Chapitre 12

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Vendredi 18 décembre. 07:15 AM.

J'étais un peu en avance, mais je devais absolument la voir. J'avais fait l'autruche durant trop de temps, il fallait que j'arrête. Pas qu'elle me manquait, mais quand même, ce n'était pas super gentil de ma part de la laisser du jour au lendemain sans l'avoir prévenue. Et puis, sans l'avoir remercié clairement quoi.

En arrivant à ma hauteur, elle cligna des yeux quelques fois, l'air dubitative. Moi non plus je n'avais pas prévu d'être là aujourd'hui, alors elle ?

_ Je t'ai laissé des mots, dans le banc. Et tu ne les as même pas lus, alors j'en conclus que tu dois aller mieux. Et malgré la tristesse évidente dans ses yeux et dans sa voix, elle me fit un sourire. Ca me rend très heureuse, tu sais ? Je suis contente que t'y sois arrivé. Que... Que tu aies enfin tourné la page quoi.
_ Je crois que j'ai pas dépassé le stade six. Tu voudrais pas m'emmener haut, très haut ? Le plus haut possible ?

Je crois qu'elle se retenait de pleurer, mais j'étais loin d'en être sûr.

_ Je fais comment pour mes cours ?
_ Tu... Inventes un prétexte ?
Proposais-je, ma fierté en prenant un coup. Je n'avais pas prévu qu'elle puisse me refuser.
_ Mais j'ai un dernier examen aujourd'hui, et il est décisi... Ok, viens suis-moi.

Et je souris, niaisement. Elle courut jusque chez elle, dans une minuscule mais jolie maison, à deux minutes à pied même pas. Elle passa son sac de cours par la fenêtre de sa chambre restée ouverte comme si elle l'avait prévu puis tourna la tête vers moi, l'air de dire « Tu es sûr de toi ? ». Comme seule réponse, je me dirige vers le portillon pour sortir, et elle ne tarde pas à me rattraper.

07:48 AM.

On avait marché en silence jusqu'au point le plus haut de la ville, et j'avais gardé les mains dans les poches de ma veste en cuir tout le long. A cette heure là, il n'y avait personne sur la colline ni même à cent mètres à la ronde. Juste Rose et moi, et on venait tout juste de s'asseoir l'un à côté de l'autre, au bord du vide.

_ Tu veux bien me dire pourquoi tu m'as emmenée là maintenant ? Demande-t-elle en relevant la tête vers moi.
_ Je voulais avoir la sensation que tout irait bien. Que ce n'était pas la fin, et que tout finirait forcément bien.
_ Et tu y arrives ?

« Mieux quand tu es à côté. » C'était la prochaine chose qui m'était venue en tête. Mais je gardai le silence, avant de trouver à répondre :

_ Ca me donne juste le vertige.
_ Tu sais... Je sentis sa main se poser sur la mienne. Si ce que tu vis te sembles difficile, il faut que tu fasses en sorte de te rendre tout ça facile. Le secret, c'est d'arriver à voir le bonheur là où se trouvent tes pires malheurs.

Je ne répondis rien, regardant la ville sous mes pieds. La main de Rose sur la mienne, que j'essayais d'ignorer pour ne pas défaillir.

J'aurais dû la remercier à ce moment là. Lui dire qu'elle était incroyable, que je l'aimais bien. Mais j'en étais incapable.

_ Ils disaient quoi les mots que tu me laissais ?

Elle s'arrêta de tripoter son porte-clefs en forme de nounours. Si mon vade-mecum à moi c'était ma veste en cuir, le sien était sûrement ce bidule ridicule toujours accroché à l'un de ses vêtements. Elle croisa mon regard le temps d'une demi-seconde mais ne me répondit pas, elle non plus.

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