Je suis tirée de mon sommeil en sursaut par des hommes qui pénètrent dans ma cellule. Tous deux portent un uniforme de garde, et l'un d'eux pointe son arme sur moi.
- Qu'y a-t-il ? demandais-je, totalement perdu, mon esprit toujours dans les songes.
Ils restent silencieux. Un autre homme apparaît derrière eux, il s'agit de Richard. Ses traits sont durcis, son visage fermé.
- On a assez perdu de temps, dit-il sèchement. J'en ai marre de jouer au diplomate.
Je fronce les sourcils, ahurie. Il fait un signe de tête au garde qui a les mains libres et il se dirige vers moi pour me soulever du sol sans ménagement.
Je me débats mais le deuxième garde qui agite son arme sous mon nez m'en dissuade. Ils me trainent jusqu'au laboratoire, que je commence à connaître comme ma poche.
Plus les minutes passent et plus mon sang bouillonne. Je devrais me sentir effrayée, mais je ne ressens qu'une haine viscérale.
Les deux chiens me jettent contre la table et attachent avec des bandes de cuire mes membres, et mon cou pour immobiliser ma tête. Je continue de me débattre en me tortillant dans tous les sens, mais mes entraves rendent la tâche difficile.
Richard s'approche de moi, son visage tordu par un rictus de dégoût.
- Pourquoi vous faites ça ?! lui demandais-je, paniquée, luttant pour ravaler mes larmes.
- Ma femme vient de mourir, dit-il d'un ton grave, ses yeux se perdent dans le vide. Elle était devenu tellement parano qu'elle était persuadée que des fourmis étaient en train de lui manger les yeux, alors elle les est arrachée. Puis ensuite elle a cru qu'ils avaient migré jusqu'à son cerveau, alors elle s'est tiré une balle dans la tête.
Il colle son visage au mien et dit d'un ton glacial.
- Elle est morte, et les autres vont suivre.
- Je n'ai rien à voir avec tout ça ! Lâchez-moi, je vous en prie ! le suppliais-je
Il lâche un rire frénétique à la limite de l'humain, on dirait un fou.
- Mais tu as tout à voir avec ça ! articule-t-il. Dois-je te rappeler ce que tu as fait ? Tu as tuée tous les êtres vivants, sur quatre-vingt-dix pourcents de la surface de la planète. Tu as fracturée les continents, asséchée les océans ! Tu as rendu la Terre impropre à la vie pour des centaines d'années ! Et tu nous as rendus dingue ! Maintenant, tu vas payer pour tes pêchers.
Richard fait signe à l'un des scientifiques de s'approcher. Celui-ci se dirige vers nous avec une seringue qui contient du liquide bleu ciel à la main. Comprenant qu'elle m'est destinée, je tente de me libérer, sans succès. Il me plante ensuite la seringue dans le cou, et une vague de chaleur m'envahit. Les contours du visage de Richard deviennent flous, mais je peux tous de même distinguer ce petit sourire malsain collé à ses lèvres. Je parviens tous de même à articuler quelques mots, avant de m'enfonçer vers les ténèbres.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un nouveau test, on ne voulait pas te l'affliger avant car il n'est pas très agréable, mais le temps presse. Nous devons reconstituer l'antidote.
La substance qu'il m'a injectée commence à faire effet. J'ai froid, tout mes membres se mettent à trembler et les sons me parviennent comme étouffés. Mon champ de vision est entièrement noir désormais, mais je peux encore entendre les scientifiques discuter, je crois.
- Tu voulais retrouver tes souvenirs ? entendais-je lointainement. Les voilà !
Une seconde après, une douleur fulgurante m'empare, et tout mon corps se cambre. Mon cœur se met à palpiter follement et j'ai l'impression de brûler de l'intérieur, comme si tous mes organes prenaient feu un par un.
Des éclairs jaunes se dessinent dans mon champ de vision. J'en suis persuadée, c'est la fin. Je vais mourir, là comme une malpropre, utilisée comme un vulgaire cobaye.
Je commence à avoir des flashs, des images. D'abord, je vois Will quand je l'ai rencontré pour la première fois, quand il se tenait devant moi, au beau milieu de la nuit dans la forêt silencieuse. Il tenait dans sa main un kit de couture, et m'a proposé de recoudre ma plaie. Ensuite, je vois mon père, cet homme qui ne m'inspire que du dégoût. Je le vois en train de frapper quelqu'un, encore et encore, avec une ceinture. Des cris s'élèvent, mais il n'arrête pas. Quand il se recule pour observer son œuvre, j'aperçois enfin sa victime. C'est la dame présente sur la photo dans mon médaillon. C'est ma mère. Et puis je la vois à nouveau, avec mon frère cette fois. Elle court dans le jardin, une valise dans une main et les petits doigts de mon frère dans l'autre. Il y a des cris aussi, mais ils ne proviennent pas de ma mère. Ils proviennent de la petite fille qui les observe s'éloigner sans elle, retenu par les solides bras de son père. Cette petite fille, c'est moi
Chaque flash est plus douloureux que le précédent, déclarant des décharges galvanisantes dans mon cerveau. Alors que je pensais ne plus pouvoir en supporter un autre, je vois le visage d'Azaella, et j'entends sa voix, qui me parvient difficilement aux oreilles, comme un murmure.
- Quand j'étais petite, ma mère disait que les êtres humains étaient comme de l'art. Et elle avait raison, pour toi du moins. T'es un putain de chef-d'œuvre.
Et je la vois, en train de déposer ses lèvres sur les miennes. Et puis tout s'arrête. Il n'y a plus d'éclair jaune, plus de flash, plus de voix, plus de douleur, plus rien.
Est-ce donc ça, la mort ?
- Ça n'a pas marché. Elle bloque l'accès à ses souvenirs.
- Forcez l'accès.
- Ça la tuera. Nous devons envisager la deuxième option.
Toujours le noir complet, j'ignore à qui ses deux voix appartiennent, ou si elles sont simplement le fruit de mon imagination.
- Esmelana, je sais que tu m'entends. Tu as deux choix désormais, soit tu nous laisses lire tes souvenirs pour retrouver la composition de l'antidote, soit on ira le chercher dans tes entrailles, en te vidant de ton sang.
Est-ce que je suis vivante ? Est-ce que je suis vivante...
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Salut !
J'espère que ce chapitre vous a plû ! Comme vous l'aviez deviné, Azaella et Allison étaient ensemble ;)
J'essaierai d'être plus régulière pour poster les chapitres, il n'en reste plus beaucoup, cinq tout au plus.
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Volcanic
Fiksi IlmiahAprès l'éruption d'une douzaine de volcans dans une même journée, le ciel est assombri par les mystérieuse cendres des montagnes en fusion. Le soleil disparaît peu à peu, la nature perd ses droits, laissant place à un décor apocalyptique. Dans cet...