Brest

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SCÈNE 3

Marie entre en poussant devant elle une caisse enregistreuse avec un tapis roulant. Elle est toujours grimée en caissière, elle s'installe derrière sa caisse et met le panneau "ouvert". S'ensuit une très très très longue attente pendant laquelle elle mâche un chewing-gum en montrant au public le fond de sa bouche, de manière vulgaire. Elle se lime en même temps les ongles, installée au fond de son siège. Un client apparaît avec un grand sac de courses, c'est Bran. Il charge ses articles sur la caisse enregistreuse et aussitôt, Marie réagit en sortant ses pieds du comptoir. Elle commence à enregistrer les articles, avec un fond de bips.

Politesses d'usage avec les clients réguliers.

BRAN : Alors au fait ! Vous avez continué votre histoire ?

MARIE s'arrêtant brusquement : Pardon ?!

BRAN : Bah oui, l'autre jour dans le bar vous m'avez raconté votre histoire-là, celle que vous écrivez.

MARIE : Quel bar ?

BRAN : Oh, un des bars des quais. Vous vous souvenez ? Vous étiez pas très fraîche déjà, sans vouloir vous vexer.

MARIE : Ah. J'étais bourrée quoi.

BRAN : Oui, c'est ça, bourr... ah. Ah, vous... vous ne vous en souvenez plus.

MARIE : Non.

BRAN : Oh ! Je... il ne s'est rien passé hein ! Vous m'avez juste parlé de votre histoire.

MARIE : Mon histoire... Bien sûr, ce navet.

BRAN : Vous disiez que c'était votre rêve de gamine, d'éditer.

MARIE se reconcentre sur ses courses : Oh, vous savez, on a tous un rêve débile. On sait bien qu'il ne se réalisera pas, mais pourtant il nous hante quand même. Ça vous fera cinquante-six euros et soixante-dix centimes. En tout cas, merci de m'avoir écoutée.

BRAN : Vous me raconterez la suite, hein dites ? (Range ses courses)

MARIE : On verra. Au revoir, Monsieur Chuik.

BRAN : Au revoir... (regarde son badge) Marie. (Lui sourit et sort, Marie tire sa caisse et la sort de l'autre côté).


Please, make me dream ♪Version éditée papier♫Où les histoires vivent. Découvrez maintenant