¤ Chapitre 19

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La nuit est glaciale, encore bien plus que d'habitude. Je ne suis plus sorti à l'extérieur depuis une éternité, alors je ne suis pas sûr, mais je crois que l'hiver arrive. Enfin, je doute qu'il y ait toujours des choses telles que les saisons, dans cette planète ravagée.

Je pensais être assez forte pour supporter la situation, pour accepter ce nouvel univers. Mais plus les jours passent, plus je me rends compte à quel point je me leurrais. J'en ai marre, je n'en peux plus ! Je veux retrouver une vie normale. Je veux manger des hamburgers dans un fast-food blindé, pester contre les gens peu attentifs au volent, passer des journées entières devant mon poste de télévision. C'est ce que nous faisions autrefois, non ?
Je me dis que finalement, les morts sont peut-être les plus chanceux.

- Azaella ?

Je l'interpelle assez fort pour la réveiller. Elle passe toutes ses nuits avec moi, de l'autre côté des barreaux de ma cellule, adossée contre le mur. Niveau gardienne, on ne peut pas dire que c'est la meilleure. Elle passe ses nuits à dormir, j'aurais pu m'enfuir dix fois si j'en avais eu l'envie.

- Hm, quoi ? marmonne-t-elle.

- Est-ce que c'est vrai ? Est-ce que mon sang peut permettre au monde de redevenir ce qu'il était ?

C'est ce qu'on nous disait, lorsque nous étions dans la base de Katherine. Elle était convaincue que je pourrais restaurer la planète. Will aussi en était convaincu...

- Non, réplique-t-elle sèchement.

Elle reste silencieuse quelques secondes puis reprend :

- Ça c'est ce que nous racontions à tout le monde pour qu'ils nous aident à te retrouver.

- Alors pourquoi avez-vous besoin de moi ?

- Tu es quand même utile, dit-elle en haussant les épaules.

Je comprends alors qu'il n'y a pas de retour à la normale possible. Je me sens envahi par les émotions, submergée. Une boule se forme dans ma gorge, et des larmes me brûlent les yeux. J'ai beau essayer de les empêcher de couler, je n'y parviens pas.

- Tu pleures ? me demande Azaella en se redressant.

Je ne réponds pas, alors elle s'approche, se colle aux barreaux et me regarde tristement.

- Hé ! Ne pleure pas, s'il te plaît.

- Je ne supporte plus cette situation, Azaella ! m'exclamais-je, des sanglots dans la voix. Pourquoi suis-je ici ?

- Pour faire des tests. D'ailleurs, tu devrais te reposer. Celui de demain ne sera pas très agréable.

- Pourquoi ?! Réponds-moi ! fulminais-je.

- Parce que nous avons besoin de ton sang ! Et de la connerie que tu t'es injecté pour te protéger des éruptions ! réplique-t-elle sur le même ton.

- De quoi est-ce que tu parles ?

Elle se mord la lèvre infèrieure, comme pour se punir d'en avoir trop dit. Après quelques secondes, elle se décide à parler.

- Avant les éruptions, tu es venue me trouver avec deux seringues. Une pour toi, et une pour moi. Tu as simplement dit que ça nous protégerait. Ça a marché pour moi, mais pas pour toi. C'est grâce à cette injection que j'ai conservée ma mémoire. Mon système l'a assimilée, et il n'y a plus aucune trace de l'antidote. Puisque cela n'a pas marché sur toi, on a supposé qu'il doit toujours être dans ton organisme. Voilà pourquoi nous t'avons traqué et utilisons ton sang. Nous voulons reproduire l'antidote pour tous les survivants.

- Donc, j'étais au courant des éruptions ?

- Nous étions tous au courant, dit-elle en hochant lentement la tête.

Je décide de poser la question qui me brûle les lèvres depuis la veille, bien que la réponse m'effraie plus que tout.

- Est-ce que... est-ce que c'est moi qui ai commandé les éruptions ?

Azaella reste silencieuse, mais baisse les yeux. Ce geste est une réponse suffisante pour moi, mes craintes sont réelles. Tout ça, c'est de ma faute.

- Tu travaillais sur une étude, commence-t-elle. Ça t'a pris trois ans et toute ton énergie mais tu avais enfin fait une grande avancée. Selon tes travaux, des radiations dosées à la perfection permettraient à l'être humain d'aiguiser ses sens. Il aurait été plus rapide, plus fort, il aurait été rarement malade. Selon toi, le meilleur moyen pour toi de relâcher une assez grande dose de radiation et de la maintenir dans l'air, c'était de causer des éruptions volcaniques. Tu étais tellement sûr ! Tu aurais dû te voir, exalté, à faire les cent pas dans ton bureau avec ce magnifique sourire plaqué sur tes lèvres. C'est là que j'ai pris la photo. Je t'ai fait confiance, les autres étaient plus dûr à convaincre alors tu a usé de ton autorité pour les forcer. Mais tes calculs étaient erronés. Tu t'es planté. Et voilà le résultat.

Mes larmes coulent davantage. Je dodeline de la tête en pleurant, incapable d'accepter le fait que j'ai causée tout cela, que j'ai tuée autant de personnes. Putain j'ai détruit la planète !

- Tes intentions étaient pures, Esme'. Ta seule erreur a été ton égoïsme. Tu aurais dû produire plus d'antidote, mais tu n'as pensée qu'à toi.

- Je suis désolée, pleurais-je.

Azaella passe son bras à travers les barreaux pour atteindre ma main, qu'elle serre fort.

Nous passons le reste de la nuit ainsi, moi à genoux, les joues trempées de larmes, à sangloter bruyamment. Et elle, son regard emplit de tristesse et sa main dans la mienne.

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Holaa !

Désolé pour cette très longue absence, mais j'ai très peu de temps pour écrire en ce moment :/

De plus ce chapitre est très court et je m'en excuse, mais il est riche en révélation ;) Les causes et l'origine des éruptions sont dévoilées ! J'espère que ça vous a plû :)

VolcanicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant