Street Hello

Chapitre 17

Vendredi 15 janvier. 01:23 AM.

Cela faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé là, à sonner à la porte. J'avais l'impression qu'il s'était écoulé des années depuis la dernière fois, et ces derniers jours m'avaient semblé durer des millénaires.

Elle ouvrit la porte, à moitié endormie, les cheveux emmêlés et en pyjama. Et pour la première fois, je ne remarquai pas à quel point elle était belle.

_ Ethan ? Mais qu'est-ce que tu-... Viens, entre.

Elle me laissa passer, et je remis les pieds dans cette maison que je n'avais plus vue depuis un moment. Celle qu'avant je n'aurais jamais voulu quitter.

_ Laisse-moi un instant Ethan, j'arrive. En attendant installe-toi et j'irais te préparer quelque chose.

Elle s'éclipsa vers sa chambre et je me dirigeais vers le salon, où j'allumai la lumière avant de m'asseoir sur le canapé. Mes chaussures laissées dans l'entrée, je repliai mes jambes en m'assit en tailleur en l'attendant. Elle revînt moins de dix minutes plus tard, habillée et cheveux attachés, une tasse de thé brûlante entre les mains. Elle me la tendit et s'assit à mes côtés.

_ Ton copain n'est pas là ? Demandais-je, mais je m'en fichais un peu.
_ Non, on a rompu il y a quelques temps.
_ Pourquoi ?
_ Il me trompait.
_ Si tu veux, il n'est pas trop tard pour que j'aille lui coller mon poing dans la figure.

Elle me sourit, mais moi j'étais sérieux. Je n'étais pas énervé, peut-être que j'aurais dû. A vrai dire je ne ressentais plus rien, juste l'ombre de deux ou trois sentiments de temps en temps, mais plus rien de réel. J'ai toujours eu peur qu'à force de garder les choses pour moi, je finisse ainsi. Incapable de ressentir quoi que ce soit. Pourtant aujourd'hui je me sens uniquement rempli de vide, et ce sont juste les représailles de mes erreurs.

_ Et si on parlait plutôt de ce qui t'emmène chez moi à une heure du matin ? Propose-t-elle, cherchant à ne pas me brusquer.
_ Elle s'appelait Rose. Dis-je parce que je ne savais pas comment commencer autrement. Mais elle est morte. Achevais-je parce que c'était les seuls mots que j'avais en tête.

Elle ne parla pas pendant un instant. Elle devait être fatiguée à cette heure-ci et avec son travail. Mais elle prenait du temps pour moi ce soir et j'en avais besoin. Elle semblait réfléchir, réfléchir à ce qu'elle pourrait me répondre.

_ Demain c'est son enterrement. Prononçais-je, comme pour l'aider.
_ Et tu hésites à y aller ?

Je ne réponds rien. Je n'en sais rien. Je ne sais même pas si j'hésite à y aller.

_ Tu ne devrais pas.

Elle me sourit, compatissante. Moi je gardais mon regard fixé dans le vide. Je ne ressentais même pas la tristesse. C'était juste une douleur à l'intérieur de moi, qui s'apparentait plus à quelque chose de physique que d'émotionnel. Et le mal qu'elle m'avait fait était sûrement pire que tout ce que Laura a pu m'infliger. Je ressentais la blessure, comme une fêlure à l'intérieur de moi, quelque chose que je ne reboucherais jamais.

_ Tu veux me parler d'elle ?
_ Elle était... La plus belle fille du monde. Et pas parce qu'elle était mannequin. Elle était belle parce qu'elle avait su me montrer tout ce qui était beau autour de moi. Et son sourire voulait toujours dire « je suis heureuse parce que je n'ai aucune raison de ne pas l'être » alors que je sais qu'elle en avait plein.