Volcanic

¤ Chapitre 24

Sara n'a plus ouvert la bouche, elle se contente de fixer le sol, des larmes silencieuses roulant sur ses joues. Mon cœur se serre. Je ne peux pas dire que la mort de Miles me chagrine, ou bien qu'il me manquera, mais voir ainsi Sara brisée de l'intérieur m'attriste.

Le jour commence à se lever, et nous avons beaucoup progresser. Nous arrivons dans un ancien village, entièrement calciné. Des tas d'ossements humains jonchent le sol, se mélangeant avec les cendres. Ce devait être là les premières victimes de ce volcan, qui en a causé des miliers d'autres après ça. Nous en approchons d'ailleurs, de ce meurtrier. Et j'ai hâte. Au-delà de cette montagne, se trouve notre paradis. Ce fameux havre de paix, là où je pourrais enfin couler des jours heureux, où je n'aurais plus à me battre pour sauver ma vie.

À bout de forces, nous trouvons refuge dans un vieil immeuble délabré. Enfin en sécurité, je m'offre un moment pour faire le point.
Tout ce que j'ai vécu depuis ma Recouvrance, tout est comme un rêve lointain. Volcanic Land, la base, Will, les Paras, et l'OPAKD. Tout semble irréel. Je jette un coup d'œil à Azaella, assise sur la rambarde du balcon, les pieds dans le vide. À la lumière du soleil flamboyant qui commence à se lever, je la contemple. Tout ce que je vois me prouve que c'était bien réel : des plaies et des cicatrices sur son visage, son corps couvert de sang, de boue et de cendre. Ses sourcils se froncent, comme à chaque fois qu'elle part dans des réflexions profondes. Elle est magnifique. Je continue de la dévisager avec insistance, comme pour graver sa beauté sous mes paupières, pour que lorsque je m'endors le soir, je vois cette image là, et non plus les images insoutenables qui bercent mes nuits. Je décroche enfin mon regard pour le diriger vers Sara. Elle a beau être détruite maintenant, je suis sûr qu'elle pourra se reconstruire. J'ai été brisée par le passé, plusieurs fois, et je m'en suis sorti. Nous avons réussi. Nous serons bientôt libre.

Je viens m'asseoir au côté d'Azaella, qui analyse le ciel avec une grande attention. Je dépose ma main sur la sienne, en observant l'horizon. Nous ne parlons pas, mais les mots seraient superflus de toute manière. Nous nous comprenons en un regard.

Plus on s'approche, plus la couleur du ciel tourne vers le bleu. Ici, le rouge vif a laissé place à une couleur plus orangée.

Mais sous nos yeux, cette couleur commence à s'assombrir progressivement, sans que nous comprenions ce qui arrive. S'ensuit ensuite un fracas tonitruant, comme si un millier de tonnerre déchiraient le ciel. Le bruit est insupportable, je porte mes paumes à mes oreilles pour tenter de les protéger, et au bout de quelques secondes, le fracas se tait pour y laisser un bourdonnement assourdissant.

Qu'est-ce qu'il se passe ?!

Le ciel continue de changer de couleur, et l'orangée tourne vers un noir aussi sombre que lorsque la nuit tombe, voire même encore plus.

Finalement, le bourdonnement dans mes oreilles commence à s'estomper, assez pour m'entendre demander à Azaella :

- Putain c'est quoi ce bordel ?

Elle ne répond pas, elle lorgne sur le ciel comme si elle savait à quoi tout cela rime. Oh non, elle sait. Je la bouscule pour la sortir de sa rêverie.

- Qu'est-ce qu'il se passe !

- Je pensais qu'on aurait plus de temps, marmonne-t-elle à elle-même.

- Plus de temps pour quoi ?

- Je... j'ai menti ! Tu te rappelles quand tu m'as demandé comment ton sang pouvait sauver la Terre, j'ai répondu que c'était impossible. J'ai menti.

- Quoi ?

- Ça te pendra tout ton sang ! poursuit-elle. Chaque goute qui circule dans tes veines.