Chapitre 4

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Lundi 09 novembre. 07:00 AM

Je repoussai mon téléphone qui émettait un son vraiment trop fort, me sortant de la meilleure nuit de ces derniers jours. J'étais enfin parvenu à me reposer pour de vrai, à bénéficier d'un vrai sommeil, profond et réparateur. Et d'un coup, cette chanson qui était ma préférée prit une sonorité très désagréable lorsqu'elle m'arracha d'une séance de cinéma fictive avec ma petite-amie parfaite.

J'espère sincèrement que je ne me lève pas aux aurores pour rien ce matin, parce que lorsque je me suis retrouvé chez elle hier, elle n'a pas ouvert. Etant dimanche, elle ne travaillait sûrement pas, et quand j'ai vérifié, sa voiture n'était plus dans l'allée. En enfilant un pantalon au hasard, j'espérais sincèrement qu'elle serait revenue aujourd'hui.

07:18 AM

Aujourd'hui, le ciel est rempli de nimbus et autres nuages aux teintes grisâtres, empêchant le soleil de briller. Je prends un peu plus mon temps en marchant que les jours précédent. Je ne suis pas particulièrement stressé. Je n'ai pas spécialement hâte. J'ai l'impression de redevenir un peu le même qu'avant, celui que j'étais encore il y a une semaine, quand j'avais la plus belle fille du monde à mon bras et rien dans la tête. Mon attitude détachée, et cette manie qu'haïssent les adultes de tout prendre à la légère.

Alors que j'y réfléchissais, une voix que j'avais déjà entendue prononça un « Bonjour » qui me semblait commun. Mais en relevant les yeux vers cet immense sourire et la cascade infinie de boucles foncées, je ne reconnu pas cette personne. Je l'avais peut-être croisée un jour, mais sincèrement je n'en sais rien. Je ne m'en souviens pas.
En fait, il est plus ou moins fréquent que des inconnus me connaissent. Ils connaissent tous mon nom dans cette minuscule ville, bien que je ne connaisse presque personne. Je ne comprends pas l'attention qu'on me porte ici, pourquoi on cherche tant à me fréquenter. Si je ne créé pas le trouble, je ne joue pas au bon samaritain pour autant. Je suis désintéressé de tout et de tout le monde. J'ai toujours le même visage impassible, je ne décroche pas un mot à qui que se soit quand je n'en suis pas obligé et je ne rends pas les sourires.

Mais les gens m'ont toujours trouvé un intérêt.

07:30 AM

Voilà, j'étais arrivé. Et naïvement, j'étais persuadé que tout se passerait bien pourvu qu'elle m'ouvre sa porte aujourd'hui. Un coup d'œil à droite : oui, sa voiture est là, carrosserie rouge brillant sous le soleil levant. Alors que j'avais la tête tournée, le bruit de sa porte me fit brusquement relever les yeux vers elle.

_ Laura, non. Ne me ferme pas la porte au nez encore une fois. Je reviendrais tous les jours sinon, jusqu'à ce que tu acceptes de m'écouter.

Elle soupira, mais ne ferma pas la porte. J'en conclue qu'elle me laissait continuer.

_ Je ne sais pas ce que j'ai fait de mal, si je t'ai blessé, si je n'ai pas été correct ou si j'ai oublié un truc du genre une date ou je sais pas... Si j'étais pas assez attentionné ou gentil, mais pour n'importe quoi que ce soit, je me rattraperais. Je veux vraiment que tu me pardonnes, demandes-moi ce que tu veux, dis-moi ce que je dois changer et je le f-
_ Arrêtes Ethan, tu n'y es pas du tout. Elle souffla, et marqua une pose avant de poursuivre. C'est juste que j'ai quelqu'un d'autre.

Comme ça, d'un coup. Elle avait pris mon cœur et l'avait laissé tombé dans le vide, sans pincettes. C'était Laura, j'aurais dû m'en douter. Mais je n'avais pas pensé une seconde à cette éventualité. Elle s'apprêtait à refermer la porte mais je la retins.

_ Depuis quand ?

Elle passa sa main dans ses cheveux, évitant mon regard. Elle n'était pas gênée, juste dérangée. Et ça m'énervait, parce qu'elle ne semblait même pas culpabiliser de me briser le cœur.

_ En fait, depuis qu'on a rompu. 'Fin, je le connaissais avant et je l'aimais bien puis j'me suis rendue compte qu'il me plaisait vraiment et tout... Et je savais par sa façon de parler qu'elle n'avait aucune envie de se justifier. Du coup, j'ai rompu avec toi pour pouvoir me mettre avec lui. Un silence s'installa le temps de quelques secondes, et on ne se regardait pas l'un l'autre. Désolée Ethan, t'étais cool, finit-elle en relevant les yeux, avant de fermer sa porte une nouvelle fois.

Et cette fois-ci, le fait qu'elle est prononcée mon prénom ne me procura aucune joie. La seule chose que j'étais capable de retenir, c'était qu'elle m'avait remplacé par un autre, m'abandonnant moi et les morceaux de mon cœur brisé. 

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