Partie 4 : Quatrième Pointes

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Pov Matthew :

Quel phénomène !

Le souvenir de ses grands yeux bleus et de ses cheveux blonds me troublait toujours.

Vénitien. Pas blé.

Elle lui ressemblait tellement...

Je me repris : j'avais décidé de tourner la page et j'allais tout faire pour que cela se réalise.

Comparer Joy avec d'autres femmes était, dans le classement des choses, à ne pas faire.

-Matt ? Tu m'écoutes ?

Je me retournai vers Patrick, mon associé et hochai la tête en sa direction.

-Bien sûr.

-Je disais donc que notre nouveau contrat commence dans deux jours.

-Madame Vannesson, c'est ça ? -Fis-je en tendant les mains pour m'emparer du dossier.

-Exact. C'est une femme d'une trentaine d'années qui a décidé de porter plainte après des années de maltraitance de la part de son mari. Elle exige la garde exclusive de ses enfants.

-Elle l'aura. -Dis-je avec fermeté.

C'était mon premier contrat de l'année et je n'accepterai pas que cette pauvre femme se retrouve entre les mains de ce monstre.

Concentre-toi sur ta mission...Oublie le reste.

Prenant place sur une chaise, Patrick se frotta les yeux, ses lunettes bleues sagement posées sur le bureau.

-Dure nuit ? -Demandai-je avec gentillesse.

-Ne m'en parle pas : Max vient tout juste de commencer à faire ses dents. Impossible de trouver quoi que ce soit pour le calmer.

J'eus pitié de lui et lui adressai une grimace compatissante.

-Navré.

-Ça en vaut la peine...crois-moi, je ne regrette pas toutes ces nuits blanches. Mon fils est un ange, comme l'était sa mère.

Annika est morte en couche, brisant le cœur de Patrick et le laissant seul avec un fils à élever. Rien ni personne n'apaisera la douleur de ce veuf mais son fils ne serait jamais délaissé.

Je réprimai un bâillement d'ennui, et décidai de m'octroyer une petite pause.

Voir Maryane aussi épanouie me rendait heureux : elle et Shira avait enfin l'avenir paisible dont elles rêvaient.

La danse les avait réunies, là où elle avait séparé mon couple.

Joy n'était pas sensible à mes penchants artistiques : ma passion pour la danse classique avait sonné pour elle comme une réelle perte de temps.

Heureuse scientifique, elle ne m'avait jamais soutenu, ne m'avait jamais encouragé à aller plus loin...ne supportait pas que je parle de mes chorégraphies.

Ce n'était pas par méchanceté : Joy n'y voyait sincèrement aucun intérêt.

Je n'arrivais pas à enlever son image de ma tête. Jour comme de nuit, le fantôme de Joy le poursuivait inlassablement, prêt à tout pour que je craque.

Il faut que tu me laisses vivre, Joy...

J'observai avec intensité la petite bouteille d'eau minérale qui trônait sur le bureau, rêvant d'un bon vieux Whisky.

Maryane pensait que j'étais clean...

Elle avait terriblement tort ; dès que je le pouvais, je plongeais joyeusement, tête baissée dans l'alcool dans l'espoir de trouver enfin la tranquillité.

"...un verre d'eau."

Julie.

La jolie blonde du bar s'appelait Julie.

Ce n'était pas une de ses éternelles bimbos qui m'exaspéraient : l'intelligence brillait dans ses yeux bleus clairs.

Son mauvais caractère et la flamme dans son regard m'avaient fait sourire : c'était un petit phénix, encore chétif et adorable qui voulait me brûler avec ses braises ardentes et ses répliques grognons.

Pour la première fois depuis que ce drame me suivait...j'avais souri.

J'étais détendu...calme.

Et ce n'était pas grâce à mon petit verre de Scotch.

Je ne la reverrais plus...Pense à autre chose, Parrish.

Soupirant, je déboutonnai la manche de mon costume d'un geste machinal, trop cérémonieux pour que cela me plaise.

Mes éternels T-Shirt gris, mes jeans troués et mon blouson en cuir me manquaient.

La danse, la musique assourdissante qui hurlait dans mes oreilles et la tension de mes muscles me manquaient.

Arrête de geindre... Tu mérites ce qui t'arrive.

Dans l'eau trouble de ma bouteille, je crus voir le reflet de ses cheveux de blé...

Ses lèvres me souriraient toujours.

-Matthew...? Je peux entrer ?

Je levai les yeux vers la porte et cessai d'écrire.

-Rentre, Ambre.

Une jeune femme à la coupe garçonne et aux grands yeux bruns entra dans la pièce, ses hauts talons noirs claquant sur le sol.

-Alors ? Ça avance ce dossier ?

Je haussai mes épaules dans un geste désinvolte.

-Cet homme est un vrai salopard.

-Comme la plupart des pourritures de cette Terre. -Me dit objectivement la jeune femme.

-Les dégâts qu'il a créés...Cette pauvre femme a subi plusieurs interventions chirurgicales : des côtes brisées, le visage défiguré, des enfants terrifiés et de l'argent à rembourser.

Baissant les yeux sur la dernière photographie prise en date, je réprimai un excès de violence.

-On ne peut pas changer le cours du temps, Matthew...

-Elle a le cancer, Ambre. Cette femme se bat tous les jours contre la maladie et contre son salopard de mari. -Dis-je d'un ton sec et ferme.

-Tu gagneras ce procès...Je suis sûr que tu le peux.

-Il est hors de question que cela se passe autrement. -M'écriai-je en reculant mon siège. Tu voulais quelque chose ? -Demandai-je avec plus de calme.

Ses joues rosirent et pour la première fois depuis que je la connaissais, Ambre me parut fragile...timide.

-Tu fais quelque chose, ce soir ?

Oh non...Tout mais pas ça...

-Ambre...-Fis-je d'une voix douce. Je suis désolé, je ne suis pas un homme doux et attentionné comme tu aimerais que je sois...Je ne peux plus aimer, tu comprends ? C'est impossible pour moi.

L'air de retenir ses larmes, la jeune avocate me répondit par l'affirmative, avant de tourner les talons et s'enfuir en courant.

Je ne voulais pas que ça se passe comme ça...

Les choses ne se passaient jamais comme prévu.

-Merde... 

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Petit chapitre avec un Matthew songeur ^^ 

Qu'en avez vous pensées ? 



Arabesque (tome 2) : Après deux ValsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant