21

31 4 0
                                    

J'attrapai un sac à dos, y fourrai un bon nombre d'affaires simples, quelques objets auxquels je tenais, quelques trucs à manger. J'enlevai mon jogging, saisit mon sweat, et les fourrai à leur tour dans le sac, suivant mes baskets. Je me retrouve en caleçon, et je soupirai en entendant des pas dans le couloir ; ceux de mon père.

Je serrai les dents ; j'allais être forcé de l'affronter une dernière fois.
Il ouvrit la porte brusquement et le referma immédiatement après.

- Fils, commença-t-il.

- Papa, raillai-je.

- A ce que je vois, tu prépares une excursion, il est bien tôt.

Ouais, cinq heures du mat' en fait.

- Un départ définitif oui, rétorquai-je en m'appuyant sur le rebord de la fenêtre ouverte.

Je le sentis se raidir, et respirer bruyemment. Je lui jetai un coup d'oeil, et un sourire plana sur mes lèvres.

- Tu pensais qu'après toutes les merdes que tu m'as faites, j'allais laisser couler ?

- Lassa, c'est pour toi que je fais ça, et pour ta mèr...

- Eh !, m'exclamai-je. Ne mêle pas maman à cette histoire, t'en as pas le droit !

- Au moins, ce n'est pas totalement de ma faute si elle est morte ...

- T'es en train d'insinuer quoi là ? Que c'est ma faute à moi ?

- Je n'insinue pas, j'affirme.

Je fermai les yeux, essayant de garder mon sang froid, et de refouler la colère qui montait.

- T'es sérieux là ?, rétorquai-je.

- On peut plus. Tu es tombé gravement malade, à l'âge de six ans, commença-t-il.

- Je veux pas entendre ton histoire, grognai-je, ça m'intéresse pas.

- Vraiment ? Pourtant, cela t'apporterais nombres de réponses...

Je le fusillai du regard, et m'assis sur mon lit.

- Je veux bien t'écouter, de toute manière, je m'en irai quoi qu'il se passe, ajoutai-je.

Il hocha la tête, et fit une grimace.

- Tu veux bien enfiler un pantalon, demanda-t-il.

- Nan, au cas où j'ai besoin de me transformer en vitesse.

- Te transformer ?

- Parle, ou je me tire.

- Bien, je vois que tu as hâte d'en finir.

- Sans dec' ? Tu crois que tout ce que j'ai fait ces quatre dernières années, c'était pour toi ?

Il soupira, visiblement déçu.

- Tu tiens effectivement tes pouvoirs, si on peut les appeler ainsi, de ta mère, commença-t-il. Elle était une surnaturelle, l'une des deux dernières, et elle ne me l'a avoué qu'après que l'extermination son peuple, que j'ai moi même commandité. Je me refusais de la tuer, car évidemment, je l'aimais. Et puis, tu es arrivé ; un garçon fragile, sensible au soleil, mais de toute beauté. Tout le monde était en adoration devant le bébé que tu étais, et le jeune garçon que tu devenais. Cependant, de santé très fragile, tu es tombé gravement malade, et ta mere a tout fait afin de te soigner ; elle a fait quérir nombres et nombres de médecins compétents, tous sans résultats, et elle a même usé des modes de guérisons de son peuple, et de son pouvoir, qu'était la guérison. Rien n'y faisait. Nous étions éplaurés, et un soir, tu es mort.

Il s'arrêta un instant, refluant ses souvenirs qui lui semblaient douloureux. Je ne trouvai rien a dire, et j'entendais raisonner dans ma tête sa dernière phrase.

- Ta mère n'a cessé d'hurler, alors que nos médecins tentaient de l'éloigner de ton corps de jeune garçon de six ans. Elle me suppliait du regard, et je demandais donc que l'on nous laisse seul un instant. Dès qu'ils furent sortis, elle se precipita auprès de toi, et m'annonça gravement, qu'elle allait donner sa vie pour la tienne. J'eus du mal à saisir, et elle m'expliqua alors le don que possédait tout surnaturel ; le don de sa vie pour une autre. Mais le processus, transmet également, la part de surnaturel. Ça par contre, elle s'était bien tenue de me le dire. Ta mère s'est donc sacrifiée pour te rendre la vie, et la santé que tu n'avais jusque là, pas.

Il s'arrêta, et attendit une réaction. J'étais littéralement effaré ; jamais je n'avais entendu une histoire pareil, elle paraissait tellement folle, qu'en temps normal, je n'y aurais pas cru. Cependant, celle-ci était bien réelle.
Je me passai la main sur le visage, et me levai. J'avais besoin de réfléchir.

- Qui y a-t-il ?, me demanda mon père en me voyant attraper mon sac à dos, et le déposer à mes pieds.

- Je te l'ai dit ; quoi que tu fasses, quoi que tu dises, je m'en vais quand même, j'ai besoin d'une pause, loin de tout le monde.

- Et Katarina ? Et Kaliska ?

- Katarina m'a fait du chantage afin que je reste le gentil fiancé qui ferme sa gueule et obéit. Donc, cette fille, je ne préoccupe plus d'elle, elle vivra sa vie, mais loin de moi. Quand à Kaliska, je lui ai déjà parler de mon départ, et elle ne s'est pas opposée.

- Wellan ? Derek? Marek?

- Ils sont assez grands pour comprendre mon choix ; ils savent que je n'aimais pas cette vie...

Je me passai ma main dans mes cheveux, et me tournai une dernière fois, vers l'homme qui avait été mon père.

- Adieu Adrian dis-je.

Il n'eut pas le temps de répliquer, que je me changeai soudainement en énorme loup-garou blanc et noir.

Estomacqué, mon père recula un instant, les yeux grands ouverts. J'happai la bretelles de mon sac, jetai un ultime regard à l'homme derrière moi, et bondis par la fenêtre.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant