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Je courai, sans m'arrêter. Je me sentais vide, mais libre, et ce sentiment de liberté, me libérait d'un fardeau énorme, que j'avais porté pendant nombre d'années ; le poids des responsabilités.

Quelques années plus tôt encore, je faisais tout pour être le digne fils d'Adrian Elros, je voulais qu'il soit fière de moi, et qu'il me remarque...

Mais rien du tout, aucune reconnaissance, aucun encouragement, rien. J'en ai pris conscience après ma rencontre avec Kaliska ; il porte un masque qu'il exibe, en se faisant passer pour un homme attentionné, aimable et raisonnable, mais voilà, le masque finit par se briser, et Kaliska n'a pas manqué de me le faire remarquer, et ce même masque se brisera par la suite, devant le monde entier, et je crois que c'est en partie à moi, de m'en charger.

Mon sois disant père, qui soit dit en passant, ne merite même
pas le titre de "père" ( je crois que géniteur serait le mot le plus significatif, certes brutal, mais qui définit mieux le personnage... ) n'était qu'un homme d'affaire qui me parlait de réussir mes études, et devenir un homme politique. Jamais il ne se souciait de mon état de santé, de mes amis, de ma vie quoi ! Il voulait juste que je devienne un homme politique comme lui, et que je prenne sa relève. Désolé, mais je ne fonctionne pas comme ça. J'avais pris le bon choix ; je ne fuyais pas, je prenais juste ma vie en main...

Un détail me frappa soudainement ; je n'étais plus très loin de la frontière avec l'Extérieur, et la muraille gardée par l'armée, qui l'en séparé d'Oregon. Où est-ce que je vais au juste ? C'est bien beau de partir, mais je partais sur un "coup de tête" si on puit dire, je n'avais rien planifié... D'un coup, je me sentai bien stupide et désemparé.
Je me hâtais de rejoindre la muraille, en prenant soin de m'écarter des soldats qui la longeaient sans cesse, et tentai d'ouvrir une brèche ( oui, en frappant le mur avec ma tête ). Je sentis un soldat s'approcher, mais je brisai en partie le mur, et m'enfuis vers l'extérieur tandis qu'il criait à des soldats de me rattraper.

Qu'est-ce que ça pouvait leur faire qu'un loup veuille se tirer ? J'évitai les tirs de leurs armes, et accélérai ma course.

À présent, je savais où j'allais ; « par-delà la Muraille, par-delà l'océan de désert, les terres inconnues s'étendent vers l'infini. Le Monde Oublié y est prospère, et la nature est reine ; plus personne ne sait ce qu'est la mer, pour quelle raison ? Des superstitions. Le Monde Oublié est un paradis naturel, et jamais il ne disparaîtra. »

Kaliska m'avait dit ça un jour, et j'avais voulu en savoir plus, mais elle était restée mystérieuse, et n'avait rien ajoutée. C'est donc là que j'allai ; le Monde Oublié.

Je parcourus l'Extérieur près d'un mois, manquant évidemment de vivre durant les deux dernières semaines, et parvins à survivre grâce à mon métabolisme de canin. Après ce temps qui me parut interminable, je finis par apercevoir une ligne verte à l'horizon. Je me hatai de la rejoindre, et découvris une forêt, d'un vert éclatant, qui s'étendait à perte de vue ; le Monde Oublié.

Je me précipitai à l'intérieur, et cherchai un cour d'eau. Lorsque j'en trouvai enfin un, je redevins humain, et y plongeai la tête la première, assoiffé. J'en sortis, désaltéré, et m'étalai dans l'herbe et fermai les yeux ; j'y étais arrivé, personne ne me retrouverait jamais, et j'étais libre de tout.

Je rouvris mes yeux, observait cette forêt si verdoyante, et me relevai. Quelque chose me piqua le bras, et lorsque je regardai ce qui m'avait piqué, la tête me tourna ; j'appercus une fléchette, enfoncé dans mon bras. Je n'eus pas le temps de me questionner de quoi que ce soit, car je m'écroulai lourdement parterre.

J'allais perdre connaissance, lorsque je crus entendre au loin, des voix.
Par pur réflexe, je me métamorphosai en loup, ce qui raviva mon esprit. Je me remis sur mes pattes, et me préparai à attaquer les personnes à l'origine des voix. Deux autres fléchettes m'atteignirent, et ma vue se floutta à nouveau. Je tangai, et retombai au sol.

J'entendis faiblement des gens approcher, et une femme se pencha au-dessus de moi ; je ne parvins pas bien à discerner son visage, mais un détail me frappa ; une longue balafre lui barrait la joue. Après avoir vu cela, je perdis conscience.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant