Chapitre 8

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Je sens une légère brise qui me fait frissonner. Je m'enfonce un peu plus sous ma couverture. Pourquoi y a-t-il du vent dans ma chambre. J'entends ma baie vitrée claquée. Je sursaute et me cache sous ma couette. Ma conscience me crie que je suis une fillette. Elle a tort. Je suis un bonhomme. J'entends des pas. Bon ok, je ne suis pas du tout un bonhomme. Je suis terrorisé.

Quelqu'un soulève ma couette. Je tremble. Mon ravisseur retire ses chaussures. Pour quoi faire d'ailleurs ? Et il se hisse sous ma couette. Je suis un peu troublé. J'entends un léger gloussement. Et je sens une main tapoter mon épaule. Je me retourne et vois Vincent. Il sourit comme un con et rigole. Il a un sérieux problème ce gosse.

-Mec, j'ai envoyé chier Eleanor !

Il rigole de plus belle. Il me réveille en pleine nuit, en fou rire pour me dire qu'il a envoyé chier le plus beau cul de la fac. Il me désole. Mais son sourire radieux est contagieux. Je rigole avec lui.

-Raconte !

-Elle m'a dit qu'elle voulait se lancer dans quelque chose de sérieux avec moi.

-Et ?!

-Je lui ai dit qu'il faudrait mieux qu'elle se lance dans le porno.

Et là j'explose de rire. Ce mec est drôle à en mourir. J'avais besoin de rire. Ce n'est pas pour rien qu'il est mon meilleur ami. On a passé le reste de la nuit à se marrer.

Je me réveille avec une odeur spéciale. Très spécial d'ailleurs. Œufs pourris mélangés à des champignons décomposés j'aurais envie de dire. Ça pue vraiment. Quand j'ouvre les yeux, je sursaute et me tape la tête contre mon mur. Les pieds de Vincent sont en train de se balader sur mon visage. Il ose dire que c'est moi qui pue des pieds. L'enculé. C'est abusé.

-Vincent.

Aucune réponse.

- Vinceeent.

Aucune réponse.

-Vinceeeent putain réveille toi.

Oh, un mouvement. Mais toujours aucune réponse. Bon, je vais devoir agir. Je me lève et commence à sauter sur mon lit. Tel un gamin emmerdant.

-Vincent, Vincent, Vinceeeeeent.

Et je lui tombe dessus, et lui ébouriffe les cheveux, pour me venger de toutes les fois où il me l'a fait. Il grogne. Je rigole. Il grogne plus fort. Je le fait tomber sur le sol, et il me tire les pieds pour que je tombe avec lui. Connard.

-Tu te sens mieux, Smith ?

Il grogne encore.

-Oui, beaucoup mieux.

C'est rare que je sois de bonne humeur le matin. Mais ce matin c'est différent. C'est la nuit où mon pote venait d'envoyer chier dans les règles de l'art cette bonnasse pas si bonne. Donc il était de mon devoir de lui remonter le moral. Et me morfonde dans ma mauvaise humeur n'allait rien arranger du tout. Puis aussi...

-Math, tu m'écoutes ?

-Mm ?

-Je disais que j'allais sûrement te laisser mes chaussettes, et que tu les laveras et m'en passeras d'autres pour la journée. Et puisque tu n'as pas protesté, je prends ça pour un oui. Merci mon pote, ça fait plaisir de pouvoir compté sur toi, surtout qu'elles puent tellement. Mais ce n'est pas vraiment de ma faute, je n'ai pas pu prendre de douche hier soir a cause d'Eleanor. Donc voilà merci encore mon...

-Wow, wow, wow.

Je n'eus pas le temps d'en dire plus qu'il retire ses chaussettes et me les colle sur le visage. Bordel, c'est infecte cette odeur. Je les retire de mon visage et les jette dans ma poubelle. Elles atterrirent directement dedans. Je savais que j'étais douée au basket.

-Mais qu'est ce que tu fous ?

-T'as vraiment cru que j'allais faire ta ménagère ? Elles sont bien mieux ici, sincèrement.

Il grogne, encore. Il plaque sa tête au sol, et relève bien haut ses fesses. La même position que celle du lendemain matin du bal.

-Pourquoi tu me regarde comme ça ? C'est trop top comme position.

-Ouais si tu le dis.

Quel attardé. Je me relève et lui tape gentiment les fesses avec le bout de mon pied. Il s'étale comme une merde au sol. Je suis désespéré. Je roule des yeux, et commence à rigoler. Je me dirige vers ma baie vitrée et l'ouvre.

-Bah, tu vas où Mathou ?

-Chercher mon meilleur pote.

Il grogne. Moi par contre, j'explose de rire.

-Non je rigole, je vérifie juste que ma baie est fermé. Ce qui n'est pas le cas d'ailleurs, car monsieur a oublié de la refermer cette nuit.

-Désolé.

Je verrouille la baie, et lui fait un doigt d'honneur.

-J'ai dit que j'étais désolé.

-Je sais.

J'attrape un de mes tee-shirts blanc et un jean noir et part me changer dans la salle de bain. Quand je ressors, il s'est rendormi. Quel boulet. Je m'approche doucement de lui.

-Vin...Vinceeent...Bon tu me laisses pas le choix mon pote, désolé.

Je retourne dans la salle de bain, prends mon gobelet et le remplis d'eau gelé. Je reviens, et lui balance dessus.

-Putain !

-Bon moi j'y vais, fait en sorte d'étendre mes draps, et d'essuyer le sol, à plus tard !

C'est moi le connard en fait. Je ricane. Je m'éclipse vite en faisant en sorte de bien claquer la porte. 


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