Ce matin je me réveille avec toujours la même impression, celle d'être une épave, une coquille vide, morte à l'intérieur. Je fais de mon mieux pour ne pas penser à Will. À chaque fois qu'un souvenir de lui apparaît sous mes paupières, je m'empresse de le chasser. J'ai longuement hésité entre déchirer cette lettre, ou bien la garder précieusement, mais je n'ai pas eu le courage de la détruire et désormais elle a presque autant de valeur que le médaillon que je porte à mon cou.
Comme à l'accoutumée, Azaella vient me sortir de ma cellule piteuse pour m'amener faire des tests supplémentaires. Aujourd'hui, ils se sont simplement contentés de faire plus de prise de sang. Je ne sais pas ce qu'il a de si spécial, ou comment il peut être le remède aux maux qui nous touchent, mais mon sang semble les passionner. En attendant qu'on vienne me reconduire dans ma cellule, je fais les cent pas dans le laboratoire, pour tromper l'ennui.
Je passe entre les trois ilôts blanc qui prône au milieu de la pièce en guise de plan de travail. Sur ceux-ci reposent plusieurs machines, reliés aux fioles de mon sang. Je tente de les manipuler, afin de comprendre leurs fonctionnements mais je me fais rapidement rejeter par les scientifiques, très concentrés.
Je me dirige alors vers le fond du laboratoire, où plusieurs étagères également blanche sont occupées par cartons et des documents. Je jette un petit coup d'œil derrière moi pour m'assurer qu'on ne m'observe pas, puis je prends en main la première pile de documents qui se trouve devant moi et je commence à lire. Puisqu'ils refusent de répondre à mes questions, je trouverai les réponses moi-même.
Je ne trouve cependant rien d'intéressant. La plupart des papiers sont des rapports d'analyse, avec du vocabulaire médical que je ne comprends pas. Je repose la pile de feuilles, puis fouille l'un des cartons.
Quelque chose attire mon attention, il s'agit d'un cadre. Je jette un nouveau coup d'œil aux scientifiques et voyant que je ne suis pas épiée, je m'en empare. Le verre du cadre est brisé, je balaye du bout des doigts les morceaux avant de l'observer avec plus d'insistance. Il s'agit d'une photo de moi, tout sourire, assise derrière un bureau. Je m'attarde sur mon visage, en réalisant à quel point il est diffèrent aujourd'hui. J'avais l'air tellement jeune. Je n'ai pas souvenir d'avoir eu un sourire aussi franc depuis ma Recouvrance, pas souvenir d'avoir un jour été aussi heureuse. J'élargis ensuite mon champ de vision pour analyser le reste de la photo. Je reconnais cet endroit, car je m'y suis rendu il y a quelques jours. Ce bureau en bois placé juste devant la fenêtre, donnant une vue sur la forêt, je le reconnais. C'est dans cette pièce que j'ai rencontré le fameux Richard, le leader de l'OPAKD. Lorsque je baisse les yeux sur la légende qui se trouve en bas de la photo, mon sang ne fait qu'un tour.
"Esmelana Dahks, PDG de l'OPAKD"
Je me sens vaciller. Peut-être est-ce parce que j'ai enfin découvert mon identité ? Ou peut-être est-ce parce qu'il s'avère que j'ai une relation particulière avec l'organisation qui me retient prisonnière ?
Dahks... mes rêves... c'était donc bien des souvenirs ! Cet homme que je vois sans cesse dans mes rêves, cet homme que je haïs et qui me terrorise, qui m'a poussée à tuer un homme, il s'agit bien de mon père ! Un goût de bile se répand dans ma bouche lorsque je réalise que j'ai en effet tué un homme de sang-froid alors que je n'étais encore qu'une enfant.Je relis les quelques mots en boucles "PDG de l'OPAKD". Je n'arrive pas à y croire... Je comprends désormais pourquoi je n'avais pas besoin d'aide pour me retrouver dans ce labyrinthe. Ce labyrinthe, je l'ai très probablement construit.
