Chapitre 6

11 0 0
                                    


Mercredi 11 novembre. 07:18

Aujourd'hui, j'avais prévu d'aller acheter des roses et de les lui poser devant la porte. Ce n'était pas un problème car le fleuriste se trouvait au bout de sa rue, ne me faisant faire qu'un minuscule détour. Je n'avais rien obtenu en réponse de ma carte d'hier, et même si je m'y attendais ça ne m'empêchait pas d'être déçu.

Petit à petit, mon espoir s'estompait, et je ne faisais ces efforts que pour ne pas finir à essayer d'adopter des chats comme les vieilles filles. Je ne voulais pas savoir à quel point j'étais désespéré, alors je me raccrochais à la dernière chose qui me restait : se trouver devant sa maison tous les matins, me battant pour la faire revenir.
De cette manière, j'avais l'impression qu'elle appartenait encore à ma vie.

En marchant après l'arrêt de bus, je croisai la fille sur qui je m'étais défoulé hier. En y repensant, j'avais un peu honte de l'avoir fait. Pour essayer de me rattraper, je lui adressai un petit « bonjour » marmonné dans ma barbe. Et son sourire doubla de volume, chose que je n'aurais jamais cru possible. Cette fille se prend vraiment pour un Bisounours.

Jeudi 12 novembre. 07:19

Même fille. Même sourire. Même bonjour. Mais cette fois-ci je ne lui réponds pas.

Cinq minutes plus tard j'arrive devant chez Laura, et alors que je m'apprête à y déposer mon enveloppe dans la boîte aux lettres, j'aperçois quelque chose briller sur le seuil de sa porte. Une chaînette dorée, avec un minuscule pendentif en forme de cœur. Son bracelet. Sans y réfléchir, je le ramasse et l'enfonce dans ma poche, à l'endroit où ma lettre était il y a encore deux minutes.

Lundi 23 novembre. 07:19

Laura n'ouvre plus sa porte, même quand j'y toque. Elle m'ignore complètement, toutes mes lettres demeurent sans réponse, mes cadeaux sans réaction et mes fleurs sans remerciements. La seule chose qui me pousse à continuer, c'est que le lendemain ils ont disparus, me laissant croire qu'elle en fait quelque chose. Et j'espère sincèrement qu'ils ne finissent pas tous au même endroit, au fond d'un sac poubelle.

La seule chose qui me changea aujourd'hui, c'était la fille qui me disait « Bonjour » tous les matins (depuis la dernière fois, je ne lui avais plus répondu). Aujourd'hui, je ne la croisais pas lorsque nous marchions, elle était assise sur le banc de l'arrêt de bus. J'aurais pu passer devant elle sans rien dire, comme d'habitude, mais elle m'interpella.

_ Où est-ce que tu vas ?
_ Ca te regarde ? Rétorquais-je sur la défensive.

J'aurais pu être plus gentil. Moins exécrable dès le matin. Mais elle avait mis le doigt sur ma seule faiblesse et c'était sorti tout seul.
Elle haussa les épaules, toujours insensible à mes paroles agressives.

_ Pas vraiment. Mais la dernière fois que tu m'as posé une question, j'y ai répondu. Formula-t-elle de ce ton badin qui m'insupportait.
_ Je vais chez ma petite-amie.

Et c'est sur ce mensonge que je la laissai, repartant chez mon ex petite-amie. Le bus arriva à cet instant et elle monta à l'intérieur. 

Street HelloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant