Monsieur Beast a l'air contrarié (Ah ben oui on ne peut pas être le premier partout et tout le temps). L'arrivée du serveur me rappelle que je suis ici pour raison professionnelle. Mine de rien c'est ma future carrière qui est en jeu, si je me plante je pourrai dire adieu à une éventuelle lettre de recommandation à la fin de mon stage. Je viens déjà de rencontrer le directeur des éditions Falco, qui sait à qui je vais être présentée maintenant. Avant de suivre le serveur, Monsieur Beast s'arrête et me jette un regard inquiet (Oh mon Dieu, ai-je l'air bourrée ?). Je comprends qu'il cherche juste à s'assurer que je suis prête et que je saurais me tenir.
Ce rendez-vous à l'air vraiment important pour lui. Je le regarde par-dessus mes lunettes, plonge mes yeux verts dans les siens et lui adresse un sourire rassurant qui signifie « promis je ne me mettrais pas à danser nue sur le bar ». Le message a dû passer car il lève les yeux au ciel, visiblement exaspéré et se met en route.
Notre table se trouve au fond de la salle, nous obligeant à traverser tout le restaurant. Lorsque nous passons près d'elles, les femmes attablées ne peuvent s'empêcher de dévisager mon patron. Cette fois c'est moi qui lève les yeux au ciel d'exaspération. Mais qu'est-ce qu'elles ont toutes ? J'ai envie de leur crier que c'est mufle sans aucune conversation mais je ne suis pas sure que leurs petits cerveaux atrophiés percutent. Après avoir traversé l'ouragan des hormones en furie, nous parvenons enfin à destination.
A notre arrivée, deux hommes se lèvent. J'identifie immédiatement le premier, Monsieur Robert Brighton, directeur d'une prestigieuse chaîne d'hôtels cinq étoiles, pour l'avoir vu sur de nombreux magazines. Il est encore plus impressionnant en vrai. Ses cheveux blancs tombent sur ses épaules telle une crinière, sa barbe taillée près du visage et ses sourcils très fournis cachés derrière une paire de lunettes à monture dorée lui donnent l'air d'un lion. Il dégage une aura d'autorité et de supériorité comparable à celle de mon patron. Lorsque ce dernier lui tend la main, Monsieur Brighton esquisse un sourire sournois qui laisse entrevoir des dents parfaitement alignées et d'un blanc éclatant. Il porte également le fameux costume mais, pour se démarquer, il a opté pour une cravate écarlate. Instinctivement je sens que cet homme est dangereux, vraiment dangereux. Je n'ai qu'une envie partir d'ici. Sans m'en rendre compte je fais un pas en arrière, ce qui me vaut d'attirer les regards de nos invités.
Monsieur Brighton fronce les sourcils, visiblement ma présence n'était pas prévue et j'ai l'impression que cela le contrarie. Beast me présente, en tant qu'assistante de publication (ouf!) et je serre la main de cet homme si puissant.
- Monsieur Beast, Mademoiselle Strange, puis-je vous présenter mon fils, Gaston Brighton, futur directeur de mon(il insiste sur ce mot) nouvel hôtel qui ouvrira ses portes le mois prochain. Annonce fièrement Monsieur Brighton en posant la main sur l'épaule du jeune homme qui l'accompagne
Big B, Gaston ? Mais c'est quoi ces noms !!!!!
Gaston (Non franchement ce n'est pas possible là !) s'avance fièrement vers Beast qui, à défaut de tenter de lui briser les doigts, lui offre tout de même son regard « Tu ne m'intéresses absolument pas, retourne jouer aux billes » tout en lui serrant la main. Le jeune homme ne semble pas s'en émouvoir et se tourne vers moi avec un sourire digne d'une star hollywoodienne.
- Mademoiselle Strange, je suis ravie de faire votre connaissance.
Il me prend la main et nos yeux se rencontrent. Il a les mêmes yeux marron que son père mais, l'espace d'un instant, il me semble qu'ils virent au rouge sang. J'essaie de me convaincre qu'il s'agit d'un effet d'optique et me sermonne intérieurement. « Allez ma fille, dis quelque chose ». Je ferme les yeux une demie seconde et lance, enthousiaste:
- Voici donc le fameux GasBright, auteur du livre « Le dernier espoir »
Ma phrase a son petit effet, Brighton père a l'air intrigué, Monsieur Beast satisfait et Brighton fils (J'ai vraiment du mal à me faire à l'idée qu'il s'appelle Gaston) se redresse en bombant le torse. Mais c'est qu'il est tout fier ! Pathétique.
C'est parti mon rôle de baby sitter commence. Cependant, je dois reconnaître que côté physique, j'aurais pu tomber plus mal. Gaston est un homme d'environ vingt-deux ou vingt-trois ans au physique plus qu'avantageux. Ses épaules larges et ses bras musclés témoignent de son habitude de se rendre régulièrement à la salle de sport, ses cheveux noirs de jais sont plaqués en arrière et maintenus par un élastique et, à la différence de son père, il ne porte pas un costume mais un polo rougevif avec un col en V ainsi qu'un jean, plutôt moulant, noir. Il représente à lui tout seul le stéréotype de l'homme canon, qui le sait et qui en joue.
