Chapitre 20 (suite)

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    - Merci de me recevoir, Marc.
    - Je suis impatient, Franck, tu m'a dit que c'était au sujet d'Antoine Prigent, l'apprenti de Caroline. Répondis-je  en serrant la main de mon garde du corps et chef de la sécurité.

Je sens mon intérêt grandir en regardant le visage fermé de mon homme de main. Bon dieu, je peux presque sentir mon sang bourdonner dans mes veines.
    Alors que je tends la main vers la chaise des visiteurs, je prends place dans mon fauteuil en cuir.

    - De quels éléments disposes-tu?
    - Une enfance de foyers d'accueil en foyers d'accueil, un père inconnu, une mère violée qui n'arrive pas à créer de liens avec son fils. De bons résultats scolaire dans l'ensemble, passionné de chevaux. Très bon jockey. Il travail au domaine des lords depuis 8 ans. Aucun casier judiciaire, même pas une contravention pour excès de vitesse.
    - Hein? Tu te fiches de moi?
    - Non, dit Franck en secouant la tête. Ce gars a l'air clean.
    - Non ce n'est pas possible, il y a quelque chose chez lui qui me dérange.
    - Excuse moi Marc, je vais te parler franchement, mais tu ne serais peut être pas simplement jaloux?

Je sens mes poils sur la nuque se dresser.

    - Donc mis à part mon sixième sens qui me dit qu'il n'est pas net tu n'a rien? Je me lève pour marcher jusqu'à la fenêtre. Même pas des antécédents de harcèlement sexuel?
    -  Ce n'est pas vraiment une brute, il n'est pas très grand ni très costaud. Pas exactement le genre de bonhomme qui en aurait après les femmes. Mais le profilage n'est pas une science exacte, comme je l'ai appris dans les services secret.

Je me rassois dans mon fauteuil, déçu de ne pas avoir un renseignement qui puisse me conforter dans mon intuition.

    - Il ce fait tard, Marc, je te dépose quelque part?
- Non merci, je vais passer le weekend au haras chez Caroline, je vais prendre le 4x4. Tu as ton weekend prend la berline pour rentré chez toi.
- À lundi, merci Marc. Je te laisse le dossier d'Antoine Prigent, tu as dedans son adresse, ses coordonnées bancaire et son numéro de sécurité sociale.

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Je réussis à faire trois foulées maladroites dans l'allée de l'écurie, avant que la main d'Antoine ne se referme autour de ma cheville et me fasse tomber. J'atterris le visage dans la terre battue, je tente aussitôt de me débattre avec mon pied libre, mais il empoigne mon autre cheville et me traine vers lui avant de me retourner et de m'enfourcher de tout son poids pour m'attraper les poignets. Mais ils glissent sous le sang. Mon propre sang.
Il me cloue les mains au sol au-dessus de la tête et remonte pour s'assoir sur mon estomac tandis que je balance en vain des coups de pied.
L'adrénaline pulse dans mes veines, inhibant la douleur de mes blessures.

- Ne bouge pas. Tout ce que tu va réussir à faire c'est te fatiguer. Je préfère que l'on aille faire ça ailleurs, je t'emmène avec moi.

Il respire fort sous l'effort qu'il déploie pour me maintenir et je réalise soudain que je ne me m'étais jamais battue de cette façon : s'il s'imagine que je vais le suivre sans broncher, c'est lui qui délire.
D'un coup, il me lève les bras au-dessus de la tête pour tenir mes poignets d'une seule main, il me frappe au visage. La douleur explose dans ma pommette et ma vue se brouille, une suite d'images floues défile devant mes yeux : le visage crispé par la rage d'Antoine, les toiles d'araignée au plafond de l'écurie, l'éclat de la lame d'acier posée près de sa jambe.
Je perds toute notion de temps : je n'entends plus que les battements frénétiques de mon cœur et le martèlement du sang qui pulse dans mes veines.
La furieuse combativité dont je comptais faire preuve s'échappe de moi comme l'air d'un pneu à plat.
Profitant que je sois immobile, Antoine se met à fouiller dans la poche de sa veste et en sort une seringue hypodermique. Mes yeux fixent aussitôt l'aiguille. Dans un regain d'énergie hystérique, je me tords sous lui dans la poussière, à bout de souffle, pour tenter d'échapper à l'aiguille qu'il dirige vers ma jambe. L'idée de me retrouver droguée entre ses sales pattes m'affole tant qu'à force de contorsions, je réussis à lui envoyer un coup de genou dans l'aine. Seulement d'aussi près, je n'ai pas pu y mettre autant de puissance que je le souhaitais mais ça le ralenti néanmoins. Il pousse un grognement et sa mâchoire se crispe de douleur.
Il coince la seringue entre ses dents, et me frappe à nouveau : la douleur éclate dans ma mâchoire en un kaléidoscope de couleurs avant que les ténèbres encerclent ma vision.
C'est alors que je sens la piqure dans ma cuisse gauche. Mes muscles deviennent lourd, mon crâne me lance je me sens happer par le vide.

L'empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant