Chapitre 20

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    Quatre chevaux paissent dans les parterres devant la maison, que les nouveaux projecteurs de l'écurie éclairent désormais aussi bien qu'un stade de foot. Après notre soirée au clair de lune samedi dernier, Marc dès lundi à fait installer 4 projecteurs à déclenchement automatique sur la façade le l'écurie.
Je suis fatiguée de ma semaine pour supporter leur bêtises ce soir, mais nous sommes vendredi et les membres du personnel ne doivent pas être là. J'éteins le four ou un rôti cuit pour notre repas de ce soir. Marc à fini sa semaine, il est 20h il ne devrait pas tarder à arrivé de Paris.
Je griffonne un mot que je laisse sur la table de la cuisine au cas où il me chercherait. James est déjà couché.
Avec un soupir, je sors en fermant la porte derrière moi, puis traverse la cour. Un vent frais et humide venant de l'ouest annonce la pluie. Dans le ciel gris, de gros nuages menaçant cache une lune presque pleine.
A l'aide d'une longe saisie dans l'entrée au porte manteau, je ramène l'un après l'autre les trois hongres dans le pâturage. Comme je m'en doutait le loquet du portail est cassé. J'utilise ma ceinture pour attacher ensemble les deux poteaux puis conduit victoire, qui arrivait en boitant, directement dans l'écurie. Traversant le cercle lumineux projeté par le nouvel éclairage au dessus de l'entrée du bâtiment, j'ouvre les lourdes portes coulissantes et fait entrer la jument en allumant au passage les lumières de l'allée.
L'écurie vide sent le foin et la poussière. J'entends bruire quelque chose sur la gauche dans la paille, je m'arrête un instant. Il faudrait que je passe récupérer un chat ou deux à la fourrière pour me débarrasser de ces quelques rats.

- Alors, Victoire. Qu'est-ce que tu t'es fait?

Je me penche pour examiner les jambes de la jument sous les lumières brillantes de l'allée. Du sang coule d'une plaie au-dessus du genou sur sa jambe avant, assez grande pour justifier une suture; la jument se l'est probablement faite en s'échappant du pâturage. J'attache Victoire à un anneau puis pars chercher la trousse de premiers soins dans la sellerie, je compose le numéro du vétérinaire sur mon téléphone tout en rassemblant les éléments dont j'ai besoin dans un seau propre.
Je tombe sur le répondeur de Jacques et lui laisse un message détaillé. Le vétérinaire sera là dès qu'il pourra. Entre-temps, je vais nettoyer la plaie et lui faire un pansement.
Alors que je regagne l'allée, avec le seau rempli de tampon de gaze, de savon, et d'une sous-bande, un bras surgit du premier box et s'enroule autour de mon cou pour m'entraîner dans l'obscurité. Le seau tombe sur le sol avec un fracas métallique.
Un cri sort de ma gorge, aussitôt étranglé par l'étau qui me serre le cou. Je tente de pivoter, mais un autre bras m'emprisonne les épaules, me soulevant en arrière en me plaquant les bras contre la poitrine. Je lutte pour reprendre mon souffle tout en envoyant des coups de pied dans les tibias de mon agresseur, en pure perte.
J'attrape à deux mains l'avant-bras qui me comprime le cou, je tire de toutes mes forces et parvient à le desserrer suffisamment pour inspirer une grande bouffée d'air. Je me débats comme je peux, jetant la tête en arrière, j'entends alors l'homme grogner comme je lui cogne le menton. Mais il ne lâche pas prise.

Il bouge et son bras me libère les épaules mais avant que je puisse réagir, je sens un instrument pointu m'entailler la joue. Un filet de sang chaud coule le long de mon visage, je me pétrifie. Mon souffle saccadé s'arrête net.

- Arrête ça, salope! C'est pas ce qui était prévu, mais je vais devoir te trancher la gorge ici meme. ( bien qu'il chuchote, je reconnais la voix. Antoine colle ses lèvres à mon oreille. ) Pourquoi tu ne t'es pas contentée de me céder? Bon dieu, tu fais chier.

Ses paroles sont chargées de haine et de colère mais il dessert légèrement son étreinte en parlant, de sorte que je puisse inspirer quelques bouffées d'air humide. Je fouille des yeux la stalle à la recherche d'une arme, n'importe quoi qui puisse me permettre de me débarrasser de lui, mais le box est vide. Victoire s'agite dans l'allée et hoche la tête, faisant cliqueter le mousqueton métallique au bout de la longe contre son licol.

- Tu ne peux pas me rejeter. Tu ne peux pas te jeter dans les bras du premier venu alors que tu me fais espérer depuis 5 ans. ( Je sens son souffle brûlant contre mon cou.) Si je ne peux t'avoir, personne ne t'aura. Tu m'appartiens Caroline jusqu'à ce que la mort nous séparent, et devine lequel de nous deux va mourrir ?

Antoine relâche son étau autour de ma taille, me retourne, et me pousse en arrière. Mon dos et ma tête heurtent le mur et la douleur résonne sous mon crâne. Une nausée me monte dans la gorge et ma vision se brouille.
C'est alors que j'entends la jument effrayée par le raffut ruer et rompre sa longe, puis un bruit de sabots passe devant la porte du box et s'éloigne.
À un mètre de moi Antoine brandit un couteau. Je sens mon cœur cogner dans ma poitrine comme si j'étais un animal en cage, je me relève, fais un pas vers la porte. Si seulement je parvenais à mettre un temps soit peu d'écart entre lui et moi, je pourrais sortir mon téléphone et tenter d'appeler Marc. Mais à cette distance, jamais je n'aurais le temps de l'attraper. Je sens alors dans la poche de ma veste la bombe lacrymogène que Marc m'a dit de garder sur moi quand il n'est pas là : c'est mon unique chance.

L'éclat de la lame reflète la lueur maléfique dans les yeux durs d'Antoine. D'un geste traitre, il m'envoie un coup de couteau au visage, que je bloque instinctivement avec mon avant-bras. Je sens à peine la lame m'entailler la peau, mais un filet de sang chaud coule le long de mon bras. Il pointe la lame vers mon ventre, je pare à nouveau avec mon bras. Le sang me dégouline le long de mes doigts dans la paille. Seule ma volonté de vivre me donne la force de me battre, je ne sens même pas la douleur, d'un mouvement je rétablis mon équilibre et me dresse sur la pointe des pieds tandis qu'Antoine plonge à nouveau. Esquivant sur le côté, je tire le spray de ma poche et lui vaporise au visage. Comme il avançait, je le rate dans un premier temps mais il reçoit tout de même la fin de la giclée. Il porte aussitôt la main à ses yeux larmoyants.

- Tu es morte! Hurle-t-il en s'essuyant le visage d'un revers de manche.

L'empriseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant