Le vent fouettait mon pelage blanc, parsemé de noir au niveau de ma collerette. Mon souffle se mêla à l'air glacial et mes oreilles perçurent tous les bruits qui m'entouraient. Je m'arrêtai brutalement dans une clairière, et je hurlai. Un cri déchirant, frustré, je hurlais à ne plus en pouvoir.
Je me stopai brutalement dans une clairière, reprenant mon souffle, et fonçai volontairement dans un arbre, le brisant en deux. Je lachai un grognement de colère, me couchait parterre, et fermai les yeux. Je restai ainsi pendant près d'une heure.
Je n'avais plus le choix, pour la survie de Kaliska, et pour la mienne d'ailleurs, je devais obéir à Katarina.
Ou alors... Non, je ne me plierai aux ordres de personne. J'en avais assez de cette vie, peinte d'hypocrisie et de mensonges. Peu importait à présent, j'allais partir.Je me redressai, déterminé, et partis en courant à nouveau, vers le palais. J'y arrivai rapidement, et aperçus une ombre dans ma chambre.
La fenêtre étant toujours ouverte, je bondis, et atterris sur le parquet, en dérapant. Je vis Kaliska, reculait jusqu'au mur, surprise de me voir ainsi. Elle était en chemise de nuit noir, qui lui descendait aux genoux, et ses cheveux bouclés, lui atteignant la taille, flottaient autour d'elle.
Un sourire illumina son visage, lorsque son regard croisa le mien. Elle s'agenouilla, et tendit une main en ma direction. J'approchai mon énorme tête, et posai mon front sur sa main un bref instant. Je reculai alors, et me plaçai derrière mon lit.
Comprenant mon intention, Kaliska se tourna vers le mur. Je traînai mon pantalon jusqu'à moi, et me métamorphosai en humain. J'enfilai en vitesse un caleçon et mon pantalon, et restai là, immobile, le regard fixé sur le sol. Nous étions tous deux de dos, silencieux. Kaliska décida finalement de briser le silence.
– J'ignorais que tu parvenais à te transformer à ton bon vouloir, déclara-t-elle. Ta métamorphose est magnifique.
– Il s'en passe des choses en presque deux ans, dis-je. Tu m'as manqué Kaliska.
Elle ne répondit pas, et je n'entendai plus que sa respiration, et les battements de son cœur. J'avançai vers la fenêtre, et la fermai, évitant les débris de verre qui jonchaient le sol, ayant brisé les vitres dans mon excès de colère de tout-à-l'heure. Je marchait finalement sur un morceau de verre, et m'entaillai le pied. Je poussai un juron, et soupirai.
Les bris de verre s'élevèrent subitement dans les airs, et regagnèrent la fenêtre, et reformèrent les vitres. J'observais le phénomène avec émerveillement, et touchai un morceau qui flottait dans les airs en attendant sa place ; il tourna un instant sur lui-même, déviant de sa trajectoire, mais vint finalement compléter la vitre.
Les fissures restaient visibles un instant, puis disparurent. Je touchait la vitre, et tappai légèrement dessus pour tester la solidité. Elle resta intacte.
– Incroyable, soufflai-je.
– Tout comme toi, entendis-je Kaliska répliquer. Ta blessure s'est refermée d'elle-même...
Je me retournai, et me retrouvai juste en face d'elle ; je ne l'avais pas entendu approcher, même si j'avais été distrait un instant, j'aurais dû l'entendre...
– C'est une de mes capacités de loup-garrou, lui répondis-je. La guérison ultra-rapide, ainsi qu'un odorat, une vue, et une ouïe surhumains... Même si apparemment cette dernière peut être trompé ; je ne t'ai pas entendu t'approcher.
– Je sais être silencieuse, c'était pratique avant.
– Que fais-tu dans ma chambre à une heure pareil ?, demandai-je, sentant une étrange émotion me chatouiller le ventre.
– Et bien, j'ai appris que tu comptais t'en aller...
Je la dévisageai, perplexe.
– Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai capté tes pensées, et je voulais au moins te dire au revoir, car j'étais certaine que tu t'éclipserais avant le levé du soleil, sans prévenir qui que ce soit...
– Je suis sincèrement désolé, mais c'est le seul moyen afin que personne ne souffre ; si je reste,j'ai une fiancée qui va me mener une vie horrible, et jamais nous ne pourrions nous revoir, car dans le cas contraire, elle te ferait assassiner. De plus, elle m'empêcherai de revoir Derek, Wellan et Marek, et ça je ne pourrai le supporter, tout comme de savoir que nous sommes dans le même lieu, mais que nous n'aurions pas le droit de nous parler. Je ne peux pas. Alors que si je m'en vais, je n'aurai plus d'obligation envers qui que ce soit, je ne recevrai plus d'ordres, et je n'en donnerai plus ; je serai libre comme l'air, et tu seras en vie.
– Ton père va te faire chercher.
– Ils ne me trouveront jamais.
Nous nous fixâmes, et je vis une immense tristesse emplire ses yeux.
Cela faisait presque trois ans que nous ne nous étions pas vu, et à peine nous nous retrouvions, que j'allais partir ; j'étais vraiment un parfait égoïste.– Viens avec moi, m'entendis-je dire en tendant la main. Allons-nous en ensemble loin de ce monde méprisant.
Elle secoua la tête, et repoussa ma main, sans pour autant la lâcher.
– Écoute Lassa, je ne suis pas de retour pour rien, j'ai une mission importante pour le monde entier, et je ne vais pour rien au monde l'abandonner.
Un goût amer envahit ma bouche, et je serrai les dents. Elle tenait encore ma main, et le contact avec sa peau glaciale me fit frissonner.
Nous n'étions plus qu'à quelques centimètres l'un de l'autre.
Je fixai le mur, d'un air blessé ; elle n'avait rien fait, mais son refu m'avait fait l'effet d'un coup de poing dans l'estomac.
Je baissai les yeux, et nos regards se rencontrèrent à nouveau. Malgré sa très petite taille, elle dégageait une force incroyable, et une détermination sans faille illuminait ses yeux.
– Lassa, si tu vas là-bas, fait attention s'il-te-plait.
Elle passa sa main dans mes cheveux, afin de me dégager le visage, et m'adressa un sourire triste. Elle lâcha ma main, et dessina de son index les muscles de mon épaule nue.
– Monsieur a fait de la gonflette, plaisanta-t-elle.
Je regardai mon torse nu, et constatai à mon tour que mon entrainement avec Wellan avait servi ; tous mes muscles étaient saillants et bien dessinés.
– On m'a dit que les filles aimaient ça, plaisantai-je à mon tour.
Elle s'écarta, enlevant sa main de mes cheveux, et s'apprêtait à s'en aller, lorsque je l'attrapai au poignet, et l'attirai doucement juste en face de moi.
– Peut-être que je finirai par revenir, dis-je. Dans quelques années.
– Et cela risque d'être la guerre ; les Surnaturels sont en marche.
Elle se libéra, et commença à reculer, mais je la pris soudainement dans mes bras, la soulevai du sol, et joignai nos bouches.
Je sentis des larmes coulaient sur ses joues et perler sur les miennes. Elle me repoussa doucement, et se contenta de me serrer dans ses bras.
– Kaliska, murmurai-je.
– Au revoir Lassa, tu vas me manquer, encore...
Elle m'incita à la poser au sol, m'embrassa sur la joue, et s'en alla.
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Surnaturelle
FantasyLes morts se relèvent, et viennent chercher la dernière d'entre eux, la dernière des Surnaturels. Je suis un sang-mêlé, qui dans l'ombre, se bat pour la liberté ; je m'appelle Lassa Elros, et voici mon histoire.