Chapitre 1

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Jeudi 05 novembre. 07:03 AM

Il est déjà sept heures du matin, et j'ai d'avantage essayé de me réveiller de mon cauchemar que de m'endormir. Ca ne pouvait pas être vrai, non, ça ne pouvait pas. Pas elle. Pas après tout ce qu'on a fait, tout ce que j'ai fait. J'ai sacrifié trop de choses, je lui ai tout dit, tout avoué, tout montré. Les plus intimes facettes de moi, elle a tout vu.

Elle n'a pas pu partir comme ça, c'est impossible. J'ai dû mal comprendre, ces paroles devaient être ambigües quelque part... Et pourtant, ça fait des heures que je cherche, je ne trouve aucun malentendu dans ses propos. Aucun double sens dans ses mots froids et plats. Voilà ce qu'ils étaient : francs et tranchants, elle n'avait même pas cherché à tourner autour du pot. Ca ne pouvait rien signifier d'autre qu'une rupture. Elle avait rompu avec moi.

Je passai mes mains sur mon visage puis dans mes cheveux, m'assis sur mon lit puis me releva, fit les cents pas et revînt m'asseoir. J'étais crevé, je n'avais pas dormi. Mais je ne pouvais pas fermer les yeux, je ne pouvais pas rester en place plus de cinq secondes, je ne pouvais penser à rien d'autre que la dernière fois où elle a posé son regard brûlant sur moi.

Il fallait que j'aille la voir. Je ne pouvais pas rester comme ça, je ne pouvais pas continuer de me torturer seul chez moi. Il fallait que je me rattrape, peu importe ce que j'avais fait. C'est forcément ma faute. Mais je saurais me faire pardonner, je ferais n'importe quoi pourvu que ça marche. J'irais tuer quelqu'un s'il le fallait mais je devais la récupérer.

07:18 AM

Le vent était froid, et ni ma fatigue ni ma veste en cuir ne me réchauffait vraiment. Dans cette ville, tout le monde me connaît, mais personne n'a l'habitude de me voir marcher seul, de si bonne heure. Deux ou trois personnes m'adressent un sourire ou un « Bonjour » mais je ne prends même pas la peine de les regarder.

Je me fiche de tout ça. A vrai dire, je m'en fiche de tout. De tout sauf elle. Je ne me suis jamais fichu d'elle.

07:30 AM

Ca fait cinq minutes que je suis devant sa porte à attendre comme une andouille. Je ne sais pas ce que j'attends, ni de quoi j'ai peur. Je n'ai pas peur. Ca fait bien longtemps que je n'ai plus peur de rien.

Je réfléchis juste.

Qu'est-ce que je dois lui dire au juste ? Et comment est-ce que je suis censé m'y prendre ? Pourquoi est-ce que je suis là déjà ? Elle va me prendre pour un crétin. Elle me prend déjà pour un crétin de toute façon. Je suis un crétin. Et puis de toute façon, maintenant que je suis là, je ne vais pas faire demi-tour. Il faut que je me batte, je ne peux pas la perdre.

Je ne peux pas la perdre.
C'est cette dernière phrase qui me décide, et je toque à sa porte. La seconde d'après, je regrette déjà mon élan de courage. Alors que je m'apprête à repartir, la porte s'ouvre sur ses jolies ondulations blondes et ses formes vêtue d'un short et d'un débardeur.

Ses sourcils se relèvent doucement, mais je sais qu'elle n'est pas surprise. Elle ne l'est jamais, rien ne peut la surprendre.

_ Je suis désolé.

Sauf peut-être des excuses de ma part. 

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