Silence

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Aujourd'hui je vais mal. J'ai l'impression de revivre le jour de sa mort. Les mêmes sentiments. Même impression.

Mon frère part une semaine et j'ai l'impression de mourir.
D'être abandonné.
Seule.
C'est lui qui le permet de survivre. C'est lui qui m'empêche de le noyer. Et il s'en va.
J'ai l'impression d'être dans une bulle. Mon monde c'est arrêté mais pas le votre.

J'ai le mal de vivre.
Est ce que tu connais ?
Cette sensation qui, dès que tu te réveilles le matin, te bouffe de l'intérieur. Comme si on t'avait pris un bout de ton âme, volé une partie de ton être. Tu comprends pas pourquoi ça te fait ça.

Ce truc qui te fait rester coucher dans ton lit, qui te fait regarder le plafond, dans le vide, qui te fait te foutre en boule sous tes draps, comme si tu voulais plus exister.
Tu sens que ça te fait bien mal, tu le sens que c'est intense. Mais tu n'y peux rien.
Tu te lèves parce que faut bien vivre dans ce monde qui te fout la pression.

Je voudrais qu'on me laisse tranquille, je veux juste oublier.
Je veux pas qu'on s'approche de moi dans la rue.
Je veux qu'on me foute la paix.

Je me détestes tellement que j'en détestes le monde entier. Je craches toute la haine que j'ai dans le cœur de ceux qui viennent me voir.

Je suis devenu sauvage.
Tellement sauvage que je suis seule et que ça me dérange plus. Je suis pas sociable.

Tout me tue. Le monde me tue, le lycée me tue, les gens me tuent.

Je fuis les autres. Je fuis tout ce qui te regarde.

Je débordes de souffrance, de colère. Je veux être un fantôme. Je suis fantôme.

J'ai mal, trop mal. Je montres rien de moi car je sais qu'en vrai je suis  juste une faible. Je suis tellement faible et trop sensible. Cette sensibilité qui se paye ma tête.
Parce que je suis le genre à pleurer là où personne ne va le faire. Je suis le genre à sursauter dès que j'entends un bruit.
Si on se met à me bousculer, c'est comme si on me le faisait à l'intérieur de moi, qu'on me remuait toutes les merdes de mon cœur, et ça me fait chialer comme jamais.

Au lycée, je restes dans mon coin, je me mélanges pas aux autres. J'ai rien à leur dire et eux non plus. De toute façon, j'ai bien remarqué qu'ils se bouffaient tous entre eux.

Je me mets à compter les minutes avant la fin des cours, les heures avant la fin de la journée, je survis. Je suis bloquée.

Je me sens pas à ma place, assise sur cette foutue chaise à écouter un gars qui répète son truc depuis x années. Il est devenu tellement automatique. On dirait un robot ma foi.

Je me fous au fond de la salle, je me mets à rêver, penser, écrire, dessiner. Je rêves d'être loin de ce vacarme, dans les montagnes, à admirer la beauté de la nature.
Je veux voyager et arrêter d'être à la disposition de la société. Ils essayent de te formater, de te faire changer pour en tirer les bénéfices. Je suis  révoltée par ce monde.

Les âmes de mon coeur.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant