Je me réveille dans un lit, qui n'est pas le mien d'ailleurs. Dans quelle merde je me suis encore embarqué ? Je grogne. Je reconnais facilement cette odeur familière. Vincent. J'ouvre un œil, puis le deuxième. J'ai un mal de chien à m'appuyer sur mes coudes. Un lendemain de soirée arrosée tout cracher. Je plisse les yeux et reconnais mon meilleur ami effondré par terre, dans une position plutôt bizarre.
La tête plaquée au sol et les fesses bien remontées. Des fois, je me demande si c'est vraiment mon pote. Je profite de la situation pour chopper son portable sur la table de nuit et de le prendre en photo. Une belle photo. Je repose le téléphone à sa place. Je rigole légèrement et m'effondre sur le lit.
-T'es un connard Math.
Mon rire s'intensifie. Je l'entends rire aussi. Quelques minutes plus tard, je sens un poids tombé à mes cotés.
-Qu'est-ce que tu faisais par terre Vince ?
-Tu me faisais des câlins et des bisous cette nuit. Je sais que tu m'aimes trop, mais quand même. De plus, tu puais de la gueule et tu m'as fait tomber quatre fois. Je préférais encore dormir par terre.
J'explose littéralement de rire.
-Qu'est-ce qui s'est passer hier soir ?
-Je t'ai retrouvé au pied de la porte, en très mauvais état, je ne voulais pas te ramener chez toi, donc du coup voilà où tu t'es retrouvé.
Je ne veux pas lui parler de la brune, ne sachant même pas ce qui se passe entre nous. Je sais que je peux tout lui confier. Mais là, je ne veux vraiment pas. Nous continuons à parler pendant plus d'une heure de tout et de n'importe quoi. Il me parle de son plan cul. Eleanor ? Eléonore? Je ne sais plus.
Quelques jours se sont écoulés depuis la fête. Aujourd'hui, je dois aller rendre visite à ma mère. Plus vite j'y vais, plus vite la corvée sera faite. Je chope mes clés, enfile ma veste et prends la direction de chez mes parents.
-Allô Mathéo ?
-Oui Vincent. Viens me chercher, je t'en supplie, c'est horrible.
-Tant que ça ?
-Ma mère m'a appris à tenir correctement une tasse de thé en regardant un de ses films à l'eau de rose atroce.
-C'est génial ! Je savais que derrière cette carapace se trouvait un grand romantique.
-En me racontant tous les ragots de ses amis.
-C'est cool de connaître tous les ragots des petites mamies.
-Ma mère à quarante-trois ans crétin.
-Tu as raison, c'est atroce.
-Arrête de te foutre de moi !
-Désolé mon pote ! Je ne peux rien faire pour toi, Eleanor arrive dans dix minutes.
-Enfoiré !
Je l'entends rigoler derrière le combiné. Je raccroche et souffle longuement. Je sors des toilettes et retourne voir ma mère... Qui, qui fait quoi d'ailleurs ? Oh non. Elle tricote. Je suis vraiment maudit. Il manquait plus que ça. Si je pars maintenant j'arriverai à l'heure sur le campus.
-Maman, il est temps que je parte.
-Déjà, j'avais encore pleins de trucs de prévu !
-Après, il va se faire tard.
Je lui fais un bisou sur la joue et me sauve vite fait. Liberté.
Je roule sur une petite route de forêt, qui fait légèrement flipper, surtout qu'il fait nuit noire, en faite ce n'est pas légèrement, mais plutôt carrément. Il n'y a pas un chat. Je me surprends à penser à des scènes terrifiantes.
Qui aurait cru qu'un gars comme moi flippe sur une route sombre de forêt ? Heureusement que je suis seul. Je suis sûr que ma conscience se fout de moi. Je suis tiré de mes songes quand j'aperçois une voiture noire garée sur la berge, pas très loin de la falaise. Je vais jeter un coup d'œil, ou je rentre directement chez moi ? J'y vais. Non finalement, je vais rentrer chez moi.
Puis merde, je suis trop curieux pour ça. Je gare ma voiture à côté de l'autre. Claque la porte. Et essaye de me protéger le mieux possible du vent glacial. Je crois que plus je me rapproche de la falaise, plus j'ai envie de me barrer en courant. Cet endroit fou vraiment la trouille. Je me stoppe devant la barrière de sécurité. Personne en vue. J'aurais vraiment dû continuer ma route. Je fais demi-tour, mais me stoppe net quand j'entends un léger reniflement, j'inspecte les lieux mais, ne trouve pas la personne à qui appartient le reniflement. Et là, je me retourne une dernière fois et aperçois deux prunelles grises dans la pénombre, à peine visible. Elles brillent. Elles pleurent. Je m'approche doucement et découvre une chevelure brune visible dans le noir et une petite silhouette.
-Qu'est-ce que tu fous ici, seule et à cette heure-là en plus ?
Pas de réponse. Une...Deux...Trois minutes. Toujours pas de réponse. Je regarde où elle se tient, derrière la barrière de protection. Mes yeux s'élargissent et ma mâchoire fait une chute libre, je crois.
-Tu n'allais pas sauter quand même ?
Je vois un léger mouvement. J'arrive à dissimuler un secouement de tête. Ouf.
-Je te fais peur ?
Elle répète exactement la même action qu'il y a deux minutes. Elle me trouble. Pourquoi ne veut-elle pas me parler ? Ça se trouve, elle a mangé de l'ail juste avant et ne veux pas faire mauvaise apparence.
-Si tu as mangé de l'ail avant, je ne te dirais rien tu sais.
Mais pourquoi j'ai dit ça moi ? Quel con. Ce n'est pas possible d'être aussi con, putain. Elle échappe un léger rire et secoue encore la tête. Je m'approche d'elle et place mes pouces en dessous de ses yeux. J'essuie ses larmes. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas qu'elle pleure. Et encore moins en ma présence.
Je la regarde dans les yeux, ses prunelles me captivent. Encore une fois, j'aurais envie de dire. Je ne veux pas lui reparler de la soirée de la semaine dernière. Et je ne sais pour quelle raison d'ailleurs. Elle baisse les yeux. Attrape mes mains et les enlèvent délicatement de son visage, puis elle part en courant. Encore une fois.
Cette fois-ci, je ne sais vraiment pas ce que je lui ai fait. Et c'est à ce moment précis que je me rends compte qu'elle me trouble de plus en plus, chaque minute passée avec elle. Elle a un sérieux problème. Serait-elle muette ?
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Different
General Fiction"C'est vrai que le bonheur m'aurait aidé à exister, j'ai choisi la douleur. J'ai cru bien faire, je me suis plantée." -Rachel En quête d'un regard qui la reconstruirait. J'étais ce regard. J'allais la reconstruire. J'étais assez fort pour deux. On r...