Chapitre 16

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Peu importe les erreurs que l'ont fait, ou les choses que l'on perd. Il y a toujours un moyen de se faire pardonner, de les récupérer quand on le veut vraiment. Mais il y a de ces choses, comme le temps ou la vie que l'on ne pourra jamais rattraper. Ce sont les deux rares choses qu'on ne pourra jamais racheter, ces choses qui une fois gaspillées ne pourront pas être rattrapées, ces choses que l'on perd un jour et que l'on ne retrouve plus jamais. Il lui était arrivé quelque chose. J'avais laissé quelque chose lui arriver, je l'avais perdue. Je ne l'avais pas protégée, je l'avais négligée et j'avais perdu mon temps.

Rose était décédée ce jour là, parce qu'elle avait traversé sans voir la voiture qui arrivait sur une route départementale. La voiture, en excès de vitesse, n'a pas réussi à freiner et l'a percuté si violemment que la jeune fille avait déjà perdu la vie à l'arrivée des secours. Elle avait fêté ses dix-huit ans il y a moins d'un mois.

Je regrettais tout ce que je n'avais pas fait. Tout ce que je n'avais pas dit, et tout ce que je m'étais empêché de penser. Je regrettais de ne pas l'avoir regardé dans les yeux, et de ne pas lui avoir avoué à quel point je la trouvais belle dans ses pulls trop grands et ses jupes roses. A quel point c'était la plus adorable du monde, du haut de son mètre cinquante minuscule. A quel point je la trouvais adorable, elle, Rose qui s'habillait en rose et sentait la rose. Lui avoir dit qu'elle était la meilleure personne que j'ai pu rencontré, la plus intelligente et la plus accorte, la plus douce et la plus gentille. Je regrettais de ne lui avoir jamais parlé autrement que sur un ton altier et méchant. J'aurais dû lui dire que même le soleil était jaloux de son sourire, parce qu'elle illuminait le monde plus que ce qu'il ne le pourrait jamais. J'aurais dû la prendre dans mes bras et la serrer si fort que tout ce qui était brisé en elle se serait réparé. J'aurais dû lui dire à quel point elle m'avait aidé, à quel point elle avait raison. J'aurais dû la remercier, lui dire que sans elle je n'aurais jamais pu guérir mes blessures. J'aurais dû lui dire qu'elle était un ange et j'aurais dû lui dire à quel point elle me rendait fou. J'aurais dû passer plus de temps à ses côtés, et arrêter de parler de moi. Lui poser des questions, écouter son histoire que je ne pourrais donc jamais connaître.

J'aurais dû accepter de l'aimer, je n'aurais pas dû la rejeter. J'aurais dû la retenir, et j'aurais dû la garder à l'abri de tout, en la serrant dans mes bras si fort qu'elle finirait par ne plus pouvoir respirer.

Et elle aurait dû être la dernière personne que j'aurais consolée pendant des heures contre mon torse. 

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