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Je suis sortie de la salle de bain après seulement dix minutes, mais c'était assez pour qu'il se soit mis à l'aise. Il attendait, assis sur mon lit, les yeux rivés sur son téléphone. Pour la première fois, j'ai pris le temps de bien le regarder. Il avait les cheveux châtains et les yeux d'un brun très profond. Son visage ne dévoilait aucune émotion. On aurait dit qu'il en voulait à la terre entière, qu'il s'en voulait à lui-même. Jamais il ne souriait vraiment. Jamais il ne s'amusait. Il ne dévoilait que son célèbre petit sourire narquois, et ricanait du malheur des autres. Mais sinon, rien. Jamais. Je ne l'avais jamais vu heureux. Ni énervé, car même quand il devenait violent, il gardait toujours ce même regard vide, qui m'effrayait. J'avais l'intime conviction que je m'approchais un peu plus du but à chaque fois que je posais les yeux sur lui. Il me semblait comprendre un peu mieux comment il fonctionnait. Mais cette bonne nouvelle ne devait pas me détourner de mon objectif : faire succomber Aiden avant qu'il ne le fasse.

- Il va être l'heure, murmurais-je.

Il sursauta, leva la tête et remit rapidement son téléphone dans sa poche.

- Et alors? Cracha-t-il.

- Je ne sais pas, je disais juste qu'il était presque minuit.

Je ne savais pas vraiment si j'étais vexée qu'il insiste pour rester avec moi pour le réveillon mais refuse de me souhaiter une bonne année, ou si j'étais juste énervée contre moi-même d'encore penser qu'il pourrait être gentil. Alors j'ai baissé les yeux. Je suis restée stoïque, à jouer avec mes doigts, jusqu'à ce que je sente une main venir caresser la mienne. Instinctivement, j'ai reculé.

Il m'a montré sa montre. L'aiguille se dirigeait vers le haut. Il restait moins de 10 secondes avant minuit. Neuf secondes. Huit secondes. Sept secondes. Six secondes. Cinq secondes. Quatre secondes. Trois secondes. Deux secondes. Une seconde. Et alors que j'entendais l'horloge du hall d'entrée retentir, nous laissant savoir qu'il était l'heure, Aiden m'a prise dans ses bras et m'a serrée très fort. Je ne l'ai pas repoussé, mes bras pendaient sur le long de mon corps, je sentais sa chaleur contre ma peau froide. Lorsqu'il m'a enfin lâchée pour observer ma réaction, je n'ai pas vraiment réussi à parler, parce que je ne comprenais pas pourquoi il avait fait cela.

Je suis passé à côté de lui et je me suis assise sur mon lit, pour éviter de devoir me justifier, ou répondre à une autre de ses questions toujours plus gênantes et délicates. Mais il s'est assis à côté de moi et est resté silencieux quelques minutes avant de reprendre la parole.

- Bonne année, je suppose. Ricana-t-il.

- Merci, bonne année à toi aussi.

- Je peux te poser une question un peu indiscrète? Ajouta-t-il.

- Tu ne sais pas poser autre chose que des questions indiscrètes de toute façon.

Il prit le temps de réfléchir quelques secondes. Quand il se rendit compte de la pertinence de ma remarque, il hocha la tête et continua.

- Tu voudrais que tes parents soient là plus souvent?

- Oui et non. Parce que je suis habituée donc ça ne me dérange pas vraiment.

- Mais comment tu faisais quand tu étais petite?

- Avant, on avait un genre de gardienne. Et quand j'ai eu seize ans, l'été passé, mon père m'a dit qu'elle ne viendrait plus parce qu'il voulait que j'apprenne à me débrouiller seule, que je devienne responsable, tout ça quoi. Alors il m'a ouvert un compte banque, il me demande de l'aider chaque été dans le cadre de son travail et en échange il s'assure que je puisse avoir ce que je veux. Voilà ! Riais-je.

- Ils travaillent dans quoi, tes parents?

- Ils n'aiment pas trop parler de leur travail avec moi, ils disent que c'est mieux que je profite de ma jeunesse et que je me concentre sur mes études avant de comprendre dans quel monde difficile ils travaillent. Mais je sais que ça se passe à l'étranger la plupart du temps. Et que c'est en rapport avec les armes, ce genre de choses.

- Alors tu ne les vois jamais? Tu n'as pas de frères et soeurs?

- Si, ils reviennent de temps et temps, pour me dire bonjour et reprendre quelques affaires. Mais pas souvent. Et non, je n'ai ni frères ni soeurs. Mais tu ne veux pas me parler de ta famille plutôt? Demandais-je en tournant la tête vers lui.

Son visage se ferma complètement, il baissa les yeux. Il me répondit qu'il était fatigué. Alors je lui ai proposé de dormir sur le sofa, dans le salon. Il a acquiescé et est sorti sans rien ajouter.

Hello tout le monde,

Voilà le chapitre 11. J'espère qu'il vous plaît, laissez un petit commentaire, ça me ferait super plaisir !

Sarah

Fallen AngelsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant