Chapitre 9-Kim (Zaza)

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MUSE – Dead Inside

Je m'assois sur le fauteuil du bureau, le regard happé par l'écran. Je n'ai pas rêvé ! Ce dieu du sexe et de la danse existe bel et bien... L'icône de notification en forme de petite enveloppe me fait de l'œil, j'ai peur de ce que je vais découvrir. Et si c'était un vieux dinosaure grabataire ? Je clique dessus pour l'ouvrir, rêveuse.

« Bonjour, ma muse.

Hier soir ; était-ce hier soir ou tout simplement ce matin, je plane encore. Je ne sais pas qui tu es mais j'ai tout fait pour prendre soin de toi, et lorsque tu m'as laissé te regarder et te toucher, j'ai su que je serais aussi parfait et doux que je le pourrais. J'espère ne pas t'avoir déçue, ma muse...

Si tu as envie qu'on se revoie, tu as juste à me faire signe. Dans le cas contraire, ne répond pas et ce soir je disparaîtrai de ta vie.

Kim »

Quinze, vingt, cent, trois cent secondes passent et je ne bouge pas, tétanisée, clouée à mon siège. Je ne me souviens pas de tout, mais rien que ce message et cette unique photo sur son profil, je suis morte de peur : ça ne me dit rien. Qui est cet homme ? Comment peut-il me recontacter, moi, sa conquête d'un soir ? Qui suis-je pour lui ? Qui est-ce, bon dieu !? Je me mets à sangloter, et un cri de désespoir et d'appel à l'aide me vient instinctivement :

"An... Andraaaaaa..."

Elle accourt immédiatement, je l'entends maugréer dans sa barbe :

"Si ce petit salaud de troufion de pape t'a dit quelque chose de mal, je le défenestre et je le découpe en cube d'un centimètre de diamètre à la tronçonneuse."

Elle me trouve en larmes, recroquevillée sur mon siège. Mon pyjama Totoro est tout mouillé, je rabats la capuche sur ma tête. Andra semble très en colère, elle se penche sur l'ordinateur pour lire le message. Au fur et à mesure, son visage se détend, elle semble réfléchir. Elle se tourne vers moi, emplie de compassion :

"Oh, ma Zaza... Je suis désolée. Je n'aurais pas dû te laisser seule..."

Elle me prend dans ses bras et je sanglote contre son épaule, mouillant plus encore la fourrure grise de mon pyjama. Ça n'est pas sa faute, je suis juste totalement irresponsable. Je ne sais même plus si je me suis protégée, je ne sais même pas comment ça s'est passé. Je m'en veux. Je dois lui dire, à Andra, ça n'est pas sa faute.

"Je... je... je... je...

- Chuuuut... Ça va aller. Tout doux... Je comprends mieux, maintenant...

- Q... quoi ?"

Elle s'arrête comme si elle avait superstitieusement peur de nommer mon mal. Je me redresse, craintive de ce qu'elle va annoncer.

"Tu as peur des gens."

Cette évidence en est tout sauf une. J'essuie mon visage pour la regarder dans les yeux, à-travers l'eau salée de mes larmes. Elle me sourit.

Andra a perdu la boule.

"C'est évident !! repart-elle comme si elle avait trouvé la solution d'une équation remarquablement difficile. J'ai mis deux mois à te faire entrer dans une discothèque et c'est là que tout t'a échappé. C'est évident !! La panacée du frétillement des asticots, c'est évidemment un roman de peur de l'humain et de l'humanité, c'est évident !"

Je m'attends à tout moment à l'entendre crier : "Eurêka ! Eurêka !" mais au lieu de cela, elle se met à pleurer aussi, elle sourit et rigole. Je me demande furtivement ce qu'elle a bien pu fumer.

"Tout, tout est évident. C'est de là que vient le centre du problème. C'est de là qu'il faut le déraciner."

Elle me soulève du siège et prise d'un élan de folie, elle me fait danser en me tenant par les hanches. Elle rigole et tourne et tourne et rigole, elle semble enfin avoir trouvé ce qu'elle cherchait depuis si longtemps. Alors, elle exprime son raisonnement :

« Tu attires les gens que tu cherches à repousser. Zaza, en étant bourrée, tu redeviens toi-mère ! Allez ma poule, on doit parler sérieusement toutes les deux ! »

Elle saute, me tire par la main et comme dans les films, s'accroche à la rambarde de l'escalier avec un regard d'aguicheuse. D'un coup, je suis transportée avec elle dans ce rêve de la vie éveillée, et elle déclare sans grande surprise au vu de l'aspect culte de ce genre de scène :

"Alors, Zaza... Prête à vivre ?"


Please, make me dream ♪Version éditée papier♫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant