Mardi 10 novembre. 07:00 AM
Je me trouvais stupide. Remplacé comme ça, et je ne m'étais douté de rien. Et là où je me trouvais encore plus stupide, c'est que je n'avais pas envie de l'abandonner. C'était soit je continuais de me battre pour la récupérer, soit je me laissais aller à la déprime dans mon appartement. Et sincèrement, je m'empêchais de fermer les yeux car sinon je voyais déjà la pièce dans une obscurité presque totale, les stores constamment baissés. Une odeur désagréable de renfermé, du linge et des déchets partout, des pizzas comme seule alimentation et moi, amorphe, ne faisant plus qu'un avec mon lit.
Et pour l'instant, je n'étais pas prêt à me transformer en un mort-vivant sans avoir tout tenté pour la récupérer. Je ne voulais pas planter puis nourrir des regrets, des « Et si j'avais essayé ? » qui me pourrirait jusqu'à mes quatre-vingt-dix ans. Alors même si ce matin je n'en avais aucune envie, que j'aurais préféré me laisser mourir petit à petit dans mon lit, je voulais essayer toutes les méthodes une par une pour la reprendre des bras de son nouvel ami.
Alors ma veste en cuir sur le dos, la carte dans ma poche, je suis sorti. Et j'ai haï le monde entier.
07:19 AM
Ca ne fait qu'une minute que je suis dehors et j'ai déjà trouvé le moyen d'insulter mentalement chaque chose qui se trouvait sur mon chemin. En passant par cet horrible vent trop froid, ces arbres qui foutent des feuilles partout, ces voitures qui roulent soit trop vite soit trop lentement et celles qui ne me laissent pas traverser aux passages piétons.
C'est en entendant une voix pleine d'alacrité s'écrier « Bonjour » et une jeune femme me sourire jusqu'aux oreilles que j'ai senti mes poings se serrer et mon sang affluer. Un pas plus tard, je me retourne et l'interpelle, criant alors qu'elle n'était qu'à deux mètres.
_ Tu m'expliques pourquoi tu me dis bonjour ? Crachais-je, plus de haine dans la voix que ce que cette fille n'aurait sûrement mérité.
Elle se retourna, surprise. Mais je ne lui laissai pas le temps de répondre et poursuivit, poussé par la colère.
_ Tu me connais même pas ! Et tu me souris de toutes tes dents, mais tu cherches quoi ? Tu crois que j'vais devenir ton pote juste parce que t'essaie d'attirer mon attention avec ton « bonjour » tout pourri ?
_ Non, je ne crois rien du tout. Je te souhaitais juste de passer une bonne journée, ça s'appelle la politesse. Dit-elle, le plus calmement du monde, comme si je venais de la complimenter et non pas de lui hurler dessus.
_ Tu sais où tu devrais te la mettre ta politesse ?
_ Elle est très bien où elle est. Et elle m'offrit un de ses immenses sourires éclatants avant de tourner les talons.
_ Mais franchement, à quoi ça te sert ça ? La rappelais-je, toujours aussi mauvais.Elle se retourne vers moi et hausse les épaules, son éternel sourire scotché aux lèvres.
_ Avec qu'un seul mot, certaines personnes égaient ma journée. J'essaie de faire pareil.
Et elle partit pour de bon, me laissant avec toute ma colère. Je savais bien que c'était débile de m'être défoulé sur une inconnue, de déverser toute la colère que j'avais sur quelqu'un qui n'y était pour rien. Et c'était sûrement peu malin de ma part que d'avoir créer une algarade inutile. N'empêche que ce matin, elle aussi m'avait énervé avec sa bonne humeur débordante et son sourire parfait. Elle s'est crue dans « La petite maison dans la prairie » ou quoi ?
07:25 AM
Le bout de papier cartonné glissé dans la boîte aux lettres et je repartais vers chez moi. J'avais fait un milliard de brouillons hier soir avant de me décider.
« Peut-être qu'il est parfait, galant, gentil et drôle. Qu'il est beau et que ses qualités sont innombrables. Mais personne au monde ne pourra jamais t'aimer autant que je le fait. Et pour toi, je ferais n'importe quoi. »
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Street Hello
RomanceEt le problème, avec ces garçons renfermés c'était que quand ils laissaient leurs barrières tomber, ils ne le faisaient qu'une fois. Et cette fois, Ethan l'avait déjà donnée.