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Je rejoignis mes trois soldats, et nous regagnâmes au plus vite la route où nous avions été attaqués. Nous mîmes plus d'une heure à y arriver, et déplorâmes les dégâts.

- Tant de morts, soupira tristement Wellan.

- Il faudra remettre le véhicule sur ses roues si on veut rentrer, déclara Marek.

- Je suis resté inconscient combien de temps, demandai-je.

- Deux jours mon pote, m'annonça Derek.

Je soupirai ; mon père devait être mort inquiétude. J'avisai le fourgon blindé à moitié détruit, et renversé. J'ôtai mon t-shirt, mes baskets, que j'avais remises pour marcher, et mon pantalon.

- Tu fais quoi mec ?, me demanda Marek en me dévisageant

- Je te rassure, je ne deviens pas fou ; je préfère garder mes affaires intactes.

Lui et Derek ne comprenaient visiblement pas, mais j'étais certain que Wellan savait ce que je faisais.
Je me tenais debout, et fermai les yeux, me concentrant. Mon corps commença à me faire souffrir, signe que la transformation s'opérait. Je métamorphosai alors en loup de la taille d'un homme. Derek sursauta en reculant. Je le regardai en glapissant, amusé.

Je me mis du côté renversé du fourgon, et le poussa avec ma tête, le remettant sur ses roues. Marek se précipita côté conducteur, et tourna les clés qui se trouvaient encore sur le contact. Le fourgon démarra finalement après plusieurs tentatives.

Je redevins alors humain, à quatre pattes parterre. Je gémis, le souffle coupé par la transformation de mon métabolisme. Wellan s'approcha de moi, me tendant mes affaires ; j'étais toujours dans l'obligation de les retirer avant de me transformer, aux risques de les réduites en lambeaux. Les seuls qui n'étaient pas affectés par la transformation, étaient mes sous-vêtements, et heureusement pour moi d'ailleurs, ce serait bien impratique dans le cas contraire.

Je me rhabillai, et montai à l'arrière du véhicule. Wellan monta avec moi, et Derek côté passager.

- Bon, les gars, commençai-je. Le convoi a été attaqué et tous les soldats ont été assassinés. Ils nous ont enlevés, dans le but de réclamer une rançon,et je les ai menacés de faire tuer Kaliska. Ils ont marché, et on a pu s'en sortir. Vu l'état de nos fringues et comment on est sale, mon père nous croira.

- Bonne idée, acquiesça Wellan. Belle imagination.

Nous roulâmes un moment, et une question me trottait dans la tête. Je me décidai donc à la poser.

- Tu la connaissais, la fille ?, demandai-je à Wellan.

Il sourit, et me lança un regard mystérieux.

- Elle s'appelle Ania, me dit-il. C'est ma fille.

Surpris, je ne dis rien ; Wellan parlait peu, et encore moins de son passé. Personne ne le connaissait vraiment, mais tout le monde lui faisait confiance sans rien demander. Il avait un caractère constamment optimiste, calme, et il avait toujours un petit sourire mystérieux.

- Tu as une fille ?, repris-je.

- Ouais. J'étais jeune, c'était y'a vingt ans, et j'en avais vingt.

- Et ?, ne pus-je m'empêcher de continuer.

- J'avais rencontré une sublime fille, la femme de ma vie, du nom de Malicia, et elle est tombé enceinte. J'étais engagé dans l'armée depuis mes dix-sept ans, et j'allais pour rien au monde la quitter. Elle est donc partie, du jour au lendemain, sans rien dire, et je n'ai jamais eu de nouvelles. Et puis un jour, dix ans après, j'étais en mission à Aggenon ; nous devions mettre fin à une guerre civile, et un orphelinat a été bombardé. Une seule gamine a survécu, et c'était Ania. J'ai abandonné la mission pour la mettre en sûreté, sans même savoir, au début, qui elle était. Et puis après l'avoir confié à un couple de paysans, j'ai remarqué la ressemblance frappante avec sa mère, et elle portait le collier que j'avais offert à Malicia. J'ai rien dit à la gosse, préférant qu'elle ignore mon identité, mais elle avait été très touchée que je me sois occupé d'elle. D'apres la réaction qu'a eu Ania au camp des rebels, elle a fini par me reconnaître.

Il esquissa un sourire nostalgique. Il n'avait donc jamais revu sa femme après son départ ?

- Elle est morte ?, demandai-je.

- Oui, elle est morte, et depuis longtemps.

Le véhicule s'arrêta soudainement.

- On a un problème les gars, annonça Marek.

SurnaturelleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant