Chapitre 19-Canapé thérapie (Zaza)

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FAUVE - Infirmière

Lorsque je sors de la douche, Andra est vautrée dans le canapé, abrutie devant la télé, qui déverse sur son cerveau une quantité innommable d'âneries. Elle est dans son peignoir, emmitouflée, et il laisse échapper de son col un sein importun. Elle a une couverture plaid étalée sur les genoux. Ses yeux sont rouges et gonflés, ils portent la trace des larmes qu'elle a laissé couler durant la nuit. Il est près de 10 heures et je sens que la journée va être longue.

Andra est au fond du trou, au bord du gouffre -qui aurait parié qu'il y avait un gouffre au fond du trou. Comme on dit : "touche le fond mais creuse encore."

Depuis hier midi, quand je l'ai récupérée au bas de l'immeuble de Marie, elle ne décroche pas. Elle n'a plus de vie en elle. Je n'avais bien heureusement pas rendez-vous avec Kim, je m'étais installée dans le bar face à l'immeuble pour prendre un café en essayant de rédiger le profil du premier personnage de mon roman. Elle est sortie à peine une heure après mon installation, en larmes, hagarde. Côté personnage, rien n'était sorti de bien glorieux pour ma part.

Elle n'a pas parlé. Depuis hier treize heures, elle n'a pas parlé. Son état m'inquiète. Je crois que ses nerfs ont encore lâché. Rien ne peut me rassurer sur ce point, pas même une douche froide. Soudain, elle me tire de ma panique. Je sursaute, c'est sa première parole depuis la veille.

"T'aurais pas des curly ?

- C'est toi qui as fait les courses.

- Fait chier.

- Tu manges pas tout bio d'habitude ?

- A quoi ça sert ? Je suis condamnée."

Je n'ai rien à répondre à cela. Elle reprend:

"Bon, tu sais où je pourrais trouver un truc à grignoter ?

- Heu... attends, je vais t'éplucher des carottes.

- Ouaaaaaaaaaais..."

Son manque ironique d'enthousiasme me fatigue. Je me dirige tout de même vers la cuisine, où je me mets à éplucher des carottes. Elle reste devant la télé, et je m'en veux d'avoir accepté la proposition de Marie. C'était idiot, j'aurais dû me douter que ça se passerait mal. Tous mes plans sont toujours foireux.

Je prends quasiment une heure pour préparer ce que j'ai en tête. Je lui apporte finalement un plateau, elle s'est endormie.


Please, make me dream ♪Version éditée papier♫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant