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Septembre 2005

AZHAR

Je lève les yeux et croise son regard. Des regrets et des regrets mais aucun changement. Mes pas me guident jusqu'à elle, elle tente de dire quelque chose mais rien ne sort.

Je l'aide à mettre sa veste, elle me scrute pour discerner n'importe quoi mais je contrôle tellement bien mes émotions que je suis incernable. J'ai l'air impassible.

Je vais pour l'aider à se mettre debout mais ses mains s'emparent de mon visage. Elle est triste. Je le vois dans ses yeux.

Mamma - mi spiace (J'suis désolée)

Je ne réagit pas. Je la regarde avec une douleur à l'abdomen mais je le montre pas. Je le dissimule parce que je veux pas qu'elle le voit, ni qu'elle le ressente.

Mamma - dice qualcosa per favore (dit quelque chose s'te plaît)

Sa voix se brise. Je serre les dents en resserrant ma prise sur ses hanches. Elle glisse ses mains derrière mon dos et se presse contre moi. Je ferme les yeux en sentant son odeur m'envahir. Mia Mamma...

Je l'entends pleurer dans mes bras. C'est encore plus insoutenable que de la voir sur un lit d'hôpital.

- no, non piangere Mamma.. (non, ne pleure pas Maman)

Ne me fout pas plus en l'air s'te plaît..

Je lui caresse la tête pour la calmer.

Mamma - mi... Mi ami ? (Tu m'aimes ?)

Elle est tremblante dans mes bras. Je la serre plus fort et pose un baiser sur le haut de sa tête.

- ma certo che ti amo Mamma (bien sûr que je t'aime Mamma)

Elle pleure de plus belle en s'agrippant à mon sweat. Je me crispe en sentant une présence derrière moi. J'écarte doucement ma mère et me tourne pour voir F (Ça se prononce Efe - c'est la lettre F en espagnol). Il est à l'entrée de la chambre, les mains fourrées dans les poches de son bas de costume. Il me fait signe qu'il faut y aller.

Je pose mon regard sur ma mère qui essuie ses larmes.

- on rentre à la maison

Elle acquiesce et s'accroche à mon bras. Je prends sa petite cabas puis on sort de la chambre d'hôpital. F marchait à quelques mètres devant nous. Il a saluer brièvement ma mère d'un hochement de tête.

On signe les papiers de sortie puis on quitte l'hôpital. La Porsche d'F est stationnée juste devant. Je fais monter ma mère à l'arrière, je mets sa cabas dans le coffre puis je viens m'asseoir devant avec F. Il démarre dans le silence.

J'observe sagement le paysage qui s'offre à moi. J'entends la respiration rapide de ma mère. Je me retiens de faire arrêter F pour aller la serrer dans mes bras en lui murmurant que ça va aller mais j'ai pas de couilles. J'suis le premier partant pour un braquo mais devant ma mère j'suis une mouille.

Elle a besoin de réconfort et d'amour mais je peux rien lui donner. À part des billets. Elle s'en servira sûrement pour éponger ses larmes causé sans doute par le manque d'amour et la solitude.

Femme De VoyouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant