Hors de question d'être à nouveau prisonnière ! Je viens juste de récupérer ma liberté, je refuse de la perdre si vite.
Je cours à toute allure, pour échapper à Miles. Les coups de feu pleuvent. Visiblement, ce n'est pas un très bon tireur.
Une balle finit par me mordre le flanc droit. La sensation de brûlure est tellement atroce que j'ai l'impression de vaciller. Je résiste à l'envie de m'écrouler, et les yeux larmoyant de douleur, je m'enfonce dans les bois.
Je cours à en perdre haleine. Des branches me giflent sur mon passage, en laissant des traînées de cendre sur mon visage. Je continue, évitant les chênes et les noyers, slalomant entre les pierres et les tapis de brindilles qui tapissent le sol, entendant les bruits de pas de Miles sur les miens, et les bruits assourdissant des coups de feu tiré à l'aveuglette.
Au bout de longues minutes, les échos des tirs me parviennent comme étouffé, et les bruits de pas, inaudible. Je crois que je l'ai semé. Épuisée, je m'offre une minute pour récupérer mon souffle. Une seule, car je dois reprendre rapidement la route afin de creuser d'avantage l'écart. C'est étrange. Cette cavale me semble tellement familière, comme si je l'avais déjà vécu. J'arrache une poignée de feuille sur un arbre et ramasse une liane qui jonche le sol.
J'applique les feuilles sur mon flanc -qui continue à saigner abondamment-, et que j'entoure avec la liane pour maintenir les feuilles. C'est laborieux, mais c'est le meilleur bandage que je puisse faire pour l'instant. Je prends une grande inspiration, et en ignorant la douleur accablante, je continue d'arpenter la forêt.
Enfin, si on peut appeler ça une forêt. Les arbres sont quasiment tous brûlé, les fleurs absentes, les points d'eau vidés, les animaux, disparu. Pour une fois, le questionnement ne se fait pas. J'ai déjà la réponse. C'est la faute des éruptions. Tout est de la faute des éruptions. Je refuse de m'interroger d'avantage à ce sujet. Les questions pleuvent tandis que les réponses sont inexistantes. N'en pouvant plus de cette frustration, j'ai donc décidé de ne plus essayer de comprendre. La seule chose qui me préoccupe, c'est ma survie, qui semble bien compromise avec cette blessure.
Je sursaute et bondis sur le côté en frôlant une branche basse. Exaspéré par ma propre nervosité, je reprends ma route, non sans foudroyer du regard l'obstacle végétal. Quelques secondes plus tard, c'est un vrai obstacle qui me fait bondir. Un homme.
Malgré sa carrure imposante, ses yeux bleus perçant laisse transparaître une frayeur évidente. Je l'observe une seconde. Ses cheveux bruns tombent légèrement sur son visage, et il est vêtu modestement. Un jean, un tee-shirt et une veste. Il semble voyager tout aussi légèrement que moi. Son visage frappe par sa et sa beauté et sa placidité, et je me sens immédiatement en confiance. Quel sentiment étrange ! Je réalise alors à quel point il est facile de se faire tromper par un doux visage. Il reste silencieux, je prends donc la parole.
- Qui es-tu ?
- Je... je n'en sais rien, réplique-t-il désemparé. Will, à ce qu'il paraît.
- À ce qu'il paraît ?
- Oui. Il pointe du doigt un bijou sur son poignet. C'est ce qu'il y a inscrit sur ma gourmette en tout cas.
- Moi c'est Allison.
Il me sourit légèrement. Puis ses traits se durcissent, perdant toute trace de douceur, et sa voix devient plus grave.
- Et qu'est-ce que tu fais dans ses bois toute seule, Allison?
Son ton me paraît menaçant. Je ne réponds pas et cherche discrètement du regard ce qui pourrait me servir d'arme. Mais rien, il n'y a rien. La panique me gagne. La jouer farouche ne mènera qu'à ma mort. Je vais donc essayer de l'attendrir.
- J'attends la mort, dis-je en lui soulevant légèrement mon pull pour lui montrer mes côtes ensanglantés.
- Oh, dit-il en reprenant son ton doux. Ce mec est vraiment bizarre. Je crois que je peux t'aider.
Il fouille dans la poche de son jean et en sort une petite boîte plastique.
- C'est un kit de couture. Je l'ai trouvé dans une échoppe. Tu veux que... que je recouse cette plaie ? Méfiante, je reste silencieuse. Devant mon hésitation, il reprend avec un sourire qui se veut rassurant. Ne t'en fais pas, je suis plutôt doué.
De toute façon ça ne peut pas être pire qu'une poignée de feuilles. J'accepte donc. Je m'affale sur un des gros rondins de bois qui prône dans cette clairière, et il entame son travail.
- Je peux te poser une question ? Me demande-t-il.
- Oui.
- Tu en es à quel stade de... tu sais, la paranoïa ? Pour briser le silence que je laisse planer, il poursuit. Parce que moi, je crois que je suis en train de vriller. Une minute je vais bien, et l'autre je ne suis plus moi-même. Je lutte tellement, mais je la sens grandir en moi, et je ne sais pas comment l'arrêter.
- Je n'y comprends rien. Mais je crois qu'il n'y a pas de moyen de l'arrêter.
Il rit légèrement. D'un rire plus nerveux que d'un vrai rire sincère.
- Ta Recouvrance doit sans aucun doute être récente. Il y a bien un moyen d'arrêter la maladie. Un moyen de revenir à la normale. Selon l'OPAKD, il y a une personne dont le sang est la clé. Une personne dont le sang peut vaincre l'aridité de la Terre, et peut devenir le composant principal d'un médicament qui vise à nous rendre la mémoire et à arrêter la progression de nos maladies.
Enfin des réponses ! Cet homme est une aubaine pour ma curiosité.
- Quelle personne ? Demandais-je avec empressement. Il hausse les épaules.
- Une femme, mais personne ne sait précisément qui. Il paraît qu'elle porte un tatouage qui permet de l'identifier. C'est tout ce qu'on sait. L'OPAKD la recherche activement.
- L'OPAKD, qu'est-ce que c'est ?
- Nos sauveurs. Voilà ! Fini ! Tu vois, je t'avais dit que j'étais doué.
- Merci, Will.
Je me relève, prête à reprendre la route, mais il se relève également et me barre le chemin.
- Tu sais, je crois qu'on survivrait mieux à deux. Ses bois sont hostiles, et avec la Terre qui est en train de geler, les ressources manquent. On devrait unir nos forces, pour augmenter nos chances de survie.
Peut-être est-ce ma propre paranoïa qui me hurle de ne pas lui faire confiance, ou peut-être simplement mon instinct. Et pourtant, j'accepte.
_________
Heyy!
Je suis sincèrement désolé pour le temps que j'ai mis avant de poster, mais je n'ai pas vraiment eu le temps cette semaine. Avez-vous aimé ce chapitre? Que pensez-vous de Will, et du fait que les humains pensent que l'OPAKD sont des sauveurs, alors qu'ils sont la cause des éruptions ?

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Volcanic
Science FictionAprès l'éruption d'une douzaine de volcans dans une même journée, le ciel est assombri par les mystérieuse cendres des montagnes en fusion. Le soleil disparaît peu à peu, la nature perd ses droits, laissant place à un décor apocalyptique. Dans cet...