- Alors comme ça vous avez lu mon livre ? Demande-t-il tandis que nous prenons place autour de la table.
- Bien sûr !! Il est classé CCLP !!! Dis-je sur un ton très professionnel.
Pitié, faites qu'il ne me demande pas ce que ça veut dire !
Heureusement Gaston se contente de ça et il est aussi heureux que si je lui avais annoncé qu'il avait gagné le prix Goncourt. Il adresse un regard à son père, qui semble traduire l'idée suivante « Ah tu vois que j'ai du talent ». Brighton père l'ignore superbement (il a dû suivre les mêmes cours de savoir-vivre que Monsieur Beast).
Gaston semble y être habitué et m'offre en retour son sourire Colgate, celui qui doit lui permettre d'emmener plus d'une fille dans ses luxueuses chambres d'hôtel. Tandis que je fais la conversation à Gaston, durant laquelle j'apprends que tous les matins il gobe une douzaine d'œufs pour entretenir son corps d'athlète, les grandes personnes discutent affaires à mi-voix. J'ai beau essayer d'écouter discrètement ce qu'ils se disent, la musique et les bavardages incessants du playboy assis en face de moi m'en empêchent. Je suis donc condamnée à écouter les « Moi je, Moi je, Moi je » d'un futur directeur d'hôtel qui profite de chaque occasion pour se regarder dans le miroir accroché au mur derrière moi pensant que je ne le vois pas faire. Je me résigne, hoche la tête quand il le faut et souris à ce qu'il pense être drôle. De temps en temps il me demande mon avis sur tel ou tel sujet, et il a même réussi à me demander ce que je faisais sans ramener la conversation à lui.
Je profite d'un moment de répit, Gaston est en train d'envoyer un message, sur un portable dont l'écran et plus grand que celui de ma tablette, pour observer Monsieur Beast et Brighton père. Ils ont l'air tous deux extrêmement concentré. Ils ne se parlent que très peu et pourtant j'ai l'impression que l'avenir du monde est en train de se jouer. Pas facile de savoir qui des deux va remporter la partie. En tant que stagiaire fidèle, et même si je ne le reconnaîtrais jamais devant lui, je soutiens Monsieur Beast.
Le serveur nous amène les desserts, et Gaston profite de ce que Beast et son père aient cessé de parler pour s'exclamer :
- Père, une idée m'est venue concernant la gestion de l'hôtel !
Attention le playboy tente d'attirer l'attention sur lui.
Les deux hommes le regardent, attendant manifestement la suite. Satisfait de lui Gaston enchaîne :
- Nous avons besoin d'une personne aux ressources humaines. Une personne capable de repérer de futurs salariés aux compétences exemplaires pour l'image de marque de l'entreprise.
Beast porte son verre de vin à ses lèvres tandis que Brighton senior hausse un sourcil, signe d'un grand intérêt. De mon côté je plonge ma cuillère dans la fabuleuse île flottante qu'on vient de déposer devant moi. Le caramel coule le long des blancs en neige et se mélange à la crème anglaise qui dégage une bonne odeur de vanille. Je vais pouvoir déguster mon dessert en toute tranquillité pendant que les hommes discutent. Je n'ai pas encore porté la cuillère à ma bouche que j'entends :
- J'ai pensé que nous pourrions demander à Mademoiselle Strange de passer un entretien pour ce poste, si elle est intéressée bien sûr.
Pour la dégustation tranquille c'est loupé...
Petit mot de l'auteur : Salut mes fidèles lectrices ! Aujourd'hui présentation d'un nouveau personnage : Gaston ! Je voulais aussi vous dire que le prochain chapitre n'arrivera pas avant jeudi ou vendredi, désolée mais j'ai du boulot cette semaine ! Pour me faire pardonner, il y aura un rapprochement entre deux perso, je vous laisse deviner lesquels (et si vous ne trouvez pas, rappelez-vous le titre du livre...) En attendant, laissez-moi vos commentaires, vos votes et n'hésitez pas à recommander ce fabuleux roman, futur chef d'œuvre de la littérature française ! Rohhh ça va j'ai le droit de faire de l'humour !! Bisouxxxx les filles (et les garçons s'il y en a) ! ;-)
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D'un Coup De Baguette Tout Part En Vrille! (SOUS CONTRAT D'EDITION)
ChickLitIl aura suffit qu'une vieille dame me donne un coup de baguette (mais une vraie baguette, avec la mie, la croûte et les quignons) pour que ma vie parte en vrille. Entre mon patron exaspérant, mais au combien sexy, son garde du corps super flippant...