Chapitre 23

13.8K 990 4
                                    

    Je regarde stoïquement les parents de Marc avancer vers moi à travers l'immense salon de réception de la maison de Rome. Le couple remercie le chauffeur qui se tiens devant nous avec nos bagages. Jamais je n'ai été aussi tendue et angoissée. Même la présence rassurante de Marc à mes côtés n'y change rien.

Et s'ils rejettent James, parce qu'il est mon fils?
Le fils de la femme qu'ils tiennent pour responsable de la mort de Felipe.

    Les retrouvailles fatidiques sont sur le point d'arriver.
À ma gauche, Marc me serre doucement le bras, pour me soutenir.
Et je tiens fermement, dans ma main droite, la petite main de James comme une bouée de sauvetage.

J'observe les alentours, sans vraiment réaliser que je me trouve à nouveau dans cette demeure. Rien ou presque n'a changé.

La table, l'argenterie, les lustres, les chandeliers, les parures : tout brille de mille feux.

J'ose un coup d'œil vers le couple, l'homme toujours aussi discret, presque timide semble plus enjoué que sa femme.
Valentina Giabiconni, la démarche légère et élégante, je la reconnais malgré ses traits plus prononcés et une légère maigreur. Il est évident que la perte de son fils la anéanti, mais elle garde tout de même sa grâce naturelle.
La grand-mère de mon fils parvient jusqu'à moi et soutient mon regard.

- Caroline, ma chère enfant, soyez à nouveau la bienvenue chez nous.
- .... Me... Merci Mme Giabiconni, m'empressé-je de lui répondre en faisant une petite courbette ridicule.

Mais qu'est-ce qu'il te prend?
Et pourquoi pas un saut de biche... Suivi d'un grand écart?

Il y a une envolée de paroles en italien et quelques gloussement autour de moi, mais rien n'a l'air dramatique. Valentina embrasse son fils et lui glisse quelques mots à l'oreille. Lorsqu'il relève la tête vers moi, son expression me va droit au Coeur. Il semble... Fier.

De.... Moi?

Le père de Marc soulève James et, le tenant devant ses yeux, l'examine avec un grand sourire.

Et bien! ... Si je m'attendais à ça!

Émerveillée, je peux voir des larmes rouler sur le visage de l'homme d'âge mûr, buriné par le temps et le soleil.
Puis c'est au tour de Valentina de ce précipiter vers mon petit garçon, de le couvrir de baisers, lui annonçant que sa Ya-ya l'aimait déjà.

    - Le repas sera servi dans une petite heure, nous informe Valentina. Si vous souhaitez défaire vos valises et vous rafraîchir, prenez votre temps.

Giovanni l'interrompt en tapant gaiement dans ses mains.

    - James! Viens avec moi, que je te montre la piscine et le jardin!

    Sans une hésitation, James met sa petite main dans celle de son grand-père et lui emboîte le pas. La mère de Marc marque une pause, les yeux élargis par l'émotion. Elle pose une main fraîche sur mon avant-bras.

    - Je vous en prie, Caroline, dorénavant appelez moi Valentina. Vous ne pouvez pas imaginer l'immense joie que nous avons eu en apprenant l'existence de notre petit-fils.

    Incapable de répondre, une larme me roule sur la joue. Et Marc comme toujours vient à mon secours.

    - Merci maman, nous allons monter nous changer pour le repas de ce soir. Dit-il en lui embrassant le front.

   Pendant qu'il vaque à ses occupations professionnelles, je prend mes quartiers dans la chambre, ou plutôt la suite de Marc, au deuxieme étage de la villa, en pliant soigneusement mes vêtements dans un coin - mais sans les ranger dans son armoire pour autant - je ne comprends toujours pas ce  qu'il m'arrive. Puis je traverse la galerie d'art qui fait office de salon privé et qui nous sépare de la chambre de James. Après y avoir rangé ses affaires, pris une rapide douche et enfilé un pantalon beige avec un haut en flanelle blanc, je vais m'installer sur l' immense terrasse attenante à la chambre pour profiter du soleil et de la vue sur le lac.
Je m'assois à même le sol, sur la pierre fraîche, adossée à une des baies vitrées.

    Les images de ces derniers mois défilent dans ma tête, nous sommes déjà fin août, il m'est arrivé tellement de choses ces 6 derniers mois que j'ai l'impression d'être dans un rêve, que le réveil va sonner que tout va s'arrêter.
    Machinalement je me frotte les poignets, seules les cicatrices encore gonflées témoignent de ce que j'ai endurer dans cette cave.

    Je ne réalise toujours pas que Marc est près de moi, je suis partagée entre une grande joie et un sentiment d'inquiétude. J'ai envie pourtant de lâcher prise, de me consacrer entièrement à Marc, et personne d'autre que lui.
    Mais pour autant, je ne comprends pas l'attitude de ses parents, que leur a-t-il dit? J'ai remarqué que depuis l'incident avec Antoine il est plus protecteur, plus aimant envers moi, mais pourquoi m'accepteraient-ils à bras ouvert après ce que je leur ai fait?
    C'est plus fort que moi, je ne peux pas faire autrement, je suis devenue méfiante, d'une certaine façon j'essaie de me protéger et surtout de protéger James.
    Mais je ne peux plus lutter contre mes sentiments, je choisis mon camp, je veux Marc, j'aime Marc et ce depuis bien longtemps. Et quoi qu'il arrive, quoi qu'il m'en coûte, pour que nous puissions envisager un avenir commun je dois tout lui dire, sans plus aucune hésitation je vais leur annoncer à tous.

- Tu as le choix entre des transats en fibre de verre et un salon en résine tressée... Et tu t'assieds par terre, me sourit mon brun ténébreux, apparement fier de mon choix.
- Viens sentir la fraîcheur des pierres, tends-je la main dans sa direction.
- J'ai une autre idée, dit-il en tirant sur mes doigts pour me relever et venir poser ses mains sur mes fesses. C'est beaucoup trop frais...

Je le laisse me réchauffer de ses caresses, m'envouter des ses yeux verts, et de son léger accent, avant de l'embrasser longuement. Il pourrait me dire n'importe quoi, il me ferait toujours le même effet.

L'empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant