Partie 9 : Neuvième Inversion

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Pov Julie :

Je tentai de faire abstraction de la sueur qui mouillait ma nuque, soufflant comme un bœuf en essayant de garder le peu de dignité que je pouvais espérer avoir.

Les moues hilares de mes amies danseuses me donnèrent la nausée.

-Regarde-là...elle n'y arrivera jamais. -Chuchota l'une d'entre elles.

Je serrai les dents et me concentrai plus fort, détendant mes muscles.

-Julie, ma petit Julie, ce que tu peux être obstinée. Si tu n'es pas grosse, dis-moi donc, pourquoi tu n'arrives pas à enchaîner cette chorégraphie ?

La voix de Madame Muller était d'une douceur trompeuse, et ses mots susurrés me firent l'effet d'un brasier me tuant, m'intoxiquant plus chaque minute.

-Je ne sais pas, Madame.

-Tu le sais très bien ; combien de fois devrai-je te répéter que tu es obèse. As-tu déjà vu un cygne gras ?

Ma gorge se serra.

-Non, Madame.

-Crois-tu qu'un cygne gras arriverait à être gracieux ?

-Non, Madame.

-Penses-tu qu'un cygne gras aurait sa place avec les autres cygnes ?

Arrêtez cette humiliation...c'est injuste.

-Réponds. –Hurla-t-elle soudainement en claquant sa main contre la barre.

-Non.

-Non, qui ?

-Non, Madame.

-Nous sommes donc d'accord sur ce point. -Me dit-elle avec le sourire. Tu n'es pas une simple d'esprit, ma petite Julie. Tu as des yeux qui te permettent de voir cette horrible différence.

Je ne suis pas...Je ne suis pas grosse.

Je rentrais dans un petit 36, je ne mangeais que des produits bio et équilibrés, et je pratiquais la danse 7/7 jours.

Mais en regardant les autres danseuses...

Si maigres et si gracieuses.

Peut-être que je le suis vraiment...

Peut-être que j'étais réellement grosse, après tout.

-Aucune école de danse ne te prendra avec un poids pareil, sache-le.

Elle se mit ensuite à soupirer.

-Allez, file. Je ne veux plus voir une danseuse obèse dans mes salles de danse.

Les larmes aux yeux, je sortis de la salle en courant, m'enfermant dans le vestiaire.

Quelle plaie !

-Julie ?

Je levai ma tête et vis Aaliyah, sourcils froncés.

-Tout va bien ? -Me demanda t-elle en attachant ses cheveux. Pourquoi es-tu assise par terre ?

-Je n'y arrive pas, Aly. Je suis trop grosse. -Soufflai-je en baissant le regard.

Je la sentis se baisser à mon niveau, touchant précautionneusement mon bras.

-Hey...Tu n'es pas grosse, Julie. Ne les écoute pas.

-Je dois rattraper mon retard...Je dois impérativement avoir le niveau des autres.

Arabesque (tome 2) : Après deux ValsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant