Partie 8 : Huitième Barre

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Pov Matthew :

Je fermai la porte dans un cliquetis sec, silencieux.

Mon appartement semblait vibrer sous les cadavres de bières entassées et des morceaux de verre éparpillés s'étendaient sur le tapis, me rappelant mon comportement furieux de la veille.

C'est de ta faute...tout est de ta faute.

Je jetai ma veste sur le canapé et me dirigeai vers le frigo, bien décidé à demeurer serein ce soir-là.

Tu l'as tuée...

Ma main se crispait autour de mon assiette.

A cause de toi, Shira passera le reste de sa vie dans un fauteuil roulant...

Les mots de têtes chroniques qui me persécutaient jour et nuit reprirent, s'insinuant à l'arrière de mon crâne.

A quoi sers-tu au juste...?

"Laisse-moi descendre, Matt !"

Pourquoi ne l'as tu pas écoutée ? Pourquoi as-tu pris ce volant ? Que cherchais-tu à prouver ?

"Matt..."

L'assiette se fracassa contre terre, se brisant en mille morceaux.

"MATT !"

Merde !

Mes poings se serrèrent et, tentant de garder la tête froide, je m'abaissai pour ramasser les éclats de porcelaine et la nourriture gâchée.

Une des petites pièces entaillait mon poignet et je regardai le sang s'égoutter lentement sur le sol.

La douleur physique avait son effet double tranchant : soit elle avait le pouvoir de me faire oublier...soit elle ravivait ma mémoire avec une nouvelle clarté, trop vive pour être indolore.

Fasciné par ce filet rouge, je restai un mouvement sans bouger, seulement éclairé par la lumière perçante du frigo.

"MATT !"

J'haletai et fermai les yeux avant de violemment claquer la porte, gardant une main dessus.

Je t'en prie, Joy...Laisse-moi vivre.

"-Laisse-moi descendre, Matt ! Tout de suite !

Ma tête se fit plus lourde au fur et à mesure que les cris de Joy s'intensifiaient.

-Matt ! Matt, laisse-moi descendre !

Pourquoi est-ce que sa voix me paraissait si faible ?

Le paysage devant moi se fit trouble, trop pour que je puisse voir quoi que ce soit. Les arbres tourbillonnèrent devant mes yeux et la ligne blanche disparut, remplacer par d'étranges points noirs.

-Matt !

J'étais si fatigué...

-MATT !

Le cri de Joy me fit ouvrir les yeux.

Trop tard.

Ma voiture s'encastra dans celle d'une femme terrifiée."

Des larmes se déversèrent sur mes joues et je me mis à gémir.

"Du sang.

Des larmes.

Des cris.

Des gémissements.

Le néant."

Arabesque (tome 2) : Après deux ValsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant