- Apportez le manuscrit B6139 dans le bureau du 12ème étage ! Beugle une voix à l'autre bout du combiné.
- Euh...mais... je....
Le temps que j'arrive à faire une phrase cohérente il n'y a plus personne au bout du fil.J'ai une furieuse envie de prendre mes jambes à mon cou, mais je n'ai pas le choix, j'ai décroché j'assume. Bon alors il est où ce manuscrit? Je me dirige vers l'armoire bleue et attrape le carton des B. Après quelques secondes je mets la main sur le fameux document. Je me précipite vers l'ascenseur et, coup de chance, il est déjà en bas. J'appuie frénétiquement sur le bouton du douzième jusqu'à ce que les portes se referment. Pendant que l'appareil entame sa longue ascension j'en profite pour jeter un rapide coup d'œil au miroir en pied. Un crayon légèrement mâchonné retient miraculeusement mes cheveux auburn en un chignon approximatif dont s'échappe quelques mèches, ma robe pull grise dévoile l'une de mes épaules et.... Oh non! C'EST PAS VRAI! Mes chaussures! J'ai laissé mes chaussures en bas!
Diiing! "Les portes sont ouvertes". Récite une voix mécanique qui me fait sursauter.
Let's go. J'essaie de remonter ma robe pour cacher mon épaule, tout en me dirigeant vers le seul bureau encore allumé et d'où s'élève une voix menaçante.
- Non mais c'est pas vrai! Vous n'êtes qu'une bande d'incapables. À quoi ça sert que je vous paie si vous n'êtes même pas foutu de...
L'homme qui hurle s'interrompt en me voyant.
- Quoi ? Qui êtes-vous? Que faites-vous là? Me demande -t-il visiblement excédé.
Je suis tétanisée. Je n'ai jamais vu un homme aussi grand, massif, et en colère. J'ai l'impression d'être une petite souris et qu'il va me dévorer. Ses yeux noirs lancent des éclairs et pourtant, derrière cette fureur, j'ai l'impression de voir autre chose.
- Alors? Insiste-t-il agacé.
Je prends conscience que c'est à moi qu'il s'adresse et qu'il y a également trois autres hommes dans la pièce. Un vieux maigrichon qui doit avoir l'âge de mon grand père, un petit trapu et un autre tapi dans l'ombre. L'homme en colère me détaille de la tête au pied tandis que je m'avance avec le manuscrit et le dépose sur son bureau.
- Comment voulez-vous qu'on s'en sorte quand même les subalternes sont des va -nu-pieds. Raille -t-il avec un sourire mauvais.
Je pique un fard, tandis que les autres s'attardent sur mes pieds nus avant de détourner le regard. J'hésite entre lui mettre une gifle ou partir en pleurant. Au moment où j'esquisse un pas en arrière, le manuscrit effectue un vol plané avant d'atterrir à mes pieds.
- J'ai rendez-vous dans moins d'une heure avec un de nos plus gros investisseurs et j'apprends que son fils nous a envoyé un manuscrit que personne n'a lu. Commence Monsieur Beast.
- Mais Monsieur Beast, nous ne savions pas que.... Commence le papi.
Il aurait mieux fait de se taire celui-là !
- C'est votre boulot de savoir Maurice! Hurle-t-il. Je dois tout savoir de nos éventuels investisseurs, à fortiori lorsque le fils de l'un d'entre eux nous envoie un manuscrit. Comment voulez-vous que je sois crédible quand personne n'est foutu de me dire comment s'appelle le personnage principal de ce maudit bouquin.
- John. Dis-je dans un murmure.
- Quoi ? Il lève les yeux vers moi et pose ses mains sur le bureau. Qu'est ce qu'elle vient de dire?Et merde ! Pourquoi j'ai ouvert ma bouche. C'est plus fort que moi, quand je vois quelqu'un se faire rabaisser faut que j'intervienne. Et là, mon papi maigrichon, il était à deux doigts de faire une attaque. De toutes façons je n'ai rien à perdre et en plus je suis même pas payée pour mon stage. Je me redresse, le fixe droit dans les yeux tout en avançant:
- La va-nu-pied dit que le personnage principal s'appelle John, qu'il tombe amoureux d'une esthéticienne prénommée Cathy et que son animal de compagnie est un lézard répondant au nom de Marcel. (Je me retiens de rajouter "Na" en tirant la langue).
Tout en parlant je ne quitte pas des yeux l'infâme Monsieur Beast. Dans la pièce, le temps semble s'être arrêté, personne n'ose parler ni même respirer. Monsieur Beast ne dit rien, ce qui, entre nous, est encore plus flippant que quand il crie.
D'un geste de la main il fait signe à l'homme de l'ombre, sûrement son garde du corps (ou son tueur perso) d'approcher. Il lui glisse quelques mots à l'oreille tout en me désignant vaguement de la main.
Il va me faire assassiner c'est ça!!!! J'essaie de ne pas paniquer tandis que l'homme s'avance vers moi. Je jette un regard désespéré à mon papi maigrichon qui détourne la tête. Vive la solidarité!!!! Je sens qu'on m'attrape délicatement le bras et qu'on me guide vers la sortie.
- On y va mademoiselle. Me dit une voix douce.
Il essaie de m'amadouer et dès que je serais en confiance il va m'étrangler et jeter mon corps dans un chantier en construction. Je me retourne et croise durant une seconde le regard de Monsieur Beast. Un regard sombre qui me transperce et qui semble lire en moi comme dans un livre ouvert.
- Mais on va où ? Demandé-je en chuchotant tout en tentant de masquer la panique qui commence à me gagner.
- On va commencer par aller récupérer vos chaussures. Énonce calmement mon futur meurtrier tout en appuyant sur le bouton de l'ascenseur.
Evidemment, il ne faut pas laisser de traces.
- J'espère que vous n'avez rien de prévu pour ce soir, Monsieur Beast vous emmène dîner. Dit-il en me faisant un grand sourire et en me laissant entre dans l'ascenseur.
Quoiiiiiii????
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D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)
ChickLitIl aura suffit qu'une vieille dame me donne un coup de baguette (mais une vraie baguette, avec la mie, la croûte et les quignons) pour que ma vie parte en vrille. Entre mon patron exaspérant, mais au combien sexy, son garde du corps super flippant...