¤ Chapitre 22

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Ce matin, je me suis rendu très tôt dans les laboratoires, pour travailler avec mes collègues sur la composition du remède. C'était vraiment perturbant de marcher dans ces couloirs que j'ai tant arpentée, non plus avec la sensation de connaître vaguement cet endroit mais avec le souvenir d'avoir dessinée le plan de ces corridors.

Ça fait plusieurs heures désormais que nous travaillons d'arrache-pied sur le remède, en essayant de me souvenir de la composition du remède. Ou plutôt, en prétendant ne pas me rappeler de la composition. En réalité, je m'en rappelle très clairement. J'ai juste décidée de m'assurer de leurs intentions avant de leur confier cette information. Après tout, ils m'ont fait du mal. Ils sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins et les gens prêts à tout sont les plus dangereux. Je me méfie.

Peut-être est-ce ma paranoïa qui parle ? Je la sens grandir en moi, être de plus en plus forte chaque jour. Je me surprends à regarder par-dessus mon épaule toutes les deux minutes, à douter de tout le monde, à craindre chaque ombre qui se dresse derrière moi, y compris la mienne. C'est horrible, être conscient qu'on est en train de devenir dingue.

Je suis censée retrouver Azaella à midi dans le Secteur Prison. Je laisse alors les autres avec leur casse-tête irresolvable pour aller la retrouver. Je trouve ça étrange de me donner rendez-vous dans cet endroit, porteur de mauvais souvenir, témoin de mes longues nuit à pleurer Will. Je ne peux m'empêcher de la soupçonner également. J'ai beau me dire que je suis devenu folle et que je me fais des idées, j'ai toujours cette voix dans ma tête qui me jure le contraire.

La voilà, devant ma cellule, plus belle que jamais. Je devrais retenir uniquement sa beauté enivrante, et pourtant un seul élément retient mon attention.

- Pourquoi tu me demandes de te rejoindre devant mon ancienne cellule ? lui demandais-je d'un ton agressif.

- Pour rien, c'est juste que je voulais te parler seul à seul, sans personne autour.

- Pourquoi ? Qu'est-ce que tu dois me dire de si confidentiel ?

Elle fronce les sourcils en me dévisagent longuement.

- Qu'est-ce que tu as ?

Je voudrais lui répondre, lui dire que je ne me sens plus moi-même et que j'ai envie de la prendre dans mes bras, mais les mots -qui ne sont pas les miens- s'échappent de mes lèvres sans que je puisse les contrôler.

- Et si tu répondais simplement à ma question, hein ? répliquais-je avec une animosité croissante.

Je me rapproche d'elle, non pas pour l'enlacer comme je le souhaiterais, mais en serrant les poings et en relevant le menton légèrement pour la surplomber.

- Je voulais juste te parler du remède, dit-elle en reculant d'un pas.

- Et pourquoi est-ce qu'il t'intéresse ? Oh, laisse-moi deviner. Tu veux me saigner, comme tous les autres pour venir le chercher dans mes entrailles, c'est ça ?

Mes mots dépassent ma pensée, je n'ai plus le contrôle de mes paroles. Je réalise que j'ai même perdu le contrôle de mon corps, quand mon poing vient s'écraser contre le nez d'Azaella.

Elle titube en se tenant le nez, qui commence à saigner.

- Esme arrête ça, dit-elle fermement en reniflant un grand coup.

Je l'ignore et frappe à nouveau, mais cette fois rien ne vient à la rencontre de mes phalanges endolories. Azaella s'est dérobée et passe dans mon dos avec sa rapidité légendaire avant de serrer ma gorge avec son bras.

C'est alors que je reviens à moi, la douleur agissant comme un déclencheur. Je tapote légèrement son bras, et elle relâche son emprise. Je tombe lourdement au sol, en grappillant de l'air, et Azaella s'agenouille à mon niveau, avant d'encadrer mon visage avec ses mains.

VolcanicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant