Jamais tu ne vivras un atome de mon cauchemar

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« Elle est là, elle est enfin là !»
« Benti, benti elle est tellement belle »
« Tonton Jiji, vous allez l'appeler comment ?»
« On va l'appeler Maïssa ma chérie.»

J'ai rêvé de ce jour depuis toute petite, al hamdulilah il est enfin arrivé. Malgré tout j'aurais aimé que Baba, mes frères et Maï soient là, avec nous, pour ce merveilleux moment. Mais ils nous regardent de là-haut, avec Allah je le sais.

Depuis ma sortie de l'hôpital j'ai pas arrêté de l'admirer. Mes yeux brillaient à sa vue, elle est tellement belle. Elle a les yeux de sa mère et le sourire de son père. C'est le nouveau rayon de soleil de ma vie. C'est ma fierté, notre fierté.

On passe le seuil de la porte et Najib passe sa main autour de mes épaules. Il nous regarde à tour de rôle et chuchote à sa fille : « Bienvenue chez toi ma princesse».

J'admire l'amour qu'il nous porte à travers son regard. Baba avait le même lorsqu'il regardait Mama, et lorsqu'il regardait ses enfants. Le voilà le vrai bonheur, celui que j'ai toujours cherché. Rien ne sert d'être riche, beau ou artificiel, ce bonheur : c'est ça ma vraie richesse.

Maïssa s'est endormie, je la pose dans son berceau tout neuf puis rejoins Najib sur le canapé. Je pose ma tête sur son épaule, et le regarde, avec un immense sourire. Je ferme les yeux en sentant ses mains caresser mes cheveux. À ce moment-là je repense à tout. A toute ma vie, à mes galères, à mes chagrins, aux pires moments mais aussi aux plus beaux : les sourires de Maï, les bagarres de Nabil et Yassine, les confidences de Maryam et Smahane, les tendresses de Mama et Baba, les moments avec Najib, les paysages de mon pays, à présent si lointain... À l'époque jamais je n'aurais cru vivre ce moment-là.

Pour mieux comprendre mon histoire, il faut remonter 14 ans en arrière.

À travers les paroles d'une enfant palestinienneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant