Chapitre 6

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Elle est là, en train de lire des rédactions écrites par les élèves, ça lui fait passer le temps. C'était souvent comme ça. Quand Rachel se sent seule, ou pas bien. Son professeur la réconforte toujours.

C'est souvent silencieux entre eux, ils se comprennent comme ça. Etant donné que Rachel ne peut pas parler. C'est apaisant. Et là, elle tombe sur un nom plutôt familier. « Mathéo Smith ». M. Colin sait ce qu'il se passe entre eux. Il sait tout. Vraiment tout.

-Mathéo n'est pas un mauvais garçon Rachel.

Au fond d'elle, elle le sait. C'est pour ça qu'elle l'a choisit lui. Elle tourne la tête vers son professeur, et esquisse un joli sourire.

-Je pense que seulement, et uniquement, lui pourra te sortir de cette merde.

Elle baisse la tête, et pense, pense à tout, pense à sa vie, son passé, et ce que serait son futur si tout son passé était effacé. Pense à Mathéo, à son magnifique sourire, pense à sa voix roque, à ses bouclettes bien organisées, pense à ses deux prunelles vertes, pense à tout. Il a raison, seulement Mathéo pourrait l'aider.

Pourquoi Mathéo ? Et pourquoi ça ne serait pas lui ? Elle l'a choisi selon ses envies.

Je sors de l'amphithéâtre. Les yeux dans le vide, elle me regarde passer. Elle tire sur un mégot mille fois rallumé, et l'écrase par terre. Je m'approche d'elle et lui tend la main. Elle hésite, et finit par l'attraper.

Tous les gens autour de nous, nous dévisagent. Je m'en contre fou. Ses mains sont gelées. Ça ne m'étonne même plus. Elle me regarde sans aucune expression. Je sens qu'elle n'est pas bien à cet instant. Je sens aussi qu'elle a envie de s'enfuir. Mais qu'elle ne peut pas, je l'a tiens bien trop fermement, elle me supplie du regard de la lâcher, je ne sais pas, je ne veux pas, je ne peux pas. Elle a besoin de moi maintenant, je le sens, je ne sais pas pourquoi, mais j'en suis sur. Et sans que je m'y attende, elle s'effondre dans mes bras. Elle est inconsciente.

Je la secoue doucement. Je lui tapote la joue. A vrai dire, ça ne m'est jamais arrivé, que quelqu'un s'effondre dans mes bras comme ça. Je ne sais absolument pas quoi faire, bordel. Je la prends et la porte dans mes bras. Je ne sais pas du tout où je vais, mais j'y vais. J'affronte le regard des autres. En fait", ils sont surtout surpris, moi aussi d'ailleurs.

J'arrive devant ma chambre, j'ouvre la porte avec difficulté. Ma chambre est tellement mal rangée, que je n'arrive même pas à poser un pied par terre sans trébucher sur un de mes habits ou... une vieille peau de banane. D'ailleurs, c'est ce qu'il m'arrive, je tombe comme une merde avec Rachel dans mes bras, qui ne se réveille même pas. En même temps elle, elle a atterrit sur une pile de chaussettes propres, heureusement qu'elles sont propres d'ailleurs, et moi, la tête dans la poubelle.

Je n'ai jamais de chance, c'est fou ça. Je me relève vite fait, et la reprend, pour ensuite la déposer sur mon lit. J'enlève ses chaussures, et son manteau. Je rabats la couette sur elle. Je prends une chaise, et j'attends qu'elle se réveille. J'espère que ça ne va pas être trop long, parce que je meurs de faim. J'hésite même à manger la banane qui traîne par terre depuis au moins trois semaines, mais je me retiens.

J'ouvre les yeux. Le con, je me suis endormi. Je tourne ma tête vers mon réveil. 21h34. Ça fait cinq heures que je dors. Dans les films ça ne se passe pas comme ça. C'est le mec qui est réveillé avant la fille.

Parce qu'il veut la regarder dormir, et lui dire, quand elle se réveille qu'elle est mignonne quand elle dort. Mais tout est différent avec Rachel. Rachel, elle est où d'ailleurs ? J'observe ma chambre. Personne. Elle est partie ? Je m'étire. Et là... je suis une nouvelle fois sur le cul. Non. C'est impossible. Mes yeux sont écarquillés. Je me lève, et fait le tour de ma chambre.

Toute ma chambre est impeccablement bien rangée.Plus rien ne traîne par terre. Rien sur mon bureau. Plus de peau de banane, bon ça c'est plutôt un point positif. J'ai... J'ai une fenêtre. A vrai dire, il y avait tellement de choses qui traînaient devant, que je ne l'a voyait même plus. Je suis très bordélique. Le mot est faible.

Mon téléphone sonne. Et merde.

-Allô papa ? [...] –Quoi ? Non, pas maintenant. [...] -D'accord, j'arrive. [...] -Ouais, c'est ça, a toute de suite.

Je raccroche, et range mon téléphone dans ma poche de jeans. A ce moment là, je suis heureux, pour je ne sais quelle raison d'ailleurs. Je chope mes clé, enfile ma veste et prend la direction du bureau de mon père.

Il a l'habitude de travailler tard. J'arrive devant le lieu où mon père travaille. Il est avocat renommé. J'entre dans l'immeuble, et fait un signe de la main à Katarina, l'hôtesse d'accueil. Elle m'indique directement l'ascenseur, 4e étage. Je ne prends même pas la peine de frapper et entre directement. Il est derrière son bureau, devant ses papiers... de je ne sais quoi d'ailleurs. Puis au pire je m'en fou.

Quand il me voit, il se lève et me fait une brève étreinte. Mon père, grand, pas mal, et super bien bâti. Chez les Smith, c'est de famille. Il a les cheveux bruns, et des yeux verts, comme les miens.

-Tu as pu venir !

-Je n'avais pas vraiment le choix en même temps.

Je rigole. Il tire la chaise face à son bureau, pour que je m'asseye dessus. Quelqu'un frappe à la porte.

-Entre Gloria !

Gloria ? Ah...Gloria... Une brune super bien foutue, avec un décolleté, qui ne ressemble même plus à un décolleté remarque, et une jupe très courte... vraiment très courte. Elle dépose deux cafés sur le bureau. Quelle belle vue. Je regarde mon père, et vois qu'il profite, lui aussi de la belle vue.

Quel petit coquin. Comme on dit : Tel père, tel fils. Et là, je ne peux m'empêcher de rigoler... à haute voix. Ils se retournent tous les deux vers moi. Et je baisse la tête, toujours mort de rire. "Brunette" hausse les sourcils, et se casse. Frustrée. Merde, je n'ai pas assez profité de son décolleté. Je regarde mon père avec un sourire malicieux.

-Plutôt bien roulé ton assistante.

-Oh je t'en pris Mathéo.

Puis il se met à rire. Il reprend son sérieux au bout de deux minutes.

-Je suis fier de toi mon fils.

-C'est de l'ironie ?

-Je sais, c'est rare, mais je suis vraiment fier de toi.

-Ça fait plaisir à entendre, mais pourquoi ?

-Tu as eu de supers notes en philosophie, je crois que c'est la première fois de ta vie !

-Attends, tu me fais venir ici, à cette heure là, pour me dire...ça ?

-Oui ! Je suis tellement fier de toi fiston.

J'ai l'impression d'être pris pour un con, qui pour la première fois de sa vie à eu une bonne note. Donne moi une image papa, t'en que tu y es. Même une gommette, c'est mieux les gommettes. Bon c'est vrai que ça ne m'arrive pas souvent d'obtenir de bonnes notes. Mon égo est quand même flatté.

On a continué à parler pendant une heure. Puis je me suis rappelé que j'avais cours demain. Et qu'encore une fois, je vais être claqué. Et avoir de mauvaises notes. En fait, c'est à cause de mon père que j'ai des mauvaises notes. Je savais que je n'étais pas si con que ça. S'il ne me retenait pas aussi tard, je serais en forme le lendemain matin. 


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