J'ai couché James, il dort maintenant paisiblement. Il était épuisé par son après-midi à jouer avec Petit Prince, le poulain de Kalinka. Un sourire attendrit se dessine sur mes lèvres. Nous ne sommes peut-être pas riches, mais mon fils à une enfance heureuse. Et c'est bien mon principal soucis dans l'existence. Mon sourire vacille. James grandira sans père et bien que ce soit une chose très répandue maintenant, c'est pourtant une perpétuelle angoisse pour moi. Mais qu'elle sorte de père aurait été Felipe, s'il avait vécu?
Les chiffres noirs dansent sur l'écran. Je bats des paupières et me frotte les yeux. Les caractères se découpent pendant quelques secondes avant de se brouiller à nouveau. Je regarde l'heure dans le coin inférieur : presque minuit. J'ai fait assez de comptabilité pour la soirée. Il y a trois heures que James est couché.
J'enregistre la feuille de calcul et ferme le programme. La fenêtre internet reste ouverte sur l'écran, m'attirant comme un doigt crochu. Mes mains planent au-dessus du clavier. Pourquoi n'ai-je jamais pensé à entrer le nom de Marc sur Google avant ce soir? Peut-être parce que ma vie se résume en une longue suite de drames!
Je tape le nom dans la barre de recherche et appuie sur " entrée". Après ma confrontation avec Marc trois mois plus tôt, je sens que j'ai besoin d'un plan de secours. J'ai toujours été sûre que la propriété de maman et papa était le refuge le plus sûr, mais depuis sa visite les choses ont changées.Une légère angoisse me noue la gorge.
Je fais défiler les résultats de la recherche. Rien que je ne sache déjà:
" Marco Giabiconi est le PDG d'une importante entreprise internationale de transport maritime. En 2012 MG Transport figue parmi les deux cents premiers groupes industriel européens, il réalise 6 milliards d'Euros de chiffre d'affaire et emploie plus de cinquante mille personnes dans le monde.
Depuis les années 2000, le groupe se développe également dans l'automobile, la communication et la sécurité..."
Une série de clichés complète la biographie de Marc.
Je retiens mon souffle, sur l'une d'elles je l'accompagne. Cette photo a été prise lors d'un dîner de charité, je clique sur la page web qui renvoie vers l'article qui l'accompagne.Je me sens blêmir. J'agrippe l'accoudoir en cuir usé du fauteuil.
Non.
Le gros titre parle du décès de Felipe:
" L'ex-petite amie du plus convoité des riches célibataire de France, tue son mari seulement quinze jours après leur mariage..."
À l'article de continuer plus loin: " ...Le corps de Felipe Giabiconi a été découvert sans vie en bas de l'escalier de son immense demeure, dans le quartier chic de Feucherolles, dans les Yvelines. Il semblerait qu'une bagarre est éclatée entre l'amant de la jeune mariée et le mari trompé. Le mari les auraient-ils surpris en revenant de sa matinée de golf?"Je sens les larmes monter et ma poitrine se serre de chagrin. Je m'essuie les yeux et hoquette, le cœur gros. Je suis seule maintenant. Le désespoir commence à gagner mon esprit.
Je dois me reprendre.Je parcours l'article une fois de plus, puis enfonce le bouton sur la tour à mes pieds pour arrêter l'ordinateur. Windows fera la tronche demain au redémarrage parce que je n'ai pas fermé correctement la fenêtre du navigateur.
Qu'elle importance?Peu encline à affronter les ténèbres de ma chambre avec mes pensées pour seules compagnie, je décide de changer de décor. Je n'envisage pas de dormir de toute façon, un tour dans les écuries me fera du bien.
Felipe est mort. Je ne cesse de revoir en boucle les images de son accident dans ma tête, elles hantent mes nuits. Je me sens tellement coupable de sa mort, et ce jusqu'à la fin de mes jours, mais je ne peux pas flancher. Cette partie de ma vie est derrière moi, définitivement. Et Marc aussi... Comme je le suis pour lui.Pourtant une angoisse familière me serre le cœur, la même que celle ressentie au court des mois cauchemardesques qui ont suivi ma fuite. Je dois penser à mon petit James, après tout la vie m'a fait le plus beau des cadeaux.
Je dois me battre pour le domaine, penser à papa et maman. Avec les naissances de cet hiver, je vais pouvoir sortir la tête de l'eau. Je descends l'escalier et me rends dans la cuisine, je me sers un verre d'eau. Donc j'ai cinq poulains de réservé, avec leur contrat d'entraînement. Et il y a Petit Prince, qui montre de véritable signes de futur champion. Une chose est sûre, lui, je ne souhaite pas le vendre.
Je passe une grande partie de mon temps à m'occuper de lui, avec l'aide de James quand il n'est pas à l'école. Je pratique déjà de nombreux exercices qui faciliteront son apprentissage futur lié au débourrage. Non seulement Petit Prince montre un véritable intérêt pour ces jeux, mais il possède également une grande facilité à les mettre en œuvre très tôt pour son âge.Cet après-midi, appuyée sur la clôture du pré, j'observais ma magnifique jument et son poulain. Rien qu'à les contempler on ne peux que constater que les lignes élégantes de Kalinka témoignent d'années de croisements précis. Quant à Petit Prince, son pedigree se devine déjà dans l'inclinaison de ses épaules et sa manière de se pavaner. Ce foal sera incontestablement un bel ajout à notre écurie de chevaux de course.
Alors que je pose mon verre sur le plan de travail de la cuisine, la sonnette de la porte retentis.
Ce ne peux pas être Hubert, à une heure pareille. Un frisson me parcours le dos jusqu'à l'échine, que ce passe-t-il? Y a-t-il un problème dans les écuries?En moins de temps qu'il ne faut pour le dire, je traverse le couloir de l'entrée. La sonnette sonne de nouveau avec force. Je stop net. Hubert n'aurait pas sonné deux fois, Antoine non plus, ils seraient entré si quelque chose de grave ce passait. Je m'approche lentement de la porte, dans la pénombre de la nuit, je ne vois pas grand chose à travers le carreau. Seule une haute silhouette masculine, vêtue d'un costume sombre, se dessine. Le visiteur, n'a pas vraiment l'allure d'un membre du personnel de l'élevage. Je fixe le verrou de la porte avant d'ouvrir, on ne sait jamais, à une heure pareille. La peur me gagne.
- Caroline?
Oh non, pas cette voix, profonde, légèrement chantante...
- Caroline! OUVRE!
La ce n'est pas une requête. C'est un ordre. Ma main tremble, je tourne le verrou.
Bordel! Une main carré, aux long doigts minces, pousse sur le battant avec force. Paniquée, mais comme une automate, j'ouvre la porte. Et merde, Marc!
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L'emprise
RomanceCaroline, est une jeune femme de 26 ans qui dirige seule son élevage de pur-sang. Entraîneur et maman à plein temps elle se bat pour fuir son passé, mais elle est rattrapée par un homme, l'homme qu'elle a fuit et qui va bouleverser sa vie ainsi que...