Chapitre 10

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-Entrez !

J'appuie sur la poignée du bureau du directeur. Je crois que je n'y suis jamais aller. A l'intérieur tout est blanc avec des nuances de gris. C'est assez spacieux. Malgré qu'il y est seulement un bureau gris anthracite qui casse tout en plein milieu de la pièce.

Des bibliothèques ornent les murs, et une large baie vitrée prend toute la largeur du mur derrière le bureau. Il a une putain de vue sur tout le campus. C'est vraiment magnifique en fait. Car derrière on aperçoit les rochers, la mer... et la falaise.

-Mathéo ! Je pensais que jamais tu ne viendrais. Assieds toi !

Je prends place dans le siège en face de son bureau.

-J'ai vraiment été surpris par ton boulot mon petit ! Ça m'a carrément foutu une claque. Et c'est pour ça que d'ailleurs, je l'ai envoyé à un philosophe.

-Vous... vous avez quoi ?

-Je sais, je ne t'ai pas demandé avant.

Je n'arrive pas à croire qu'il ait fait ça. Il aurait au moins pu me demander. Surtout que j'ai fait ça comme si je cuisais des œufs. Vite fait, bien fait.

-S'il trouve ça super, tu pourrais devenir un grand philosophe.

-Je n'ai jamais imaginé mon métier dans la philosophie.

-Quelle serait ton métier alors ?

Ah. Je m'y attendais à celle là. Je ne sais pas vraiment. Je veux être quelqu'un d'important. Je pensais suivre les pas de mon père... avocat. Ou peut être bien juge. Mais philosophe. Ça ne me conviendrait pas. Je pense. Puis je ne suis pas un intello. Je m'imagine déjà, « Bonjour je suis votre nouveau professeur de philosophie, appelez moi monsieur Smith. » Oh non, non, non. Ce n'est pas pour moi ça. Loin de là.

-Cela peut paraître bizarre, mais... Tu pourrais me donner quelques informations sur la philosophie quand tu auras le temps. M. Colin n'a pas le temps, enfin c'est ce qu'il ma dit. C'est vraiment quelque chose qui me passionne. Je te payerai bien sur.

–Je ne veux pas être payé pour ça.

–J'insiste.

–Très bien. Je suis libre maintenant, j'ai une heure à ne rien faire.

–Je vais décaler deux rendez-vous. »

Cette conversation devient de plus en plus bizarre. Une idée me percute le cerveau. Je vais revenir ici quand il sera en rendez-vous. Si elle ne vient pas à moi. C'est moi qui viendra à elle. Je n'aurais jamais cru qu'en venant ici, je donnerais des cours de philo...à mon directeur. Il y a un mois, j'aurais ri de ça.

-Très bien, alors commençons.

Je retire ma veste. Il attrape un papier et un stylo. Sûrement pour noté deux, trois choses.

-Déjà, sachez que vous devez vous initiez à savoir que la philosophie n'est pas d'être sympa et d'aimer les petits, les vieux, ses voisins et sa belle-sœur, ça c'est l'image que donne les personnes qui n'en ont jamais pratiqué. La philosophie se pratique essentiellement par plaisir... et certainement pas, par désir d'une quelconque ascension sociale. La philosophie est une science, pas une qualité morale. Ceci dit, c'est bien d'avoir des qualités morales, mais travailler pour des connaissances, c'est l'essentiel. Vous me suivez ?

–J'aime ta façon de détailler. Continue, c'est très intéressant !

- L'image donnée de "la philosophie" par les magazines, les médias, ou les experts, un peu concurrents, comme certains médecins, est tellement fausse et ridicule. La philo n'est pas réduite aux tests, genre "choisissez trois couleurs je vous dirais qui vous êtes". Les étudiants qui s'orientent en philo parce qu'ils ont tout loupé ailleurs, et qui croient qu'ils vont pénétrer dans l'inconscient, qu'ils idéalisent à la frontière entre "j'suis sympa" et "j'aime le paranormal et la magie", échouent directement. C'est passionnant, mais je souligne que ce n'a aucun rapport avec ce que beaucoup croient, c'est mal connu parce que ce n'est pas enseigné dans le secondaire. C'est à peu près tous les renseignements que je peux vous fournir.

–Et bien, merci, mais comment tu sais tout ça ?

–J'ai lu beaucoup de livres pendant mon enfance, et je ne fais pas que dormir dans les cours ennuyeux de M. Colin.

–Et bien. Bravo, et merci beaucoup.

Je me lève et remets ma veste, il fouille quelques minutes dans son bureau, et en sort son portefeuille. Il me tend vingt dollars. Je n'ai pas vraiment envie de les prendre, mais vu le regard qu'il me lance. Je vais les prendre. Je me dirige vers la porte puis l'ouvre.

-Au revoir monsieur. Et merci.

–Merci à toi Mathéo.

Je sors rapidement, ça devenait vraiment bizarre. Je me cache derrière le distributeur de soda... on a un distributeur de soda ? Je vais en prendre un d'ailleurs. Deux minutes plus tard, il sort de son bureau. Pourquoi il amène une clé à la serrure ce connard. Non, ne la ferme pas !

-Bordel !

Oups. J'ai peut être, mais je n'en ai pas la certitude, d'avoir dit ça à voix haute. Je m'aplatis contre le mur. Quand j'ouvre les yeux, les yeux de mon directeur me regardent avec incompréhension. Chercher un mensonge. Vite. « -Mathéo ? –Bonjour monsieur. » Je suis con ma parole.

-Euh...je voulais un soda, nous on n'en a pas de machines, et j'en ai malencontreusement renversé sur mon tee-shirt.

Discrètement j'en renverse un peu sur moi. Tant qu'a mentir, le faire jusqu'au bout.

-Ah d'accord !

Il ricane, connard.

-Attends viens, j'ai des serviettes dans mon bureau.

Je relève la tête d'un coup. J'arriverais peut être à prendre ce que je veux prendre.

-Vous allez être en retard à vos rendez vous.

-Ah oui, tiens, je te passe ma clé, tu la redonneras à Mme Variez, au bout du couloir. Je te fais confiance Mathéo.

-Ne vous en faites pas.

Il me tend sa clé. Je n'aurais jamais cru qu'il me ferait confiance. Je l'attrape, et il part de l'autre coté. Au travail Mathéo. J'ouvre la porte de son bureau. Je ne prends même pas le temps de chercher les serviettes. Je me dirige vers son ordinateur. Je cherche dans les « Rachel » Il ne doit pas y en avoir des milliers ici.

Que des têtes de garçons s'affichent, je descends, descends, descends encore. Ah voilà ma Rachel. Je clique deux fois sur sa photo. Elle sourit. Je sors mon portable, et prend en photo la photo. Je range mon téléphone et clique sur son profil. Son nom de famille est « Spencer ». Je regarde son adresse. C'est ce qu'il me faut de toute façon. Parfait.

Je referme cette fenêtre de recherche, et remet tout en ordre. Je sors de son bureau, et ferme la porte à clé. Je vais voir madame Variez, la gérante de notre "vie scolaire". Je lui dépose la clé. A ma grande surprise, elle ne me demande pas d'explications. Je sors rapidement de ce bâtiment, puis de l'université. Je prends ma voiture est je m'en vais direction chez Rachel. 


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