Protection Rapprochée

15

Un zombie. Voilà ce que j'étais devenue en apprenant que j'étais enceinte. Je sortis du cabinet sans regarder autour de moi. Toute énergie avait déserté mon corps. Je poussai la porte et je bousculai une personne. Mais je ne m'excusai pas. Je voulais simplement rejoindre Vincent qui m'attendait contre la voiture. Il se détacha de la voiture quand il me vit approcher. J'entendis mon prénom mais je n'étais pas sure que ce soit réel. Je continuai donc d'avancer. Mais je fis stopper par une main qui m'attrapa le bras. Je vis Vincent approcher rapidement de moi. Je me tournai la tête vers la personne qui me tenait. Ce que je vis me sortit de ma torpeur.

- Leena, me dit cette personne.

La personne me lâcha quand elle vit qu'elle avait toute mon attention. Je dois être en plein rêve. D'abord, le médecin m'apprend que je suis enceinte et maintenant, je me retrouve nez à nez avec cette personne. Je me retrouve alors six ans plus tôt.

Anton.

Anton me faisait face. Je ne pensai pas le revoir un jour surtout après ce qu'il s'était passé six ans plus tôt. Vu les circonstances, je me revois à dix-sept ans quand j'ai appris que j'étais enceinte. Comme aujourd'hui, je ne savais pas comment le dire à Anton. On avait que dix-sept ans alors je pensais que j'allai gâcher la vie d'Anton qui avait droit à une bourse grâce à ses exploits sportifs. Mais la crainte que j'avais n'avait pas lieu d'être. Anton l'avait plutôt bien pris. Il avait même été fou de joie. À cet instant, on avait décidé de le dire à personne. Mais je n'avais pas pu m'empêcher de le dire à Joshua et je lui avais fait promettre de tenir sa langue. Et on avait gardé le secret jusqu'au jour de l'accident dans lequel j'avais perdu mes parents, mon bébé et le rêve de devenir mère un jour. Jusqu'à aujourd'hui.

- Mademoiselle Leena, ce jeune homme vous importune?, me demanda Vincent.
- Non, Vincent. Tu veux bien aller m'attendre dans la voiture, s'il te plait.
- Bien, mademoiselle.

Vincent partit à la voiture après avoir regardé une dernière fois Anton. Je ne pouvais pas m'empêcher de fixer Anton. En six ans, il n'avait pas changé. Peut être la seule différence est sa barbe de trois jours qui noircit ses joues. Il avait toujours sa coupe militaire. Ses yeux bleus-gris m'ont toujours fascinés. Je crois que c'est le seul point commun qu'il a avec Braden. Aujourd'hui, je ne pus m'empêcher de le comparer avec Braden. À l'époque, le coté "bad boy" et sportif de Anton m'avait plus, aujourd'hui, je préfère le coté homme d'affaire de Braden. À cet instant, je compris que j'avais tourné la page en ce qui concerne Anton même si je ne pourrai pas oublier notre histoire. En plus d'être mon premier amour, il avait été un deuxième grand frère.

Je remarquai que Anton était aussi en train de me détailler. Je devais être comme lui il y a quelques instants. En six ans, contrairement à lui, j'ai changé. Je crois que j'ai perdu du poids et je n'ai plus la même couleur de cheveux. Ils sont devenus plus foncer. Et niveau look, à l'époque, je portais toujours des jeans avec des baskets et un sweat à capuche. Aujourd'hui, je suis plus féminine. Je commençai à me sentir un peu gênée face à son regard. Il finit par revenir à mes yeux et on se regarda les yeux dans les yeux pendant un moment avant que Anton ne prenne la parole.

- Je n'étais pas sur que ce soit toi, me dit-il.
- C'est vrai que j'ai changé.
- Tu es devenue magnifique. Tu nous as...
- Anton, tu viens. Ça va être notre tour, entendis-je.

Je me tournai vers la voix et je vis une jeune femme blonde qui tenait la porte du cabinet. En baissant les yeux sur son corps, je vis son ventre rond. Cette jeune femme était magnifique. Je me tournai vers Anton.

- Je crois que tu es attendu, dis je.
- Oui. J'aimerai bien qu'on se revoit, me dit-il. Je voudrais te parler. (Il fouilla dans sa poche et il sortit une carte de visite qu'il me tendit). Tu n'auras qu'à m'appeler pour me dire quand tu es disponible.
- D'accord.
- Je crois qu'on a beaucoup de chose à se dire.
- Anton, s'impatienta la jeune femme.
- Je dois y aller. À plus tard, me dit-il en s'éloignant.