Femme De Voyou

30.

NEYLA

Azhar - Raed s'est fait arrêter, gros t'es vengé

Un poids, qui rendait mon cœur lourd, disparaît momentanément.

Je lâche un sanglot en sentant le soulagement s'emparer de moi.

Le bras d'Azhar s'enroule autour de mes épaules et il m'attire contre son torse. Son touché m'immobilise, sa présence me réconforte, sa respiration me calme.

Je hume son odeur qui me remplit les poumons. J'ai oubliée ce que ça faisait que de respirer..

Dans ses bras, je pense même plus au malheur qui m'a frappée, ni à la solitude qui me collait à la peau. J'ai la sensation de revivre depuis ces trois derniers jours.

Comment il peut pas voir que j'ai trop besoin de lui ?

Il me transmet sa force. Mais c'est son mental d'acier qu'il me faut. Il est tellement fort, il a tellement vécu. J'enroule mon bras autour de son torse en regardant l'horizon.

Je ne veux pas rentrer, je ne veux pas affronter Rayane et Hani, je ne veux pas non plus voir ma mère bouffée par son chagrin.

J'ai besoin de respirer, de changer d'air. J'ai besoin d'Azhar, j'ai besoin d'un nouvel horizon.

- je veux partir

Je relève la tête pour le regarder dans les yeux. J'aime le regard qu'il me porte. Il me donne la sensation d'être spéciale, d'être son exception.

- je veux partir loin..

Il apporte sa main libre sur mon visage, essuyant les larmes qui perlent sur mes joues.

Azhar - va bene tesoro (Ok ma chérie)

Je ferme les yeux quand il presse délicatement ses lèvres sur mon front. Je sens le vent soulever quelques mèches de mes cheveux, Azhar me fait barrage du rayon de soleil. L'air est pure.

Il finit par se détacher et me regarde dans les yeux. J'me sens belle, il m'fait me sentir belle. Intimidée, j'fonce me cacher dans son torse. Son bras se reserre autour de moi.

Azhar - où tu veux aller ?

- où tu veux. Mais loin d'ici s'il te plaît

Azhar - ok, alors on y va

On se relève, sa main chaude enveloppe la mienne. Le vent fait voler sa veste de costume dans l'air, tout comme il fait voler mes cheveux.

J'inspire l'air qui emplit mes poumons et je baisse les yeux sur la tombe de Wassim. Il n'est plus qu'un souvenir, une douleur positive. Il sera à jamais gravé dans mon cœur, mon petit frère.

J'ose pas lui tourner le dos pour partir, alors je passe à côté de sa tombe en tirant sur la main d'Azhar dans la mienne. On avance, contournant les tombes. Plus je m'éloigne, plus mon cœur s'allège. Et je me rassure en me disant qu'il est mieux où il est. Plus personne ne peut l'atteindre de là où il est.

On arrive devant ma voiture, Azhar me tend sa main. Je pose mes clés dans sa paume et il l'a referme. Je le laisse faire le tour et ouvre la portière pour m'installer sur le siège passager. Je vois Azhar cligner des yeux plusieurs fois. Il pose soudainement sa main contre la fenêtre en baissant la tête. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je sors précipitamment et cours vers lui. Il appuie son dos contre la portière en secouant la tête, comme pour reprendre ses esprits.