Chapitre 11-Sex shop (Zaza)

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ALICE FRANCIS- Shoot Him Down

Andra prend ma tête entre ses mains, histoire d'avoir mes yeux et mon attention bien en visu. Elle se colle front contre front et, surexcitée comme une gamine, elle me rappelle les consignes de l'examen.

"Tu entres, tu fais le tour des rayons. Quand tu as repéré celui des godes phosphorescents, tu traverses le magasin, tu vas chercher un vendeur super beau gosse et tu lui demandes où ils sont. Il te mènera aux produits et là ! Tu lui poses la question..."

Elle me regarde avec un grand sourire banane, alors je répète lassement :

"Pouvez-vous me conseiller ? Je n'y connais rien..."

Andra tape des mains, et continue l'histoire :

"Et là, tu le regardes comme tu sais si bien le faire, pendant qu'il t'explique que celui-ci vibre, que celui-là s'éclaire et que celui juste devant, là, se commande à distance.

- Oui, oui. Et là, je fais celle très embêtée.

- "Désolée monsieur, je n'ai personne pour le commander à distance." Et là pouf ! Il est dans tes filets. Prête ?

- Il faut bien... sinon tu ne me lâcheras pas la grappe avec ça.

- Go go go, show time !"

Elle prend "l'air de rien" qu'elle a mis deux jours à m'apprendre et se dirige vers le magasin. Chose surprenante, je sens l'adrénaline monter en moi comme un feu de joie. Je décide de me prendre au jeu, que je trouve amusant malgré l'évidente folie d'Andra. Je la suis dans le magasin, on repère le rayon des phallus en plastique phosphorescent. Andra se cache dans le rayon voisin, avec ses jumelles. Je pars en exploration à la recherche de "l'homme idéal" –bon dieu comme je déteste ce terme... je n'y ai jamais cru de toute façon. Soudain je vois un magnifique blond aux yeux bleus et à la peau mate, il est exactement comme ces surfeurs des affiches de la salle de gym où j'ai essayé de mettre les pieds pendant un temps -échec total. Je m'approche, il sert déjà une vieille dame. J'en profite pour baisser discrètement mes lunettes sur mon nez, pour pouvoir regarder au-dessus. Je réajuste le col de ma chemise blanche quelque peu transparente et serre contre moi les faux dossiers qu'Andra m'a fournis pour "avoir un air sérieux" :

"Si tu débarques en véritable chaudasse dans un magasin de godes, ping ! T'es direct cataloguée. Mais si tu ajoutes des dossiers sous le bras, avec un petit air sérieux, là paf ! Ils tombent comme des mouches."

Je prends le petit air sérieux dont elle parlait et lorsque la femme âgée devant moi finit par comprendre qu'elle s'est trompée de magasin et qu'ici ils ne font pas de couches troisième âge, j'aborde le vendeur, le plus sérieusement possible :

"Bonjour ! Excusez moi, je ne trouve pas le rayon des godes phosphorescents...

- Bonjour ! Laissez-moi vous guider.

- Merci bien !"

Ma tension artérielle est à bloc, mais je me suis débrouillée comme une as. Je me félicite intérieurement, et lorsque je vois le regard du vendeur qui se veut discret sur mon décolleté et ma jupe qui moule mes hanches, c'est Andra que je félicite. Après quatre minutes de marche gênante que mon amie avait prévues pour installer un doute propice, nous arrivons au rayon.

"C'est ici !" m'annonce-t-il avant de s'éloigner rapidement.

Je reste quelques instants interdite qu'il s'en aille si vite, mais je me rattrape :

"Je... j'aurais besoin d'autre chose..."

Là, en revanche, je ne me félicite pas. En reprenant la formule d'usage des vendeurs, je brise les quatre minutes de silence qui ont presque fait disparaître l'éloignement dû à la situation. Pourtant, il revient, à contrecœur paraîtrait-il. Son air pincé m'énerve immédiatement, et je décide d'être impitoyable.

Please, make me dream ♪Version éditée papier♫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant