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Je ne pus fermer l'œil ; toutes les informations que j'avais reçues aujourd'hui, m'avaient plus chamboulées que je ne voulais l'admettre.

Soudain, je me sentis bizarre. Un trajet s'était tracé dans ma tête, et je voulais absolument me rendre à l'endroit qui m'était indiqué. Je ne compris pas ce qu'il m'arrivait, et pourtant j'obéis aveuglement à cette idée soudaine.

Je m'assis sur mon lit, et rejetai les couvertures. Je posais mes pieds parterre, sur le carrelage froid ; c'est à peine si je le sentis. Je me levai, et marchai dans le noir. Je ne connaissais pas cet endroit, mais je parvenais à me déplacer dans le noir avec une facilité qui m'effraya.

J'arrivai devant ce que je crus être une porte, et ma main se leva d'elle-même, et tapa un code, que je ne connaissais pas. Étais-je possédé ?

La porte s'ouvrit silencieusement, et mes jambes m'y emmenèrent. Je me retrouvai devant une vitre, et de la lumière s'alluma dans la pièce que la vitre séparait.

La jeune fille était assise sur une chaise, au milieu de la pièce, dos à moi. Un simple lit était disposé au fond de la pièce, contre les deux murs, et un lavabo à côté.

– Bonsoir, Lassa Elros, me dit-elle de sa voix cristalline.

Je sursautai, surpris ; lui avait-on dit mon nom avant que je n'arrive ?

– Non, ils n'ont pas pris la peine de m'informer de quoi que ce soit, répondit-elle à ma question silencieuse. Mais leurs pensées parlent pour eux.

– Que...quoi ? Je ne devrais même pas être ici..., marmonnai-je.

– Oui, je sais, c'est moi qui t'ai prié de venir, me dit-elle en se tournant vers moi. Enfin, je t'ai suggéré qu'une petite excursion serait plus amusante que de te morfondre de questions dans ton lit.

Je regardai ma main ; je pouvais de nouveau la mouvoir à ma guise, sans qu'elle ne me résiste, ou qu'elle agisse d'elle-même. Comment cette fille avait-elle pu me contrôler de si loin ?

– Quel est ton pouvoir ?, lui demandai-je un peu trop brutalement.

– Pourquoi te le dirai-je ?, demanda-t-elle d'une voix hautaine. Pourquoi le dirai-je à un inconnu alors que je m'efforce de le cacher aux autres ? Pourquoi aurai-je confiance en toi ? Je suppose que tu n'es pas stupide, après ce que tu as pu voir, tu as sans doute pu deviner une partie de mes dons.

– Une partie ? Tu en as plusieurs ?

Elle me foudroya du regard et se tourna à nouveau dos à moi.

– Tu peux repartir, je n'ai plus envie de parler, déclara-t-elle froidement.

– Quoi ? Tu as commencé à parler, alors continu, je suis désolé si j'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas...

– Je croupis ici depuis longtemps, et je ne suis pas prête de partir. Ils veulent la totalité de mes capacités, et si je t'en parle, ils finiront par le découvrir.

– Ok, mais pourquoi m'avoir appelé ?

– Tu as des questions, je veux bien répondre à quelques-unes.

Je la regardai, perplexe ; oui j'avais des questions, mais par quoi commencer ?

– Tu...parlais de l'Extérieur ? Qui y a-t-il là-bas ?

Je la vis esquisser un petit sourire, et elle se retourna face à moi.

– Là-bas, il n'y a que mort et destruction. C'était l'ancien monde, dit-elle en s'attristant.

– J'ai du mal à saisir...

– Je ne sais pas comment mieux vous expliquer, cette question est clause. 
   
– Quoi d'autre ?

– Je ne sais pas...

Une alarme retentit soudainement, me faisant sursauter. La fille me dévisagea, et me fis signe de partir. Je me sentis de nouveau possédé, et me rendis jusqu'à ma chambre, tout en évitant le personnel surexcité. Je me rallongeai, et fermai les yeux, de crainte que quelqu'un sache que je n'étais pas dans ma chambre quelques minutes plus tôt.

Quelqu'un toqua à ma porte ; j'ignorais, pendant quelques instants, faisant comme si je dormais, mais lorsque la personne derrière la porte commença à s'énerver, je me levai en grognant, et en ouvris la porte en plissant les yeux, éblouis par les lumières.

Je vis Martha Hans, les traits tirés, qui me dévisageait, un air sévère sur le visage.

– Qui y a-t-il ?, demandai-je en prenant une expression agacée et une voix hautaine, pour bien lui faire comprendre qu'elle me dérangeait.

– Il y a eu une alerte intrusion, et je voulais vérifier que vous étiez dans votre chambre, me dit-elle en me regardant de travers.

– Et bien oui, j'y étais et vous m'avez réveillé.

Elle marmonna des excuses confuses et repartit en me souhaitant une bonne nuit.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant