• Chapitre 9

256 19 14
                                    

Nous achevons le dîner dans un silence de mort, chacun d'entre nous perdu dans ses pensées. J'enfourne les cuillères de soupe dans ma bouche sans même m'en rendre compte, trop préoccupé par ma réflexion, qui n'a pas été concluante.

Des questions devenues familières fourmillent dans mon esprit. Et je commence à apprendre à vivre avec elles, car c'est comme une habitude désormais.

Frustrée et lassée, je décide de mettre mes doutes de côté pour l'instant. Il y a visiblement deux versions, et sans information supplémentaire, il est impossible de savoir laquelle est avérée. Je suis entouré de suffisamment de mystère et de questionnements, inutile de les enrichir.

Après ce repas sans saveur, Katherine nous guide -toujours en silence- à travers un dédale de couloirs dont la plupart sont mal éclairés. Certains murs de ses couloirs sont décorés par des dessins graphiques, d'autres sont immaculés et bien tristes. Au bout de plusieurs minutes à déambuler dans une dizaine de corridors différents, je réalise à quel point cette base est grande.

Elle finit par enfin s'arrêter au bout d'un couloir sombre, dont les murs sont tapissés de document dont je ne peux lire les inscriptions. Elle se place entre deux portes côte à côte.

- Voilà vos chambres. Dit-elle en écartant les bras. Je vous souhaite une bonne nuit.

Une bonne nuit ? Depuis qu'on est enfermé, j'ai perdu la notion du temps.

J'ouvre l'une des portes et m'y engouffre, sans même un regard ou un petit mot pour Will. La modeste chambre est loin d'être aussi fameuse que la salle de réception. Des murs dont la peinture a perdu toute coloration, un petit lit miteux installé au fond, une table de chevet, et une chaise près de la porte. C'est tout. De toute manière, je ne pense que les proportions de la petite chambre auraient permis de contenir un objet supplémentaire. Je m'installe sur mon lit. Le sommeil vient me chercher rapidement et j'y succombe facilement.

Malgré l'environnement rassurant dans lequel j'évolue, et le murmure apaisant du vent qui s'engouffre à travers la fenêtre entrouverte, une terreur mortelle se faufile dans mes rêves. Elle envahit mon univers. Des images, des souvenirs comme gravés sous mes paupières me hantent. Les énormes cernes violacés sous les yeux d'un Para dont le visage respire la haine. L'étreinte de Chuck qui se relâche lorsque la mort est venu le chercher. Je m'agite dans mon sommeil, incapable de chasser les réminiscences tapies en moi.

°°°

- Bonjour !

Le son de sa voix stridente vient me dépêtrer de ma somnolence douloureuse. Je me réveille en sursaut. Katherine se tient au-dessus de moi. Je la dévisage comme pour m'assurer qu'elle est réelle. Tout ce que j'ai vécu depuis que je me suis réveillé dans cette cave, me paraît étrangement distant

- Oh désolé. Je ne voulais pas te faire peur ma belle. Suis-moi, s'il te plaît.

Je m'extirpe à contre coeur du lit, puis enfile rapidement la veste en cuir posé sur la chaise tandis qu'elle tape du pied, impatiente. Je la suis jusque dans le couloir, où Will nous attend.

Je me place à ses côtés tandis que Katherine marche devant nous et montre le chemin. Un tourbillon d'émotion fait rage en moi. La peur, la curiosité, mais surtout la colère. Je me sens démuni, faible, et j'ai horreur de ça.

- J'aimerais tellement être armée. Soufflais-je.

Will me scrute longuement, hésite quelques secondes avant de tendre son bras et de remonter légèrement sa manche, dévoilant un couteau qu'il a sans aucun doute volé hier soir lors du repas. Je ne peux réprimer un sourire. Will et moi avons plus en commun qu'il n'y parait.

VolcanicOù les histoires vivent. Découvrez maintenant