Partie 32 : Trente-deuxième En l'Air

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Pov Matthew

Je frottai énergiquement mon visage, les muscles raides.

Soudain, mon téléphone vibra et, rempli d'espoir, je me précipitai pour le déverrouiller.

Numéro inconnu.

"Matthew, c'est Aaliyah. Julie est aux urgences : elle vient de faire un malaise. Je pensais que même si tu étais parti, tu aimerais être au courant... S'il te plait, ne la laisse pas se détruire. Ramène-moi mon amie d'avant. Je t'en conjure, Matt, ne la laisse pas mourir."

Le sang quitta mon visage et, affolé, je pris les premières affaires qui me tombaient sous la main, pliant bagage aussi vite que je le pus, courant presque dans les couloirs.

Je vis Mary en pleine répétition et n'hésitai pas une seule seconde.

- Je pars.

Elle s'interrompit, clignant des yeux.

- Quoi ?

- Julie vient de faire un malaise. Je rentre prendre soin d'elle. Les Black Snake iront se faire voir : je me chargerai moi-même de sa sécurité. J'avais tort, horriblement tort ; rien ne compte plus que d'être auprès d'elle. J'avais commis l'erreur de la laisser aussi vulnérable et j'en paie maintenant le prix. Merci de m'avoir accueilli, je t'en serai éternellement reconnaissant, mais je dois retourner en Angleterre. Où est ma place.

- Enfin ! -Fit la voix de Shira dans mon dos. Ne traîne pas, elle a besoin de toi Parrish.

Je hochai la tête, partant sans un regard en arrière.

Ma femme avait besoin de moi.

- Puisque je vous dis que je suis son petit-ami !

- Mademoiselle Aindreis ne souhaite pas vous voir, Monsieur. -Fit le médecin qui s'occupait de mon petit oiseau.

- Dites-lui que c'est important ! Je dois la voir. -Dis-je en voulant contourner l'homme pour passer.

- C'est impossible, je vous le répète.

- Elle est tout pour moi ! Si vous ne me laissez pas passer je vous jure que...

- Si vous continuez, j'appelle la sécurité.

Savoir que Julie ne voulait pas me voir me rendait fou.

- Je l'aime ! Elle a besoin de moi !

- Elle a surtout besoin de beaucoup de repos. Ça et une nourriture correcte. Vous risquez de la perturber plus qu'autre chose. Si vous l'aimez autant que vous le proclamez, laissez-la se reposer.

Je serrai les dents, prêt à en découdre.

- Bien. Ok. Je comprends. Si jamais elle change d'avis, si jamais elle a besoin de quoi que ce soit...

- Je vous ferai signe.

J'attendis dans la salle d'attente, les yeux rivés vers la porte.

- Matthew ?

Je me tournai et vis Aaliyah, un café fumant dans les mains.

- Tu es venu. –Observa-t-elle en s'approchant.

- Je ne m'étais pas rendu compte des dégâts que je causais en la laissant seule... Si j'avais seulement su, je ne serais jamais parti.

- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, mais cela l'a complètement anéanti. On aurait dit un robot : elle se levait, dansait, se couchait. Julie s'est refermée sur elle-même.

Je baissai les yeux, honteux.

C'est de ta faute... Tu as le don pour détruire tous ceux que tu aimes.

- J'ai paniqué en réalisant ce qu'elle représentait pour moi. C'est con, je sais, mais c'était plus fort que moi.

Elle me sourit, hésitante.

- Elle pensait que ce n'était qu'un jeu pour toi. Que tu l'avais trahie après avoir obtenu ce que tu voulais d'elle.

- Jamais ! Julie représente tout pour moi. Cela n'a jamais été un jeu.

Comment avais pu t-elle croire une chose pareille ?

Elle me maintenait en vie.

Sans elle, j'étais perdu. Je ne valais plus rien.

- Raconte-moi ce qu'il s'est passé. Je veux connaitre l'ampleur de sa descente en enfer. Absolument tout.

- Tu es sûr de toi, là ?

- Oui.

Ma voix était ferme.

- Ok... Au début, Julie semblait réticente à faire autant de sacrifices. Puis, du jour au lendemain, elle a cédé sous la pression. Elle s'est mise à louper plusieurs repas d'affilée, dormait peu et dansait jusqu'à ce que je la retrouve endormie sur le sol. Au fil des jours, elle s'est affaiblie, jusqu'à vomir à chaque entrainement, rentrant en chancelant, des cernes sous les yeux. Elle est... extrêmement maigre. Comme si cela ne suffisait pas, notre professeur l'encourageait à aller toujours plus loin : Julie est allée voir Iris, une des danseuses et l'a suppliée de lui donner du Best Life.

- Du quoi ?

Aaliyah se mit à déglutir.

- Toutes les danseuses en ont. C'est une boite de pilules amaigrissantes qui marche plus que bien. Malheureusement, les effets secondaires sont terribles. Julie en prenait trop et ne mangeait plus. Le traitement était trop brutal pour quelqu'un d'aussi faible... –Murmura-t-elle d'une voix chevrotante.

Putain...

Je tirai violemment sur mes cheveux, essayant de garder mon calme.

- Pourquoi ne m'as-tu pas prévenu avant, bordel ! J'aurais pu agir, nous aurions dû agir bien avant qu'elle ne craque ! -Hurlai-je en la fusillant du regard.

Apeurée, celle-ci recula.

- Elle ne voulait rien savoir et qu'étais-je supposée penser ? Tu avais disparu du jour au lendemain ! Qui me disait que tu n'étais pas un connard insensible ? Qui me disait que je pouvais te faire confiance ?

- Tu n'avais qu'à essayer ! -Rugis-je, désespéré.

- Je ne suis pas la seule à avoir commis une erreur. Le plus important à présent c'est d'être là pour elle et de lui faire prendre conscience qu'elle ne peut plus continuer comme ça.

Je confirmai de la tête.

- Je reste là.

Je vais réparer le mal que je t'ai fait, mon petitoiseau. Je te le promets. 

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Etant d'une humeur particulièrement généreuse... nouveau chapitre ! 

Qu'en pensez vous ? ^^



Arabesque (tome 2) : Après deux ValsesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant