J'observe avec insistance la porte devant moi, en jouant nerveusement avec les chaînes des bracelets qui m'enserrent les poignets. Des inscriptions ont tapissé les murs de la pièce dans laquelle je me trouve. Des inscriptions injurieuses qu'il serait honteux de rapporter. La seule phrase qui n'a rien à voir avec ma mère ou avec mes organes sexuels, c'est cinq minuscules petites lettres rouges qui n'ont aucun sens.
Une question vient s'immiscer dans mes pensées pour la millième fois depuis que je me suis réveillé, et pourtant je n'ai toujours pas trouvé la réponse. Je ressens toujours cette détresse s'emparer de moi tandis que l'interrogation se forme au bout de mes lèvres : Qui suis-je ? J'ai beau quémander une réponse à cette question, seul le vide accorde ma requête. Je trifouille dans mon esprit, j'essaie de me rappeler, de savoir comment je suis arrivé ici, pourquoi je ne me souviens de rien, et pourquoi suis-je emprisonnée ? Et rien. Le vide. Le néant. L'oubli.
J'entends la serrure se déverrouiller tandis qu'une grande panique s'empare de moi. Qui est mon ravisseur ? Que va-t-il faire de moi ? A-t-il l'intention de me tuer ? Probablement pas, il l'aurait déjà fait. Mais alors qu'est-ce qu'il me veux ?
Je ne saurais expliquer les émotions qui me frappe lorsque je découvre la personne qui se tient sur le pas de la porte. Mon ravisseur, avec un fusil dans une main, et une peluche dans l'autre. C'est un enfant.
- Salut. Tu as l'intention de te tenir tranquille, où vas-tu encore tenter de m'assommer ? Me demande-t-il.
- Quoi ?
- Il arque un sourcil. Je te demande si tu comptes me faire le même coup que tout à l'heure ?
- Qu'est-ce que j'ai fait tout à l'heure ?
- Oh, mais trois fois rien ! Tu as juste essayé de me tirer dessus alors qu'on t'a sauvé la vie, en t'extirpant des mains des Paras qui pensaient que tu étais l'une des membres de l'OPAKD, dit-il avant de baisser son regard en donnant l'air de réfléchir. Peut-être que tu l'es après tout...
Le niveau d'incompréhension et de désarroi qui m'envahit me donne presque envie de m'arracher les cheveux. J'ai horreur de cette sensation. Comme si ne pas savoir qui je suis ne suffit pas, il faut en plus que j'oublie tout sur le monde qui m'entoure, sur ce que j'ai fait quelques heures plus tôt, et sur quel genre de personne je suis ! C'est vrai, suis-je vraiment le genre de personne à m'en prendre physiquement à un gamin agrippé à son ours en peluche ? Et qu'est-ce que des Paras ? Qu'est-ce que l'OPAKD ? Ah non, ça, j'ai un indice... Je rapporte de nouveau mon regard sur les murs, les cinq petites lettres rouges sous les inscriptions injurieuses. OPAKD.
Alors que je m'apprête à demander au garçon ce que ce sigle signifie, une jeune femme aux cheveux châtains et aux yeux bleus perçant accompagné d'un homme blond, plus vieux, au visage menaçant, entrent dans la pièce. A les voir tous les trois côte à côte, je remarque un point commun entre ces personnes : elles ont toutes cet aspect grisonnant, malgré leur jeune âge. Cette ressemblance entre eux me pousse à me questionner sur leurs liens. Peut-être sont-ils de la même famille ?
- Laisse là tranquille, Chuck. Elle est en pleine recouvrance. Tu l'as vécu, toi aussi. Tu sais comme c'est difficile, intervient la jeune femme, la voix pleine de douceur.
- Arrête tes conneries, dit le blond menaçant d'une voix rauque. On n'a pas le temps de la materner. Il faut qu'on s'en aille, et tout de suite ! Ils sont tout près, je le sens... Il regarde tout autour de lui comme si il avait peur d'être entendu puis il rapporte son regard sur moi. T'es prête à courir ma grande ? Enlevez-lui les menottes qu'on se barre d'ici.
- Je n'irai nulle part avec vous, protestais-je. Je ne sais pas qui vous êtes. Vous vous pointez en prétendant m'avoir sauvé la vie et pourtant c'est moi qui me retrouve avec des menottes au poignet. Vous avez une drôle de manière d'aider les gens ! Allez, libérez-moi, et puis ensuite chacun sa route.
Cette méfiance a une sensation étrange. Comme si je n'étais pas habituée à être aussi suspicieuse. Serait-ce un aspect de ma personnalité qui refait surface ? Pourtant je ne peux pas me contraindre à les suivre. Je n'ai pas confiance en eux. Tous les trois s'échangent un drôle de regard. Sans me consulter, la jeune femme et l'homme m'agrippent chacun un bras, et renoncent à me retirer les menottes. Ils me soulève puis m'entraîne vers l'extérieur tandis que je proteste avec virulence. Le jeune garçon reste derrière moi, en plaçant le canon de son arme dans mon dos pour m'obliger à continuer d'avancer. Je sens la colère bouillir dans mon sang et je comprends alors pourquoi j'ai agressé ce gosse tout à l'heure. J'ai clairement du mal à gérer ma colère, car en cet instant précis, je pourrais tuer n'importe qui !
Ils me tirent sur plusieurs mètres. Épuisée par ma révolte, je laisse tomber et me contente de traîner des pieds, tout en observant avec insistance où je suis. Je me dis que chaque détail compte. Malheureusement, il n'y a rien à voir. Les couloirs sont sombres et vides, et hormis quelques feuilles de papier disséminées ici et là, rien de très intéressant. Du moins, jusqu'à ce qu'ils poussent la porte.
Je découvre alors un spectacle d'horreur. Les bâtiments -ou plutôt ce qu'il en reste- sont entièrement calcinés, même le sol a cette couleur de jais. Une odeur âcre désagréable vient me flatter les narines. Il n'y a plus rien, plus personne. Comme une ville fantôme. Mais le plus surprenant, c'est le ciel. Il est entièrement gris, nous plongeant dans une obscurité ambiante. Pas un rayon de soleil ne filtre. Malgré le fait que je n'ai aucun souvenir du monde qui m'entoure, je suis quasiment sûr que le ciel ne devrait pas avoir cette aspect. Ni le ciel, ni le sol, ni les constructions, ni l'air que je respire. Je lève les mains en l'air, et des résidus gris recouvrent rapidement mes paumes. Je tire une mèche brune de ma chevelure, elle est entièrement grise, recouverte de cendre. Je comprends alors d'où provenait cet aspect similaire entre l'enfant à la peluche, la gentille jeune femme, et le blond à la voix rauque. Et désormais, moi aussi je possède cette similitude avec eux. Le blond s'approche de moi et murmure à mon oreille tout en m'attrapant le bras.
- Bienvenue à Volcanic Land, ma grande. Désolé mais on ne peut pas te laisser partir. Tu es importante pour eux -dit-il en pointant son doigt sur le seul immeuble encore debout, le seul éclat de lumière à travers cette pénombre- ce qui veut dire que tu es importante pour nous. Sur ces mots, il m'attrape de nouveau le bras, et me traîne à travers ce champ de poussière inquiétante.
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Et voilà pour ce premier chapitre. Désolé pour le temps que j'ai mis avant de le poster mais j'ai eu un petit problème de connexion 😕
J'ai un service à vous demander. Je sais que je fais énormément de fautes, et je sais que c'est très désagréable de lire une histoire bourrée de fautes. N'hésitez donc pas à me les signaler, afin que je les corrige.
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Volcanic
Science FictionAprès l'éruption d'une douzaine de volcans dans une même journée, le ciel est assombri par les mystérieuse cendres des montagnes en fusion. Le soleil disparaît peu à peu, la nature perd ses droits, laissant place à un décor apocalyptique. Dans cet...