Recroquevillée en boule sur son lit. Elle lit un ancien ouvrage de Dan Brown. Les livres à l'eau de rose ne sont pas du tout pour elle. Elle préfère les histoires sanglantes. Mais son livre préféré ne l'intéresse pas à ce moment.
Deux yeux verts perturbent son esprit. Mais pourquoi lui faisait-il cet effet là ? Tous les garçons sont cons. Tous. Une idée traverse son esprit, elle avait besoin d'évacuer. D'évacuer cette dernière semaine, ses dernières années. Sa vie en fait. Tout pesait sur ses épaules. Elle n'en peut plus.
Elle fouille dans son placard. Dans tous ses placards. Jusqu'à qu'elle trouve ce qu'elle cherche. Une petite mallette. Elle se dirige vers le plus grand pan de mur qu'elle possède dans sa chambre. Elle décroche son unique poster de son groupe favori accroché au mur blanc.
Elle ouvre sa mallette et s'empare d'un fusain. Elle se place bien au milieu du mur et commence à tracer des lettres plutôt imposante. Elle s'applique. Elle écrit et dessine bien. Elle se recule et examine ce qu'elle a écrit « Ne te laisse pas faire, ni pas les autres, ni par toi-même. » Elle sourit face à son mur.
Elle veut reprendre confiance en elle. Seule. Sans aide. Elle ne veut pas de pitié. Mathéo connaît son problème. Elle ne veut pas qu'il l'aide. Non. Non ! Des larmes s'échappent de ses yeux. Elle tombe à genoux. Elle est bien trop faible pour surmonter ça toute seule. Quand s'acceptera-t-elle enfin ? Elle se relève, et commence à faire pleins de dessins sur le mur. Partout, partout. Tous ses problèmes se résument en dessin. Ses angoisses, ses peurs, vraiment tout. Elle trace deux petites formes ovales. Puis des cils autour de ces formes. Des sourcils impeccables. Puis de grosses prunelles.
Elle attrape son feutre vert, et commence à colorié l'intérieur des yeux. Ses yeux. Ses... yeux à lui. Les mêmes. Ils la surveillent maintenant. Elle sourit face à cette pensée.
Elle a dessiné l'Histoire de sa vie.
Il y a toujours une raison quand une personne ne va pas bien, différentes raisons que l'on peut montrer ou ne pas montrer... on peut cacher sa tristesse par un sourire, un rire... Mais des fois, certaines raisons, certaines erreurs peuvent faire si mal que l'on ne peut les oublier, on ne peut pas passer au dessus, on est obligé de montrer ce mal qui nous envahit...
Il nous suffit d'avancer, de refermer cette cicatrice et ne pas se retourner, détourner le regard du passé et vivre au présent. Rachel a sa manière à elle d'enfouir ses blessures. En les dessinant partout sur son mur. Cela peut paraître bête. Mais pas pour elle. C'est comme ça qu'elle essaye de s'en sortir. Pourquoi a-t-elle dessiné Mathéo ? Parce que Mathéo, rien qu'avec ses yeux, peut rivaliser avec tous les autres dessins. Les yeux de Mathéo sont tout simplement une source de réconfort. Les yeux de Mathéo lui font tout oublier.
-Bravo aux exposés de la semaine dernière, ils étaient tous très enrichissant pour vous et aussi pour moi-même.
Pourquoi elle n'est pas là aujourd'hui ? Elle n'est presque jamais là d'ailleurs. C'est quoi son problème ? Comment veut-elle que je l'aide si...
-...Surtout Mathéo !
Hein, quoi ? Je relève la tête de mes bras et regarde tout autour de moi. Tout le monde me regarde. Je n'aime pas ça du tout. Qu'est ce que j'ai encore foutu ? M. Colin m'offre un chaleureux sourire.
Qu'est ce qu'il lui arrive à ce vieux pervers de me sourire comme ça. Pervers, pervers, pervers ! Il me fait un signe de main pour me dire de le rejoindre. Et merde. Je me lève difficilement, et prend le temps de m'étirer. Je me souviens que je ne suis pas tout seul et encore moins dans mon lit. Tous les regards sont braqués sur moi. Je me mets à bailler.
-Bon Mathéo, tu nous feras une séance de yoga plus tard.
Ah c'est vrai que c'est drôle ça monsieur. Mais y'a toujours des imbéciles pour rigoler. Je me dirige vers son bureau. Il m'incite à monter sur la petite estrade. Il me murmure quelque chose de presque inaudible.
- Il faut dormir la nuit, Smith.
Je ronchonne.
-Mathéo, je t'ai fait venir là pour te féliciter.
Me féliciter ? De quoi ? De ma beauté renversante ? De ma coiffure impeccable ?
-Félicitation pour ton super exposé. Personne n'aurait cru ça de toi. Surtout moi. Et d'ailleurs je l'ai fait lire au directeur et tu vas rire, il a cru que c'était moi qui l'avait écrit ; et avant que je ne proteste, il m'a aussi dit qu'il était ravi d'avoir un prof de philosophie aussi doué dans son établissement.
C'est vrai que j'ai envie de rire là. Je viens juste de me réveiller, et je comprends seulement la moitié des mots.
-Mais après, quand je lui ai dit que c'était toi, il a, sans faire exprès, fait tomber sa tasse de café sur moi. Et il veut te voir dans son bureau.
Pleins de chuchotements retentissent dans l'amphithéâtre. Et je me surprends à avoir tout compris de sa dernière phrase. Un sourire radieux orne mes lèvres.
-Et pour finir, bravo Smith !
Tout le monde applaudit, mes pauvres oreilles sont encore fragiles. Je me retourne vers mon public, et fait une révérence. Des rires retentissent. Même le prof. Je suis vraiment reconnaissant envers lui. Il commence à faire disparaître ma phobie du public. Je me retourne vers lui.
-Merci monsieur.
Je ne lui laisse pas le temps de lui répondre et retourne à ma place. Jake me tend sa main. Va te faire foutre connard. Je savais même pas qu'il faisait de la philosophie lui. Au fond il n'y est pas pour pas grand-chose.
Il voulait juste flirter avec Rachel. Mais je lui en veux quand même. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est comme ça. La sonnerie retentit. Je range mes affaires, et me souviens que je dois passer voir le directeur.
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Different
General Fiction"C'est vrai que le bonheur m'aurait aidé à exister, j'ai choisi la douleur. J'ai cru bien faire, je me suis plantée." -Rachel En quête d'un regard qui la reconstruirait. J'étais ce regard. J'allais la reconstruire. J'étais assez fort pour deux. On r...