En panne.

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Je crois que je suis en panne, oui c'est ça. J'ai une défaillance de mon système, j'avance plus, je suis paralysée sur le côté de ma vie et je regarde les gens défilés, sans pouvoir les interpeler.

J'attend ce quelque chose qui me réparera, qui prendra soin de chaque parcelle de mon être abîmée, déchirée, en ruine.

On pourrait imaginer une guérisons, une réparation plutôt, oui, mais ça pourrais prendre plus de temps que prévu, je pourrais rester en état de panne.

Panne du sourire.
Panne de sentiments.
Panne de la parole.

Je pourrais devenir rien de plus qu'un simple objet posé ici par hasard, sans grande importance.

Je pourrais crever de ça, me laisser porter par les bruits éteints de mon âme, par ces voix essoufflés me répétant d'abandonner parce que je ne suis et ne serai plus que cette chose qu'on prend et qu'on jette.

Elles ont raisons.

Je suis destiné à être celle sur les bas-côtés.

Une défaillance dans le système relationnelle a été détecté, elle est plus importante que les autres, presque irrécupérable.

Certains disent que cava aller,puis d'autre, avec le regard cherchant où se poser ne disent rien.

Qui ne dit rien, n'en pense pas moins, non ?
Mes articulations grinces, s'écroulent.
Je suis fichue, et, je resterai fichue.
Tu sais, c'est comme dire à un mourant qu'il va vivre, je ne vivrai plus jamais normalement, défaillance de l'espoir peut-être.
Peut-être.
Sûrement.

Un souvenir, une douleur qui empire. Le souffle court et irrégulier.
Seule, je regardait la neige tomber, se fracasser, sur le sol pour former un autre paysage, pour répandre la beauté sur ce monde froid et éteint. Des flash-backs dans ma tête, un garçon, un baiser, un cri, puis plus rien, le vide. Quelque chose me lacérât l'estomac, me donna une gifle. Ma respiration était de plus en plus lourde, de plus en plus irrégulière. Mon cœur se serra. Je contempla encore le paysage.
Des larmes, des reproches, une voix qui résonne, qui me hurle que tout est de ma faute.
"Tu ne sers à rien, tout est de ta faute. Tu ne peux rien faire. Tu n'est même pas capable de prendre une décision. Tout est de ta faute. TOUT."
Encore un silence. Un haut-le-cœur, une envie de mourir. Pourquoi? Je ne le savait pas. Mon corps frêle commença à trembler, à vouloir respirer. Je voulait oublier, je voulait l'oublier. Mon regard s'éteignait, s'estompait au fil du temps. Je restais comme ça. L'envie de manger n'était plus là, je disparaissait, m'effaçait, repensait à tout cela. Ça cognait dans ma tête, c'était comme si on me frappait avec une batte plusieurs fois. Lorsque je voyait ce garçon je n'arrêtait pas de pleurer, je l'aimait encore. Je le désirait toujours plus fort. Je n'arrivait pas. Je ne le méritait pas. Je voulait oublier notre rencontre.
"Nous n'aurions jamais dû nous rencontrer.", pensa-t-elle.
Un battement, encore un soupir, puis une fuite de l'âme. Le cœur lourd et vide, je vacille entre l'envie d'amour et l'envie de mourir.

Je pense à toi. Encore.
Et je me dis que peut être t'aurais pu, toi. Briser ce silence ambiant. (Peut-être que t'aurais pu m'embrasser. Aussi. Et me serrer dans tes bras pour que j'arrive enfin à marcher droit.)
J'ai la tête en vrac, les idées floues, mes mains tremblent, je divague. La seule chose que je ne vois pas de travers c'est ton visage que mon esprit continues à dessiner inconsciemment, comme la vieille habitude de la clope du matin.

Je reste la fille avec son air perdue, ses phrases dénués du moindre sens.

C'est alors qu'elle choisit. Que JE choisie.

Les âmes de mon coeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant