Je remue mon café encore et encore. Je meurs d'envie de le boire, j'ai désespérément besoin de caféine après ma nuit blanche. Mais il est trop chaud. Je me suis tournée et retournée dans mon lit vaincue par l'angoisse de la suite des événements.
De l'autre côté de la table, les paumes posée à plat sur la surface de bois vernis, Marc me regarde, pourquoi a-t-il l'air si menaçant.
Je me laisse aller contre le dossier de ma chaise.- Donne moi une seule bonne raison pour m'avoir caché l'existence de cet enfant. Une seule! Caroline!
Ses paroles me font l'effet d'un coup de poing en pleine figure, ma cuillère tombe sur le carrelage.
- Une bonne raison? Mais je peux t'en donner des centaines! Il me semble que c'est évident, non? Dis-je d'une voix sèche.
Je lui jette un regard noir.
Il me dévisage toujours. Son visage est empreint de colère, mais pas seulement. Je ne l'avais jamais vu manifester autant d'émotions en trois ans de relation avec lui.
De toute façon c'est pas compliqué, je ne lui connaissais que trois émotions:
L'amusement, au début de notre relation, quand j'ai été si impressionnée par lui, par le monde dans lequel il vivait.
Le désir, quand, penché sur moi, il s'emparait de mon corps, et cherchais dans mon regard l'intensité de mon plaisir.
Et... La colère, à la mort de son frère.
Une immense colère qui a pris le pas sur tout autre sentiments. Et même après toutes ces années, sa haine ne c'est toujours pas tarie.Mais cette fois, je ne vais pas me laisser torturer et humilier par ses accusations. Je vais lui en donner une réponse. La seule que je puisse lui donner d'ailleurs.
- Si je t'avais annoncé que je partais en portant un enfant, l'aurais-tu accepté? Vraiment?
Une lueur traverse furtivement son regard.
- Cela aurait été une consolation pour mes parents.
Je suis prise d'un rire rauque.
- Belle consolation. Avec moi comme mère de leur petit-fils?
- Ils t'auraient accepté. Pour l'amour de leur petit-fils.Je le regarde, bouche bée.
- Que veux-tu dire par: " Ils t'auraient accepté?"
Le visage de Marc se durcit.
- Viens avec moi.
- Non mais ça va pas! Tu as perdu la tête?
- "Tu as perdu la tête!" Répète-t-il avec un rire grinçant. Et toi, tu crois que tu as toute ta tête pour avoir laissé mon neveu vivre ici?
- Ce haras est très bien! La maison est propre, éloignée de l'agitation de la ville. Mon fils grandit près des animaux, dans un endroit sain. Tu ne me connais pas Marc, mais ce haras c'était mon rêve.Le regard de Marc s'adoucit un peu. Il se lève de sa chaise.
- Pourquoi as-tu fais ça, Caroline?
Il y a quelque chose d'étrange dans sa voix. Je sais très bien qu'il fait allusion à l'argent. Après tout ce dont il m'a soupçonnée, ce n'est pas étonnant qu'il ne comprenne pas.
Je ferme les yeux, puis les rouvrent. Je regarde Marc sans même le voir.
Ce que je vois, là maintenant, c'est le visage tourmenté de Felipe, mon mari. Cet homme qui m'a épousé pour me sauver et pour ce sauvé lui même.
Mais malheureusement nous a perdu tous les deux.- Comment aurais-je pu le garder? Demandais-je, le regard perdu dans ma tasse de café.
Un soupir rageur vibre dans l'atmosphère paisible de la pièce.
- Comment? Très facilement je suppose. C'est bien pour l'argent que tu as épousé mon frère, n'est-ce pas?
Mes doigts ce crispent sur ma tasse. Je lève les yeux droit dans les siens.

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L'emprise
RomanceCaroline, est une jeune femme de 26 ans qui dirige seule son élevage de pur-sang. Entraîneur et maman à plein temps elle se bat pour fuir son passé, mais elle est rattrapée par un homme, l'homme qu'elle a fuit et qui va bouleverser sa vie ainsi que...