|8 septembre 2003|
L'été 2003 est passé, en France, pour la deuxième fois - nous sommes arrivés en France vers janvier 2002, ça fait donc un an et demi que nous sommes ici -, j'ai fêté mon anniversaire dans notre nouvel appartement et Mama m'a fait un petit gâteau histoire de marquer le coup, c'était le meilleur de toute ma vie sachant que je ne l'avais jamais fêté. C'était le 24 juin et j'ai maintenant 12 ans.
Aujourd'hui, c'est la rentrée, ma toute première rentrée dans une toute première école, la toute première fois de ma vie. Najib, Mehdi et moi on sera en 6ème, même si Mehdi a l'âge d'aller en 4ème, il n'a pas le niveau mais il est quand même content.
Le collège est à 10 minutes en face de notre bâtiment, donc on y va a pied - tant mieux, ça fait économiser de l'argent à Mama, qui ramène Yassine en bus et part directement au travail -. Sur le chemin, on est stressés mais tout contents ! La dame qui nous faisait des cours nous a offert des sacs à dos chacun, ils sont bon-marché mais pour nous ils sont magnifiques ! C'est tellement gentil de sa part, je l'aime beaucoup. Mama a essayé de nous acheter des cahiers et quelques stylos pas chers, car on en a absolument besoin, a dit Bassir. Najib, lui, c'est sa maman qui lui a acheté quelques outils pour l'école, et à sa petite sœur aussi, qui est à la même école que Yassine [elle a 8 ans, Yassine, 7 à présent].
On arrive au collège, il y a pleins d'enfants comme nous, des filles qui se font des câlins, contentes de se retrouver, des garçons qui se battent pour jouer, pleins de groupes qui discutent entre eux, certaines personnes disent bonjour à d'autres. J'aime beaucoup l'ambiance. Par contre, nous, on arrive tels des martiens, au milieu de tous. On ne sait clairement pas où se mettre. Certaines personnes nous dévisagent, je ne sais pas pourquoi. Sur le coup, j'ai pensé à nos sacs et nos vêtements, "bon-marché" parce que eux, ils ont de beaux vêtements, de beaux sacs avec écrit Reebok ou Eastpack dessus. Je ne connais même pas ces marques.
Un regroupement se crée, on "suit le mouv'" comme ils disent. C'est une femme âgée qui appelle des noms en fonction des classes :
« Sixième 1 : Bounay Anouar, Charles Hugo, Cazar Sofia...»
Elle appelait plusieurs noms, elle passe à la 6ème 2 et j'entends "Malak Mehdi", c'est mon frère ! Il va donc rejoindre la classe. Et elle continue, et là j'entends "Seyfu Najib", il rejoint aussi la classe et Mehdi, mais moi je n'ai pas été appelé. Je ne comprends pas, il doit y avoir une erreur. La dame continue jusqu'à la 6ème 6 et j'entends mon nom. Oh non ! J'suis pas dans la même classe qu'eux. Sur le coup, je stresse un peu car je suis séparée d'eux, je croyais qu'ils nous mettraient ensemble...Toutes les classes montent avec leur professeur respectif. On arrive dans une salle, tout le monde court pour choisir sa place, sauf moi. Ils finissent de s'installer et il reste une place sur le devant à droite, près de la fenêtre. Je m'installe, près d'une fille, seule comme moi. La prof commence à parler, elle s'appelle Mme Cotillon, elle nous explique le déroulement des cours, comment fonctionne un collège. Je vous avoue que certains mots, je ne les comprend pas mais j'essaie de me concentrer du mieux que je peux. La fille à côté de moi me touche l'épaule pour m'appeler :
« Salut, moi c'est Leila, comment tu t'appelles ?
- Je m'appelle Naïla.»
Je me retourne pour écouter les paroles de la prof mais elle me rappelle.
« Tu as quel âge ?
- J'ai 12 ans, et toi ?
- Mais t'es grande ! T'as redoublé? Moi j'ai 11 ans.
- Hm, oui. [sincèrement je ne savais pas ce que voulait dire ce mot, redoubler, j'ai répondu oui comme ça]»
Encore une fois, j'écoute la prof, et heureusement, elle s'arrête de parler pendant un moment.
« Tu viens d'où ? T'as un accent bizarre, t'es pas d'ici toi ?
- Non, je suis arrivée de Palestine il y a un an.
- Ah bon? Moi je suis syrienne, je suis venue aussi lorsque j'avais 5 ans.
- C'est vrai ? Donc tu sais parler arabe ?
- Oui, bien sûr ! S'il y a un truc que tu ne comprends pas, dis-le moi je te traduirais.
- Merci beaucoup, c'est gentil!»Le "cours" finit, on se lève tous pour aller vers la récréation, et là, j'entends quelques chuchotements :
....
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À travers les paroles d'une enfant palestinienne
General FictionÂgée de 10 ans, Naïla a déjà surmonté tant d'épreuves auxquelles peu d'enfants ne le peuvent. Pourtant, sa foi et son espoir n'ont cessé de grandir au fur et à mesure du temps et elle doit faire face à de nombreux et tout nouveaux obstacles. À trave...