J'entends le bruit sourd de la clé qui pénètre dans la serrure. Je m'empresse de sortir la photo du cadre pour l'emporter avec moi, et ce faisant j'aperçois quelque chose à l'arrière du cadre que je n'avais pas vu. Un post-it.
"Félicitations, mon amour. Ensemble nous allons accomplir de grandes choses ! Je t'aime."
Je décolle rapidement le post-it du cadre pour également l'emporter avec moi. Je plie la photo et la glisse dans la poche de mon jean quand la porte s'ouvre. Azaella entre dans le laboratoire et se dirige vers moi.
- Qu'est-ce que tu fabriques ? demande-t-elle.
Je reste silencieuse, et elle ne cherche pas à en savoir plus. Elle agrippe mon bras et nous nous dirigeons vers ma charmante cellule.
Une fois à l'intérieur, je me hasarde à demander la vérité à Azaella. Après tout, elle m'a déjà fait quelques révélations. C'est la personne la plus encline à me répondre sincèrement. De plus, pour une raison qui m'échappe, je lui fais confiance.
- Attends ! m'exclamais-je alors qu'elle s'apprêtait à faire demi-tour.
Elle s'arrête et revient se placer sans un mot en face de moi. Je sors la photo de ma poche et lui fait passer à travers les barreaux. Elle arque un sourcil avant de la déplier. Elle l'observe longuement puis me demande :
- Où as-tu trouver ça ?
- Dans le laboratoire. Tu peux m'expliquer ?
- Il n'y a rien à expliquer, répond-elle sèchement.
- Tu plaisantes ? Tout d'abord, comment est-ce que je peux être PDG alors que je n'ai que 17 ans.
Mon cœur se serre quand je prononce ces mots. C'est Will qui m'avait dit que au vu de mon apparence, je ne devais pas avoir plus de 17 ans. Azaella pouffe de rire.
- Tu n'as pas 17 ans, tu en as 25. Mais il est vrai que tu as toujours fait plus jeune que ton âge.
- Et si je suis votre chef, pourquoi est-ce que je me retrouve enfermer dans cette cave de merde ? m'emportais-je.
- Tu étais notre chef, souligne-t-elle. Sauf que le pouvoir t'est monté à la tête, tu as vrillée, et maintenant notre PDG c'est Richard.
Je baisse la tête, ne sachant pas si je dois croire ce qu'elle me raconte. Je sors ensuite de ma poche le post-it trouvé en urgence. Je parcours des yeux les quelques lignes. "Je t'aime."
- Et ça, dis-je en lui tendant le bout de papier, tu sais de qui ça vient ?
Elle le scrute quelques secondes et son regard semble différent. On dirait presque qu'elle est... je ne sais pas. Triste ? Elle pince les lèvres en me le rendant.
- Non. Aucune idée.
Elle se dirige ensuite vers la sortie. Je me recule et m'assieds au fond de ma cellule. Je profite de ces quelques instant de répit pour faire le point.
Je lis encore et encore les quelques mots présents sur le post-it. J'avais donc quelqu'un dans ma vie, quelqu'un qui tenait à moi, qui m'aimait. Étrangement, l'amour est désormais associé à Will, depuis sa lettre. Comme à chaque fois, je chasse cette pensée, en pensant à autre chose.J'ai contrôlée cet endroit, avant d'être déchu de mes fonctions. Mais qu'ai-je bien pu faire ? Qu'est-ce que qui est assez grave pour être un motif suffisant pour être évincée ? Une idée folle me vient à l'esprit, mais qui est assez plausible : L'OPAKD à causé les éruptions. Et si elles ont été causée, sous mon commandement ?
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Salut !
J'espère que ce chapitre vous a plu ! Qu'avez-vous pensé des révélations ? Allison qui dirigeait l'OPAKD ? Du fait qu'elle pense avoir commandée les éruptions ? Qui pensez-vous être l'auteur du post-it ?

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Volcanic
Science FictionAprès l'éruption d'une douzaine de volcans dans une même journée, le ciel est assombri par les mystérieuse cendres des montagnes en fusion. Le soleil disparaît peu à peu, la nature perd ses droits, laissant place à un décor apocalyptique. Dans cet...