces derniers ne découvre sa vraie nature. Mais quelle est donc la vraie nature de Anna Odonate? D'où vi...